Vendredi 13 avril 2012 à 13:35
Voilà, ça y est, j'ai à nouveau une réputation d'obsédée auprès de mon cercle privé. C'est cool, j'aurais tenu sept mois avant que le naturel ne revienne au galop.
Je saute une ligne qui correspondrait à l'oral à un silence accompagné d'un regard affligé. Il faut dire que je ne l'ai pas volé ; "on a la réputation qu'on mérite". Mais en même temps, c'est insupportable de faire semblant d'être prude, ou même seulement timide, ou encore non-concernée par la question. Maintenant qu'on commence à se connaître vraiment bien, je ne cherche pas à leur cacher ma vraie nature (à mon cercle très très privé seulement, bien sûr. Enfin quoi que...). Et puis je parle trop, il faut le dire. Dans un cours de psychanalyse sur les pulsions, c'est foutu, je ne peux pas me la fermer. Il faut toujours que je rattrape la situation avant qu'elle ne dérape et que j'aie l'air de la fille qui a tout vu, tout fait, et qui s'en vante. Alors évidemment, je ne suis pas la seule à raconter des conneries. Il suffit de quelques phrases (par exemple conclure un moment de gloussement général à l'évocation d'acteurs torses nus en assénant la triste vérité que personne n'ose énoncer : on est des "pauvres meufs qui ont pas vu un homme nu depuis mille ans") et d'une rose de Jericho sur le mur pour que les amis se tournent vers moi d'un air taquin dès que le sexe entre un tant soit peu dans nos sujets de conversations.
Bon, je suis en train d'écrire complètement n'importe quoi là, je m'exprime pas de manière très claire. Mais enfin si vous avez compris l'idée, on peut passer à un autre sujet. Puisque justement, je suis en train de retrouver une situation dont j'avais l'habitude à une autre époque, avec d'autres personnes, parlons-en, des nouvelles habitudes. C'est un truc qui me fascine, quand on commence à se créer des petites habitudes agréables. Par exemple, le rituel du café. Depuis cette année, il ne se passe pas un jour sans qu'on aille chercher notre petit café à la machine après manger, voire également à la pause du matin quand le démarrage est difficile, ou à la pause de l'après-midi quand on doit encore tenir éveillé jusqu'au bout. Je me suis habituée au point d'avoir besoin de ma propre cafetière à l'appart', parce que ce n'était plus possible de boire du thé après le déjeuner ("déjeuner", tiens, voilà un mot tout à fait normal qui pourtant ne figurait pas dans mon vocabulaire il y a quelques mois). Et je me retrouve à prendre un plaisir fou à inviter mes amis à prendre le café, à savoir qui ne prend pas de sucre, qui ne prend pas de café du tout, et à les voir prendre leurs aises. "J'ai un nouveau café, vous voulez le même que d'habitude ou un moins fort ?" "Ah non non, le même que d'habitude.". Juste parce qu'ils connaissent mon café et qu'ils l'apprécient, je jubile. Et je jubile d'autant plus quand je vois les gens passer de debout, à une chaise, à vautrés sur le lit. C'est complètement niais, mais j'aime la familiarité et j'aime quand elle se voit au quotidien dans de petits détails.
On en arrive au moment où je suis assez contente parce que je viens d'écrire pour la première fois quelque chose qui me paraît un des principes fondamentaux mêmes de mon existence relationnelle.