Vendredi 30 mars 2012 à 13:07

Oesophage-boogie-cardiac-blues, songer un instant à s'enfuir et essayer de réfléchir à un moyen de calmer l'angoisse. Se rappeler soudainement, merde, j'ai complètement oublié la litanie Bene Gesserit contre la peur. Passer les deux heures et demi de linguistique à chercher dans sa mémoire et à en rassembler les bouts.

Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon oeil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien.
Rien que moi.

Mardi 27 mars 2012 à 23:21

 "Now you know
That it's not going to stop
'till you wise up"

Samedi 24 mars 2012 à 17:10

J'écris, j'efface tout, je recommence. Je ferme la page, je change de plateforme, je recommence autre chose, je m'arrête toutes les trente secondes, j'hésite, je relis, je rajoute une phrase, j'hésite, je relis, je ne trouve plus la suite, j'efface d'un coup sec.
Je n'ai plus de consistance.
Je veux être uniquement celle que je suis dans leurs yeux.
"En fait t'as les yeux vraiment bleus, c'en est presque agressif."
J'ai toujours balancé entre torture discrète et extase pour n'importe quoi, sourire radieux et amertume tout au fond. 
J'hésite, je relis, je réfléchis. Je bouillonne devant mon impuissance à communiquer ce que je ressens. L'irrespect, l'irrespect total que j'arrache de mon corps non sans haine, non sans peine. L'indifférence qui pointe le bout de son nez et les prémices de l'insurmontable, les mois prochains tellement prévisibles que j'en ai déjà mal au ventre. 
Et me mettre à détester le téléphone, parce que je préfère répondre par des gestes que par des mots, et parce que si quelqu'un m'appelle sans prévenir, c'est comme si on venait sonner chez moi alors que je suis en pleine activité ininterruptible.
Sentir pour la première fois que les mots ne peuvent plus calmer l'implosion.

Vendredi 23 mars 2012 à 16:01

 Je viens d'écrire mon premier article ailleurs, et je regrette déjà. L'idée m'est venue d'un coup, quand Martin est sorti du train. Je me disais que j'avais envie qu'il devienne mon meilleur ami, et je me suis rendue compte qu'à proprement parler, il l'était déjà. Associée à d'autres événements récents, cette pensée m'a fait prendre conscience d'une page se tournant dans ma vie. Et je me suis dit aussitôt qu'il fallait que j'écrive quelque chose de nouveau. Que je me débarrasse de mes questions concernant mes lecteurs et ma vie privée, et que j'aille m'installer ailleurs. J'avais déjà le titre, alors ce matin, j'ai déménagé. 
Mais dans ce genre de déménagement, on n'emporte pas ses bagages. On repart à zéro, en laissant derrière soi 1307 articles recensant six années de souvenirs. Deux heures après, je sais déjà que je ne peux pas me résoudre à faire ça. Le nouveau blog doit-il être une continuité de celui-ci ou un parallèle ? Quel lectorat vais-je sélectionner ? Les questions s'imbriquant les unes dans les autres, je suis toujours aussi coincée qu'avant. En vérité, mes tempêtes intérieures ne peuvent être exposées nulle part. Je reste avec mes cahiers que personne ne lira jamais. Alors la question de ce que je pourrais bien écrire n'est toujours pas résolue, sur une plateforme ou sur une autre. L'idée de tenir deux blogs à la fois me semble bien saugrenue et ne ferait que compliquer mon dilemme.  
Mon coeur balance. Le vert sur noir me fait mal aux yeux, mais il est hors de question de changer quoi que ce soit à Citron-ciboulette. Je ne sais pas ; honnêtement je ne sais pas. J'ai voulu recréer pour continuer d'écrire, et voilà que ça me travaille. Je ne suis pas prête. Je me cherche. Je ne suis toujours pas libre. Il y a quelques articles, j'ai écrit que j'étais de moins en moins stressée. Foutaises. Je suis la fille la plus stressée du monde. Je me perds un peu dans tout. Je somatise et j'analyse le moindre de mes comportements. Je fais des constats et mes cours viennent mettre des mots savants dessus. Quand je ne suis pas satisfaite en amour, je me reporte sur mes amis, surtout lorsqu'il s'agit d'amitiés en formation et en perpétuel essor. J'ai besoin d'aimer, c'est ce qui me fait vivre. C'est ce qui me fait me lever le matin. Alors je place mon amour dans ma bande d'amis, et mon humeur dépend fortement de leur temps de présence. Le cours de psychanalyse d'hier m'a fait trouver le terme exact : j'investis ma libido dans mes amis (au sens originel du terme ; ce qui ne signifie pas que j'ai du désir sexuel pour eux/elles). Et à vrai dire, ça ne m'arrange pas vraiment. Ou en tout cas, ce qui ne m'arrange pas, c'est que tout bonheur est lié à une dépendance. 
Au fait, j'ai 20 ans. J'ai 20 ans et peur de la perte du bonheur. J'ai 20 ans et j'en ai marre de ne pas savoir me contenter des choses simples et accessibles. J'ai 20 ans, l'hystérie sous-jacente et je me dis que finalement, la crise de la vingtaine c'est peut-être pas des conneries.

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