Lundi 28 février 2011 à 12:59

J'y croyais, quand même. J'y croyais complètement. J'étais tellement contente d'être sortie du cercle vicieux. Pour une fois que quelqu'un que je connaissais à peine m'attirait, c'était si bon de se laisser aller au plaisir de la découverte. Pour une fois que j'étais obsédée par un mec bien, un mec bien et masculin à la fois. Et avec quand même un côté ténébreux, sans être tordu. Pour une fois que tout restait à faire et qu'il n'y avait pas déjà des antécédents encombrants. Pour une fois que c'était quelqu'un de disponible. Je me suis fait des films. Il n'y a aucun moyen de lutter contre la plus grande industrie cinématographique au monde : notre cerveau. Et cette fois-là, justement, mes films ressemblaient à la vie.
Avant, je me fichais bien d'avoir une relation amoureuse, les couples ne me faisaient absolument pas envie et j'étais très contente de ma vie de célibataire. Je n'éprouvais plus le moindre désir. Et puis il m'a adressé la parole et m'a collé un sourire béat sur la gueule, qui étrangement ne partait pas. Il s'est infiltré dans mon subconscient puis m'a éclaté à la conscience, et la pellicule s'est mise à tourner. Pour une fois, enfin, ça aurait été simple et sain. On aurait pu se voir quand bon nous aurait semblé puisque nous habitions la même ville, chacun dans un appartement pas très loin de l'autre.
On aurait passé nos soirées ensemble tout en profitant de nos amis en journée. On aurait pu dormir ensemble les nuits de semaine, et loupé parfois la première heure de cours parce qu'on aurait fait l'amour au réveil. L'amour étudiant, voilà qui me faisait soudain rêver. Avec lui. Le chemin était très long avant d'y parvenir, mais j'avais tout mon temps, et je progressais pas à pas vers une bonne entente. Rien ne pouvait arriver. J'avais tort. Il s'en va aujourd'hui dans la plus grande discrétion, et quand je l'ai regardé de dos s'éloigner avec son frère, quand j'ai grimacé parce que c'était la dernière fois que je le voyais avant dix jours à cause des vacances, je n'aurais jamais imaginé que c'était la dernière fois que je le voyais de ma vie.

Pourquoi je vous livre ces mots, je ne sais pas.

Lundi 28 février 2011 à 0:11

Je les ai dans l'os, mes quarante-cinq dernières minutes. J'ai osé engager la conversation, ce qui m'a évité de vivre une grosse déception le jour même de mon anniversaire.

A. ne viendra pas.
A. ne viendra plus.
Je ne le reverrais plus jamais.

Dimanche 27 février 2011 à 23:19

Quand j'ai ouvert la porte à Luc, j'ai pensé : "Il est beau, mon frère ! Euh, mon oncle.". La fête de famille a été réussie, même si elle a eu lieu avant l'heure. Je ferais mieux d'aller me coucher, demain réveil à 6:30 et je tiens à ressembler à quelque chose. Mais je suis en train de vivre ma dernière heure de majorité, alors j'en profite : c'est la dernière fois de ma vie que j'ai 18 ans. Ca se savoure, quand même. J'écoute Language. Sex. Violence. Other ? et je laisse monter la tension.

Samedi 26 février 2011 à 17:22

Cela fait deux heures que j'ai le bout de l'annulaire engourdi à cause de la guitare en plastique. Ce matin j'ai fait les courses de réapprovisionnement, et ma mère voulait acheter des bougies pour mon anniversaire. Je n'aime pas trop le fêter en avance, mais à un jour près, ça ne sera pas trop grave.
<< Les cierges magiques c'est sympa, ça fait plein d'étincelles.
- Oui bah on en a pas besoin maintenant, à la limite pour mes vingt ans... EH, MAIS C'EST DANS UN AN ! Putain.
- Ouais, comme tu dis ! >>


Samedi 26 février 2011 à 1:14

Je suis rentrée de Lyon. J'ai foiré le concours. Heureusement que l'aventure n'est pas finie pour Besançon. Et surtout, heureusement qu'il y avait Claire et ses colocataires accueillants pour que ce voyage ne soit pas uniquement professionnel. Le concours s'est mal passé pour la raison suivante : toute note inférieure à la moyenne est éliminatoire. Manque de temps (mauvaise gestion du ?), je n'ai pas pu faire la moitié du dernier QCM, j'ai donc su, au bout d'une heure cinq minutes d'épreuves, que j'étais éliminée d'office. Je n'ai pas eu le temps non plus de terminer le résumé de texte, mais j'ai réussi l'orthographe et l'épreuve rédactionnelle d'invention. Enfin, réussi. Je veux dire que j'ai pu aller jusqu'au bout. Pour inventer un texte répondant à certains critères en trente minutes, je n'ai pas de problèmes : j'ai rempli mes quatorze lignes avec du vide. On ne sait pas ce qui se passe, et d'ailleurs, en terme d'action, il ne se passe strictement rien ; mais il y a des mots. Je fais de la phrase. Je suis sortie de là complètement vidée, physiquement éreintée. Je suis rentrée à l'appartement de Claire et ses amis avec les clés d'Arthur, Elsa était là avec une copine et m'a invitée à prendre un thé.
Tant pis pour le concours, avoir passé quarante-huit heures chez eux m'a ravie. L'appartement magnifique, les posters et les post-it partout, un air d'ambiance festive permanente, la table de la cuisine toujours encombrée, la fumée de la cigarette au petit déjeuner, les chats remuants, les colocataires qui chantonnent ou qui s'insultent joyeusement... c'était vraiment la grande classe.
Et puis la ville. Je n'en ai pas vu grand chose, mais je m'y suis sentie minuscule. La gare était tout bonnement impressionnante, le centre commercial d'à côté je ne vous en parle même pas... Moi qui vis pourtant dans l'une des capitales régionales de notre cher pays, je n'en revenais pas. A côté de Besançon, Lyon c'était presque New York.

http://img830.imageshack.us/img830/1246/img4013h.jpg

Bon petit déj', Claire !

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