Vendredi 28 octobre 2011 à 12:00

"Qu'est-ce qu'il te reste ?
Faire l'impossible ou disparaître quand même
D'où vient le vent."


En journée, on sourit à ses copines, on est contente d'être là, on rit avec les autres, on essaye de se concentrer en cours, on essaye de grappiller la moindre minute supplémentaire de compagnie, on fait ses courses et on paye ses factures. Le soir, seule avec internet, on meurt à petit feu ; on meurt et il faut croire qu'on ressuscite puisqu'on meurt à nouveau, puis encore, et encore. Jusqu'à avoir des traînées de mascara sur les manches, jusqu'à avoir les yeux qui brûlent encore plus qu'en coupant des oignons. J'ai l'impression qu'on a coulé une dalle en béton dans mon estomac, qui comprime mes poumons, qui m'empêche de manger. Non, il ne faut pas croire que ça va mieux.

Lundi 24 octobre 2011 à 0:26

J'ai envie de voir du monde, de sortir un soir par semaine, d'aller au cinéma, au théâtre, de me cuisiner de bons petits plats, d'acheter des vêtements, du rouge à lèvres, des livres, des chaussures pour l'hiver, des ustensiles de cuisine, un nouveau pyjama, une robe de chambre pour Strasbourg. J'ai envie de boire beaucoup de thé et de café pour me réveiller ou me réchauffer, j'ai envie de me lier d'amitié avec certaines personnes, de goûter tous les pains spéciaux et croissants des boulangeries, de porter mon poncho, des gants pour avoir chaud, et puis même d'acheter un bonnet tant qu'à faire, oui j'ai bien dit un BONNET, et j'ai envie de manger du chocolat, et plein de légumes, et des fruits secs et des amandes, des trucs dont je n'ai jamais eu envie, et je n'ai pas envie d'être seule, et je ne sais plus trop si j'ai envie d'un grand lit pour moi toute seule, et j'ai envie d'être motivée à travailler, d'être curieuse, de me cultiver, et j'ai envie de me vautrer dans des coussins, et de trouver que la ville est belle, et d'entrer dans toutes ses boutiques, et d'y acheter des choses inhabituelles, et j'ai envie de trouver des friperies, et j'ai envie de changer de tête, et j'ai envie de fumer, et j'ai envie de confort. J'ai envie que ce soit doux et chaud, parfumé et coloré, et que ça ait du goût, et que ce soit un plaisir pour les yeux et les oreilles. J'ai envie d'user et d'abuser de quatre de mes cinq sens pour endormir le toucher, l'anesthésier, lui faire croire qu'il n'existe rien d'autre que le chaud-froid et le confortable-inconfortable. Une multitude de petites envies pour contrer l'incommensurable besoin de la personne qui manque.

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Lundi 17 octobre 2011 à 22:08

Il était une fois, un garçon et une fille qui ne se connaissaient pas mais qui étaient en vacances à Besançon pendant la même semaine de mai. Il terminait tranquillement sa cinquième année de médecine et elle fêtait son admission récente en école d'orthophonie. C'est l'histoire de ce garçon qui la trouva mignonne à travers la fenêtre du bar où il sortait. C'est aussi l'histoire de leurs amis respectifs qui s'abordèrent entre eux et proposèrent de faire la fête tous ensemble. C'est l'histoire d'un garçon passionnément attiré, dès le premier instant, par une fille qui avait autre chose à faire que de tomber amoureuse. C'est l'histoire d'un garçon qui avait envie de s'engager dans une relation sérieuse avec une fille qui chérissait son célibat. Pour pouvoir l'approcher quand même, il lui mentit en disant qu'il voulait juste profiter de l'instant présent. Il lui dit qu'il ne se posait même pas la question de se mettre en couple avec elle, sachant très bien qu'elle partait à Strasbourg et qu'il s'apprêtait à entrer dans son année d'études la plus difficile. Alors elle arrêta de se méfier, accepta de le revoir, apprit à le connaître et à l'apprécier, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que jamais elle ne s'était sentie aussi bien avec un homme, et qu'elle avait envie que cela continue. C'est une histoire d'amour, donc. La plus belle histoire d'amour de notre demoiselle.
L'été terminé, cela devient l'histoire d'un garçon qui entame sa sixième année de médecine, qui doit préparer le concours de sa vie, qui pour la première fois de toute son existence doit tout donner pour son travail. C'est l'histoire d'une fille qui se fait chasser de la tête d'un garçon par la médecine. C'est l'histoire d'une fille tombée éperdument amoureuse au moment où elle en avait le moins besoin, l'histoire d'une fille qui a touché le sommet avec un garçon et qui est devenue dépendante de ce bonheur, l'histoire d'une fille qui dégringole, un mercredi 12 octobre, quand ce garçon décide brutalement d'envoyer le générique de fin de leur histoire d'amour.

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Lundi 10 octobre 2011 à 19:31

Et puis, avant le grand saut strasbourgeois, j’ai passé une semaine à Besançon. Ce n’était pas ma rentrée, c’était la rentrée des autres, en 6è année de médecine comme en fac de lettres. Je vivais chez Mathieu, passant mes journées à me balader et à rejoindre des ami(e)s. J’étais dans ma ville, j’avais un toit, des amis la journée, un amoureux le soir, je ne pouvais pas m’ennuyer. Dans ces rues tant parcourues, je me sentais chez moi, toujours, bien que me sachant nouvelle habitante de Strasbourg. En habitant chez Mathieu, en cherchant Ségolène à la nouvelle annexe de la fac de lettres, j’ai pris de nouveaux chemins, de nouvelles habitudes bisontines ; j’appréhendais la ville sous un autre angle, celle-ci devenait Besançon-aux-mille-visages, mais toujours, elle restait mienne. Ou plutôt, je restais sienne.
Je me suis rendue à l’entrée de la fac le premier jour à midi, heure stratégique pour croiser quelques connaissances. J’attendais en face de la porte. Je regardais cet environnement dont je ne faisais plus partie, et auquel je n’avais jamais vraiment eu le sentiment d’appartenir. La fac n’a pas été ma deuxième maison comme l’ont été le lycée, le collège et l’école. A la fac, il n’y avait nulle part où s’installer pour passer le temps entre deux cours. Tout ce qu’on pouvait y faire, à part aller en cours, c’était travailler à la BU. Nous, on ne travaillait pas à la BU, puisqu’on ne travaillait pas du tout. La fac, on n’avait rien à y faire, alors on fuyait après les cours (quand on y allait), on traînait en ville, on marchait pendant une heure ou deux. A force, on retombait vite sur nos pas, et on finissait par chercher un coin de radiateur dans le couloir. Elle n’était pas trop moche de l’extérieur, la fac, elle était même carrément classe par endroits, mais les amphis à l’air vicié, ceux qui vous détruisaient les fesses, ceux où on avait les jambes compressées, ou les salles dans lesquelles il manquait toujours des tables et des chaises, tout ça ne rendait pas la fac très accueillante. Alors non, je ne me suis jamais sentie chez moi dans ces bâtiments, mais j’étais chez moi au centre ville, j’étais chez moi dans les rues et les parcs et les places et les commerces, j’étais chez moi au 19 rue de la Mouillère. Aujourd’hui, je n’ai plus d’adresse à mon nom dans Besançon, mais j’y suis très bien accueillie. Mon cœur est resté là-bas. Alors la perspective de la vie à Strasbourg pour quatre ans, malgré tout ce qu'on a pu dire de génial sur Strasbourg, a été difficile à intégrer. Et les débuts ont été (et sont toujours) parfois un peu rudes. Même si j'ai digéré Strasbourg, même si j'ai tout à fait conscience de ses atouts et de ma chance d'y avoir atterri, Besançon et surtout la vie que j'y ai menée ne sortent pas de ma tête.

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Mercredi 5 octobre 2011 à 19:14

J'ai enfin internet à mon nouveau domicile, alors au lieu de faire la vaisselle d'hier, je m'empresse de commencer les (longs) travaux d'écriture. Procédons par ordre chronologique et récapitulons.

Le 9 mai, je passais (avec succès) mon oral au concours d'entrée à l'école d'Orthophonie de Strasbourg.
Exactement deux mois plus tard, je passais (avec succès) mon permis de conduire et je commençais, sans trop le savoir, à sortir avec Mathieu B. (avec succès aussi, je dois dire).
Entre ces deux dates, j'ai vécu une période de fêtes, de rencontres et de débauche absolument enrichissante.
Après ces dates, j'ai vécu une période de fêtes, de déménagement, de voyages, de retrouvailles et de redécouverte de l'amour. Il serait inutile de faire un commentaire d'appréciation sur ces événements.
Le 26 septembre, ma rentrée à Strasbourg a eu lieu, mettant un terme à ces vacances de cinq mois, aux plus belles vacances de ma vie.

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