Lundi 28 février, trois heures de sommeil agité derrière les paupières, le vide au corps, je suis arrivée à la fac avec la bouche ouverte. Chaque fois que je voyais la bande de garçons encore moins nombreux qu'avant, j'avais les sourcils à l'envers. J'évitais de regarder les gens, et s'il le fallait j'arrivais à me composer un sourire momentané. Puis Ségo est arrivée, elle m'a offert un beau cadeau d'anniversaire et voulait que je sois heureuse pour MA journée. Elle voulait savoir quand est-ce qu'on ferait la fête : "J'ai ramené cent ballons...". Elle m'a fait rire, et je n'aime pas utiliser cet adjectif mais elle était vraiment adorable. Je parlais et me tenais comme si j'étais bourrée, et d'ailleurs je songeais fortement à acheter une bouteille de rhum. J'avais peur que l'alcool n'exacerbe ma mauvaise humeur et ne me fasse chialer devant mes copines, mais je redoutais encore plus de passer la soirée seule chez moi avec mes idées noires, j'avais envie de les voir et de les laisser arranger mon anniversaire. "Alors, on vient tonight ?" "Because the night..." "Belongs to the baloons !". Après la grammaire - soupir - je suis donc allée acheter de quoi faire des fajitas et du rhum-orange.
Quand j'ai ouvert la porte à Ségolène et Soledad dans un concert de truc-qui-fait-tuuut, elles portaient des chapeaux pointus en carton. Elles sont entrées et ont commencé à gonfler les ballons, et je riais. Leur bonne humeur m'a contaminée, et le rhum aidant, nous avons agrandi notre collection de photos magnifiques/débauchées. Donc là j'ai envie de vous dire, je les aime vraiment, ces filles.

Hier encore j'étais dans un état incertain, et quand les mecs m'ont interpellée par un "Il est pas là." en parlant du prof, j'ai eu un instant d'hésitation sur la personne en question. Finalement le prof était là, et le plus cool des mecs restant s'est assis à côté de moi. Quand j'ai donné la traduction de corpse en anglais, il m'a demandé avec un air amusé : "Comment tu sais ça ? C'est un peu glauque !", j'ai répondu : "On dirait pas comme ça, hein ?". C'est reparti, j'ai de nouveau l'air de ce que je ne suis pas. Mais sinon, ça va mieux. Monsieur le déserteur a des plans de vie qui m'auraient déçue de toutes façons s'il était resté. C'est en regardant Les amours imaginaires hier soir que j'ai compris ; il y avait cette phrase : "On tombe amoureux du concept, pas de l'autre.". Pour moi, ça ne s'applique pas au pied de la lettre ; les deux-trois fois où j'ai été amoureuse, c'était d'une personne, pas d'un concept. Mais quand il ne s'agit que d'attirance, en fait, je suis certaine qu'en vérité c'est le concept qui attire. J'avais déjà compris ça lors d'événements moins récents, mais là par exemple, mon dernier article le prouve complètement. J'avais fantasmé une vie à Besançon, alors si ce n'est plus possible à Besançon, le fantasme perd une grande partie de son attrait. Finalement, ce n'est encore qu'un Signifié qui ne peut pas avoir de Signifiant.

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