Strasbourg gris, Strasbourg ennui. Ce qui me manque le plus de Lisbonne - et j'ai toujours trouvé idiot de parler de manque à propos de quelque chose ou quelqu'un qu'on a expérimenté quelques jours seulement dans sa vie -, c'est la vie à l'air libre. Petits déjeuners sur le balcon, journées entières à l'extérieur, nous étions toujours dehors, sous le soleil, le vent et le ciel d'un bleu qui n'existe que là-bas. Depuis que je suis rentrée, ma peau a perdu ses couleurs, non pas parce qu'il pleut en continu, mais parce que je reste enfermée. Que faire pour sortir en pleine ville, sinon des courses ? Honnêtement, glander dans un parc n'a rien de fantastique. Vous avez déjà essayé de bouquiner quelques heures sur un banc public qui casse le dos et le cul, entouré d'enfants qui courent en piaillant, interrompu par le voisin qui s'est assis à côté de vous et essaye de lire par-dessus votre épaule ? Le seul moyen de goûter à la tranquillité, c'est de continuer d'avancer. Les pensées ne peuvent se dérouler librement qu'en mouvement perpétuel, en pilote automatique, sans avoir à se poser la question du chemin à prendre. J'ai fait comme ça le tour du centre-ville, le longs des quais, suivant la rivière qui forme un oeil et retour au point de départ. C'est une promenade idéale pour longer différents quartiers de Strasbourg, tous très pittoresques dans leur genre (même si une horreur tout en angles droits est apparue sur la place devant le tribunal, défigurant un beau quartier avec son église majestueuse à coupole, mais avant de crier au scandale, j'ai fait des recherches et découvert que ce n'était qu'un bâtiment provisoire le temps de retaper l'historique. Ouf.) Cependant, n'étant pas du genre à faire deux fois la même balade, je tourne vite en rond. Et même, ce n'est pas un petit tour d'une heure qui me fait pleinement profiter de l'été ; pas étonnant que je sois en carence de vitamine D. Je rêve d'une terrasse et d'un jardin.