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Nous y voilà, tout presque. Le mémoire imprimé depuis deux semaines, qui semble terminé depuis une éternité. La fin était tellement plus douce que le gros du travail ; ce moment où tu décides d'arrêter de relire - puisque de toute façon quelqu'un le fera derrière toi -, d'arrêter de rectifier - puisqu'on te dira si c'est nécessaire-, et que tu rends tranquillement les armes.
J'ai vu ce top 20 des choses qu'on est censé se dire quand on a un mémoire à rendre. De la gnognote. Les gens l'ont posté, et posté, et re-posté encore, avec des commentaires du style "tellement vrai !", alors qu'ils étaient les premiers à avoir fini leur travail en temps et en heure. Visiblement, le mémoire d'orthophonie est définitivement hors catégorie. Non, on ne se demande pas, trois semaines avant la date de rendu, ce qu'on va bien pouvoir écrire. Non, on ne se dit pas, deux semaines avant l'échéance, qu'on est large en ayant déjà rédigé un quart. Le premier quart, on le rédige en janvier, pas en mai. Non, on n'essaye pas de remplir le nombre de pages requis avec des images, mais on commence la pagination après le sommaire pour gratter tout ce qu'on peut et rentrer sous la limite maximale. Vous connaissez peut-être mon aversion pour les étudiants qui s'imaginent faire les études les plus difficiles du monde
(coucou les carabins) et qui ne reconnaissent aucun effort aux autres, pourtant c'est bien vrai : je ne me suis pas reconnue dans ce topito pour branquignoles et je n'ai reconnu aucun de mes congénères. Peut-être que les mémoires de masters sont aussi bidons, en revanche les nôtres sont bien plus poussés.
Mais les spécificités du mémoire d'orthophonie tournent à notre avantage en ce qui concerne la soutenance. C'est un moment symbolique, rien de plus, et qui arrive à point nommé. Je me suis calmée. Ma virulence envers ces rituels inutiles s'est essoufflée lorsque j'ai envoyé mon fichier de 117 pages il y a déjà plus d'un mois. C'était assurément l'année la plus pénible de mes études, mais depuis six semaines je flâne, l'esprit à peu près tranquille. Et dans deux jours, ce sera terminé pour de bon. Deux jours, encore que tant de gens m'ont dit "à demain" que je finis par craindre de louper ma propre soutenance en me trompant de date.
Je l'ai préparée avec enthousiasme, cette soutenance, je n'y aurais pas cru. Il a suffit que mon président de jury me promette d'amuser la galerie pour que la pression s'évanouisse. J'ai accompagné mes camarades, mes futures consoeurs, je les ai vues casser la baraque, et je n'en attendais pas moins. Elles m'ont donné inspiration et motivation. Maintenant je n'ai plus qu'à attendre que jeudi 25 juin, 10h, arrive vite.
Tant de tempêtes cette année qui paraissent, de loin, presque dérisoires. Je ne suis venue ici que pour déverser mon fiel, et pas une seule fois mes espoirs. Je suis revenue encore et encore sur les obligations, les formalités, les apparences, mais je n'ai jamais parlé de mes ados. Ils m'ont pourtant éblouie au premier entretien, mes ados extravertis, mes ados apathiques, mes ados timides, mes ados aux ongles vernis, mes ados si adolescents. Je les ai analysés pendant six mois, décortiqués comme les homards qu'ils sont, et pas une fois je ne les ai mentionnés. Il paraît que l'on oublie bien vite le mémoire et toutes ses galères, une fois diplômés. J'oublierai peut-être les galères, mais je n'oublierai pas les anonymisés Clémence, Elisa, Justine, Manon, Nicolas et Quentin, qui m'ont permis d'arriver jusqu'ici.
On en reparle dans deux jours, quand je serai orthophoniste.