Lundi 4 mai 2015 à 15:21

Ainsi donc, je deviendrai orthophoniste le 25 juin à 11 heures et des poussières. Savoir que ce qu'il me reste à faire d'ici là n'est qu'une formalité me désespère. C'est la dernière ligne droite, et c'est n'importe quoi. Après avoir emballé mon jury avec ma partie théorique, je me retrouve à devoir mettre en mots une partie pratique qui n'apporte aucun résultat tangible. Autrement dit : ce que j'ai fait n'a servi à rien et ce que je dois en faire ne servira à rien. J'ai validé tous mes examens, effectué mes heures de stages, rendu des rapports avec de bonnes notes ; mon dossier pédagogique est bouclé, j'aurai mon diplôme que mon mémoire soit de qualité ou non, et je n'ai d'ores et déjà plus rien à dire. Tout est déjà fini dans ma tête mais il faut encore l'écrire. Mon protocole ne tenait pas la route mais il faut faire semblant d'en avoir tiré quelque chose. Les erreurs passées ne sont pas rattrapables mais il faut les masquer. Et aujourd'hui mon abdomen irradie de douleur mais il faut rester assise sur cette chaise et produire quand même, parce que c'est la dernière fucking ligne droite.
J'ai officiellement jusqu'au 21 mai pour achever mon travail. Une semaine de moins qu'Eric, qui voit aussi venir la ligne d'arrivée. Je suis contente que nous fassions la route ensemble, mais sa ligne à lui, je la sens aussi passer. Le bout du tunnel est tellement proche que j'ai l'impression de pouvoir déjà ralentir la course. Non. Tu rempliras d'abord tes 100 pages comme tout le monde, tu te corrigeras éternellement pour éviter les remontrances en public le jour de la soutenance, alors que tu SAIS que ça n'a fondamentalement aucune importance, et tu feras ton petit numéro de singe savant, puisque c'est ce qu'on attend de toi. Et avec le sourire, en plus.

Jeudi 23 avril 2015 à 18:32


Et maintenant, il faut accepter que les gens soient contents de ton travail.


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Samedi 4 avril 2015 à 20:08


Souffrir pour enfanter
ou souffrir pour ne pas enfanter.

iv (50)

Mercredi 1er avril 2015 à 21:11

A mon grand-père,

A la lettre de Lucie,

A l'arrêt définitif des cours et des stages,

A cet instant de respiration,

A la persévérance de l'homme que j'aime,

A la vie qui se disloque autour de moi,

Aux amitiés qu'on n'assainira jamais assez,

Aux magnolias en fleurs.

Lundi 23 février 2015 à 16:11

Le mémoire n'est qu'un exercice de style destiné à tester ton adaptation à la contrainte, dans lequel il faut synthétiser ton propos jusqu'à ce qu'il perde du sens ou qu'il se transforme en vulgarisation. Le mémoire n'est qu'un exercice de style destiné à t'apprendre à faire le tri dans les informations, des classements par pertinence non dénués de jugements de valeur, pour ne garder qu'un seul champ théorique, comme si les autres n'existaient pas. Le mémoire t'oblige à rentrer dans les moules que tu t'étais juré de fuir, quand tu te disais : "Mais qu'est-ce que c'est que ces profs qui mettent leurs oeillères théoriques, cantonnés à un seul courant de pensée sectaire, qui nient l'intérêt, l'existence même (!) des autres approches et nous assènent leurs sentences comme des vérités universelles.". Le mémoire t'éloigne de tout ce qui devrait être au premier plan de tes préoccupations professionnelles. Le mémoire n'est qu'un gros bobard monté sur interligne 1,5 en Times 12, dans lequel tu essayes tellement de persuader tes lecteurs que tu finis par te persuader toi-même. Le mémoire n'est qu'un exercice de style destiné à prouver l'intuition que tu as eue quand tu as choisi ton sujet : "Au moment où vous avez énoncé votre sujet, votre mémoire était fini.". Le mémoire n'est qu'un parcours d'obstacles pour lequel tu fabriques tes propres pièges, en t'enchaînant à des termes dont tu ignorais au départ qu'ils t'enfermeraient dans des cases, dans des cages. Le mémoire n'est qu'un tour de passe-passe destiné à jeter de la poudre aux yeux du jury, un spectacle de marionnettes où tu joues le premier rôle. Le mémoire n'est qu'un exercice de style destiné à formater les idées, et c'est comme ça qu'on termine des livres par : "Il aimait Big Brother".


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