Lundi 23 juillet 2012 à 22:16

 Aujourd'hui, comme je suis irritable et à la limite de devenir irritante, je vais me défouler sur un article. Je ne sais pas si c'est le manque de sommeil ou d'organisation, mais ce matin au boulot, je me sentais drôlement lasse. Déjà fatiguée de devoir répéter toujours les mêmes choses aux mêmes enfants, Sami-sort-des-buissons, Kenza-mets-pas-tes-doigts-en-bouche, Gabin-pourquoi-tu-l'as-tapé, Lola-ça-suffit-avec-le-savon, les-enfants-sortez-de-l'herbe-vous-savez-très-bien-qu'il-faut-pas-y-aller, pas-sur-le-terrain-rouge-avec-les-vélos, les-vélos-c'est-pas-des-autoboxes, écoute-moi-quand-je-te-parle, est-ce-que-tu-m'as-demandé-avant-d'aller-te-servir, joue-pas-avec-tes-couverts, lave-toi-les-mains, mouche-toi, va-le-jeter-dans-la-poubelle...
Fais pas ci, fais pas ça, viens ici, mets toi là, attention prends pas froid ou sinon gare à toi, mange ta soupe, allez, brosse toi les dents, touche pas ça, fais dodo, dis papa, dis maman. Fais pas ci fais pas ça, à dada prout prout cadet, à cheval sur mon bidet, mets pas tes doigts dans le nez, tu suces encore ton pouce, qu'est-ce que t'as renversé, ferme les yeux ouvre la bouche, mange pas tes ongles vilain, va te laver les mains, ne traverse pas la rue sinon panpan tutu...
En gros, je ne suis pas prête d'élever des gosses, mais ce n'est pas nouveau. En élever 45 pendant 3 semaines dans l'année me suffit amplement, surtout quand on est douze adultes à se partager la tâche et que ce n'est qu'au bout de deux semaines qu'on t'apprend que les règles du repas sont différentes au déjeuner et au goûter, par exemple. Evidemment, même quand tout se passe bien avec les enfants, on travaille toujours avec des adultes. Quand j'observe le travail en équipe, j'ai de plus en plus envie d'un cabinet en libéral avec personne pour me faire chier. C'est-à-dire personne pour me dire ce que je dois faire, ni personne à qui dire ce qu'il faut faire. Je voulais écrire un article sur mes collègues, mais ça commence mal, le ton est grinçant, et ça ne sent pas l'harmonie. Pourtant ça se passe bien, et j'apprécie cette équipe, surtout après avoir testé l'année dernière une équipe réduite qui changeait tous les jours en raison des arrêts maladie des unes et des autres. Mais comme à chaque fois que je fais irruption dans un groupe de personnes qui travaillent ensemble toute l'année, je ne prends pas officiellement parti et j'observe. J'observe les failles, surtout. C'est fou, quand on rencontre des gens dans un cadre professionnel, comme on cible vite leurs défauts. Au premier abord, j'essaye de garder une vision neutre voire positive, de leur trouver des qualités avant tout pour privilégier la bonne ambiance. Mais bien vite, tu te rends compte que la nana qui a l'air un peu limitée est en fait VRAIMENT limitée et que tu ne peux pas passer outre, que celle qui a l'air sympa et le contact facile - en passant sur son style vestimentaire - ne te raconte que des détails inutiles de sa vie et n'est pas toujours très délicate avec toi, que les unes sont trop stressées et d'autres trop détendues, et que ta collègue préférée parle un français à t'écorcher les oreilles.
Alors bon, c'est bien sympa tout ça, les enfants, l'équipe qui fonctionne, les activités, les sorties, les tartines de Nutella le matin, les adultes qui jouent à faire des bêtises... Mais je ne serai pas déçue vendredi soir quand je prendrai le train et que j'irai retrouver le calme de mon appartement et l'esprit - et la culture - de mes copines.

http://img17.imageshack.us/img17/9666/img2265001.jpg
Et une photo avec une retouche toute ridicule, histoire de n'exposer que les copines sus-citées.

Mercredi 18 juillet 2012 à 19:46

Bon. Je n'avais pas parlé du projet de vendanges à ma famille, sachant très bien qu'il n'aboutirait pas. J'avais raison. Chacune s'étant enfin décidée, il est trop tard pour commencer les démarches. Je me contenterais donc de mon salaire d'accueil de loisirs pour apaiser un peu ma culpabilité d'étudiante-vacancière-aux-frais-de-ses-parents. De toutes façons, qu'est-ce que j'en fais, de cet argent ? Je le colle sur un compte épargne et je n'ose pas y toucher, sauf en cas d'extrême urgence (découvert irrattrapable) ou d'achat d'utilité première (il faudra bien que je me décide un jour à acheter une sacoche pour mon appareil photo). Travailler pendant les vacances n'a pas pour but premier de gagner de l'argent, mais de la crédibilité. Heureusement, malgré mon manque d'enthousiasme préalable, je me plais beaucoup dans ce job. Je préfère d'ailleurs être au travail qu'à la maison, mais j'accepte les journées de repos avec soulagement, histoire de puiser de l'énergie quelque part, puisque même si les journées de dix heures sont moins longues que dans mes souvenirs d'il y a deux ans, quand on en sort, on n'a plus qu'une envie : dormir. Les gosses de 3 à 5 ans sont certainement les plus beaux. J'en ai croisé certains d'il y a deux ans, qui ont bien grandi et ont tout perdu de leur majesté d'avant. Ceux qui étaient les plus petits la dernière fois sont aujourd'hui les plus grands, et c'est fou de voir à quel point l'être humain se métamorphose vite pendant la première période de la vie ; une petite fille que j'ai connu à trois ans, presque encore un bébé, timide et sachant à peine parler, est aujourd'hui une gamine malicieuse de cinq ans à la féminité déjà exacerbée. Il y a quelque chose dans cette féminité qui me gêne chez les petites filles et m'amène à préférer les garçons qui sont, à mon avis, moins "sexuels". Disons pour justifier ce terme qu'ils n'ont pas conscience de leur éventuelle beauté et ne jouent pas de leurs charmes, contrairement à de nombreux enfants de sexe féminin tout de rose vêtus. Le rose, voilà ma deuxième raison de moins aimer les petites filles. Pourquoi faut-il toujours qu'elles accordent tant de passion à cette couleur idiote, ainsi qu'au tripotage des cheveux ? C'est quand même pas ça, être une fille ! Même si être un garçon, ce n'est pas non plus jouer au foot et aux jeux de guerre... La différenciation des sexes est déjà sacrément marquée à trois ans, ça me laisse pantoise - et je crois qu'à chaque centre aéré, j'en parle ici. Mais sinon, je les aime bien, même quand ils sont pénibles, même quand ils n'écoutent rien, même quand ils ont l'air sournois, même quand il faut les changer après un accident. Comme je l'ai dit plus haut, entre trois et cinq ans, c'est là qu'ils sont les plus mignons.
J'ai déjà fait la moitié du boulot ; dans à peine plus d'une semaine, ce sera déjà fini. Et la moitié des vacances se sera déjà écoulée. Je n'aurai plus de travail après. On me demande ce que j'ai prévu, si je pars en vacances. A part la semaine en famille, non, rien n'est programmé. Depuis que j'ai vécu l'été dernier, j'ai compris que le hasard et l'improvisation donnaient ce qu'il y a de meilleur. Je ne prévois donc rien, seulement d'aller où le vent me portera, au fil des jours, des occasions et, je l'espère, des rencontres. Je laisse venir.

http://img840.imageshack.us/img840/448/img8326j.jpg

Dimanche 8 juillet 2012 à 14:04

Cette fois ça y est, je crois que je peux le dire, même si je me le dis toutes les semaines et que, de ce fait, je croyais l'avoir déjà écrit de nombreuses fois. On s'aime. Pas à deux et pas d'amour, mais nous sommes quelques personnes ayant fait connaissance cette année à nous aimer d'amitié. Je sais, j'use et abuse un peu du verbe "aimer" en ce moment, mais après tout, l'amitié n'est rien d'autre que de l'amour sans désir, tout comme l'amour que l'on porte à sa famille. Ne dit-on pas souvent, en parlant de sa bande d'amis, que l'on s'est créé une deuxième famille ? Et bien voilà, nous formons à présent une petite famille, et même si c'est implicite, c'est là. Il y a ces sourires, la joie de se retrouver, l'absence de gêne, quand tu crains au début d'en faire trop mais que la personne en face de toi est ravie, "viens quand tu veux". Alors on va à la plage, je pars en vacances chez Nikita, et je me lamente de ne pas pouvoir passer le mois de juillet à Strasbourg.
Je profite de mes derniers jours libres avant le boulot pour habiter chez moi. Quel bonheur de remettre les pieds en ville ! En fin de compte, en été, Strasbourg est chaleureuse. J'ai mis un peu trop de temps à comprendre que l'hiver était passé. Mais maintenant, j'apprécie d'arpenter les rues sans souci de l'endroit où mes jambes me mènent, sans souci de l'heure et du retour ; en ville, si tu as marché trop loin, tu peux toujours rentrer en tram ou en bus. Te lever le matin, ouvrir les volets et les fenêtres en grand, tâter la température de l'air, enfiler une robe, des sandales et sortir sans plus t'encombrer, rentrer à minuit sans avoir froid, et sans avoir peur de marcher seule la nuit. Samedi soir, les rues sont peuplées. Nous avons attendu toute une année et la fin de nos partiels pour découvrir Strasbourg by night. C'était un jeudi, soir de la fête par excellence, et il nous a suffi de nous asseoir dehors, à l'arrache, pour que le monde vienne à nous, avec guitares et autres réjouissances. On n'avait vraiment rien compris avant ça. C'est ça que j'aimerais faire de mes vacances.
Il n'y a rien de meilleur qu'un lendemain de soirée qui se termine lui-même par une autre soirée. Je m'étais réveillée à midi, me rappelant des rencontres de la veille, le sourire au lèvres. Je m'étais levée en dansant, j'avais mis la musique de circonstance. J'avais quatre heures devant moi avant que Martin ne débarque pour les préparatifs de la soirée à venir, un pique-nique gentillet - avec une once de provocation dans un paquet de cigarettes -, mais tellement plein de joie, de regards et de sourires que j'en avais mal aux mâchoires. Et c'est là que je me disais, wouah, on s'aime.

http://img687.imageshack.us/img687/7562/img2264kh.jpg
Photo empruntée à une camarade

Jeudi 5 juillet 2012 à 12:29

J'ai revu une personne que j'aimais, et je me suis souvenue de pourquoi je l'avais aimée. De ce simple constat est parti une multitude de réflexions sur les relations, l'amour, la vie. Il m'a rappelé involontairement ce qui est essentiel, m'a ouvert les yeux sur ce qui m'a manqué par après. L'ordre de mes priorités n'a pas changé, mais je suis mieux capable de cibler de quoi sont faites ces priorités maintenant. Ai-je été aussi heureuse qu'en seconde pendant ces dernières années ? Assurément non. Ai-je eu des relations faciles depuis trois ans ? Absolument pas. Celles qui n'ont jamais commencé, celles qui n'ont jamais abouti, celles dont l'attente et l'absence au quotidien étaient insupportables, il faudrait y voir du bonheur ? Le bonheur d'être dans les bras de quelqu'un, teinté déjà de la certitude du départ proche et de la séparation à venir, encore et encore, est décuplé par son caractère éphémère, et nous plonge d'autant plus dans le noir, par contraste, quand les kilomètres s'interposent. Maintenant que nous ne vivons plus chez nos parents, que nous avons des appartements où nous pouvons inviter qui nous voulons, quand nous le voulons, maintenant que nous sommes maîtres de notre temps, nous sommes seuls. Maintenant que nous pourrions nous voir quand bon nous semble, dormir ensemble dès que l'envie se présente, passer plusieurs jours sans se séparer si nous le désirions, maintenant que l'on pourrait s'épanouir à deux sans obstacles ni contraintes, c'est maintenant que nous sommes seuls.
Je m'estime toujours heureuse quand je ne suis pas amoureuse, mais à quelle fréquence cela se produit-il, quand puis-je dire que je ne me languis de personne ? Ca m'est arrivé une fois, à peu près entre le 24 mai et le 24 juin 2011. Un mois dans toute mon existence d'amour, disons un mois en cinq ans, un mois pendant lequel je me suis sentie libre. J'aspire en permanence à cette liberté. Même quand mon coeur est peuplé, je n'ai pas envie d'être en couple. Même actuellement, j'imagine mal une vie de couple s'ajouter à mes vies sociale et estudiantine. Et pourtant, la conclusion de ces réflexions, c'est que je n'ai pas envie de passer mes cinq ans d'études sans avoir goûté à l'amour étudiant. Pas des aventures, pas une relation sérieuse à distance, non ; il y a forcément des gens formidables à aimer à Strasbourg. Quelqu'un pour qui on n'a pas de train à prendre, pas de dates à fixer, juste le quotidien à vivre, à improvise
r. Qui serais-je pour oser prétendre que l'amour ne me manque pas ?

http://img35.imageshack.us/img35/8023/img8350jr.jpg

<< A l'endroit | 1 | A l'envers >>

Créer un podcast