C'est toujours pendant les vacances, quand j'ai l'impression d'être loin et seule, que le phénomène est le plus prononcé. Dans mon coin, je pars à la dérive. La frontière entre rêve et réalité s'estompe et toujours je me demande si c'était vrai. Les images me reviennent au galop comme des preuves, mais des preuves qui s'effritent, qui sont de toute façon retouchées avec le temps, alors je ne sais plus si je peux encore m'y fier. Ces images enfermées à l'intérieur de ma tête, j'ai l'impression d'être la seule à les détenir, et pourtant. Il y a aussi quelques traces écrites, preuves tellement plus tangibles, mais qui n'ont quasiment plus de pouvoir de conviction sur moi, tellement je les ai lues et relues. J'ai épuisé toute leur substance, je les connais par coeur et j'aurais tout aussi bien pu les inventer. Ca n'a plus aucun sens. Et ça n'en retrouvera certainement pas.
Et ce concours que je suis censée préparer. Je n'ai rien glandé. J'ai la tête en perpétuelle explosion depuis dimanche. J'ai commencé le Claradol, tiens ; efficace, mais pas longtemps. J'ai passé toute la journée de lundi à lire dans le fauteuil du salon, sans interruption, un livre qui évoque beaucoup trop ce mot dont je ne sais si je l'adore ou si je le déteste. Tous les jours il y avait autre chose, l'ophtalmo, l'anniversaire de ma mère, et j'ai passé peu de temps sur mes QCM et mes annales des épreuves d'orthographe. Ca devient vite lourd, je ne connais pas la moitié des réponses aux questions, et il n'y a même pas de corrigé dans leurs foutues annales. Je ne vois pas ce que je pourrais bien faire contre toutes ces filles qui se préparent depuis des mois, dont certaines en prépa à quatre mille huit cent euros l'année. Souvent dans les conversations avec toutes sortes de gens, que j'estime plus ou moins, nous arrivons à la conclusion que j'ai une certaine culture. Certes. Mais ce ne sont pas les chansons d'Higelin et de Thiéfaine, le sourire de Kevin Spacey, les tortillons pour fermer les sachets d'héro dans Pulp Fiction, Benicio del Toro, Gaël Garcia Bernal, Winston Smith, le slip de Ripley à la fin d'Alien le huitième passager, la petite lumière de la caméra sur le visage dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind, le génie de Matthew Bellamy et de Bertrand Cantat, les pingouins et les Foosa, Betty qui s'arrache les yeux, Joël Noël et Citroën, "Angel" de Massive Attack quand Brad Pitt s'apprête à sauter dans une caravane en flammes, Jim Morrison, Capitaine ô mon Capitaine, Jean-Baptiste Grenouille, Mortel pense quel est dessous la couverture d'un charnier mortuaire un corps mangé de vers, "Aucun homme n'est capable de me tuer." "Je ne suis pas un homme !", Hamlet en lituanien, le ménage sur fond de Tchaikovsky, Will et Lyra, "Tu as la capacité émotionnelle d'une petite cuillère", S&M, Didier Van Cauwelaert, la pilosité de Romain Duris, les sorties de privilégiés, Jean-Pierre Jeunet, le rouge à lèvres d'Audrey dans Twin Peaks, We are l'Europe, le stage avec Benoît Lambert, The Wall, le mec qui n'enfonce qu'une seule touche de son synthé dans "Light", ma participation à l'adaptation filmique d'une nouvelle de H.P. Lovecraft, Cédric Klapsich, Lisbeth Salander, la prise USB du nouveau lecteur DVD, "Volontaire", les conquêtes de Jack Burns, et la fréquentation de quelques gens-géniaux-et-doués, tout ça, ça ne m'aidera pas.
Et ce concours que je suis censée préparer. Je n'ai rien glandé. J'ai la tête en perpétuelle explosion depuis dimanche. J'ai commencé le Claradol, tiens ; efficace, mais pas longtemps. J'ai passé toute la journée de lundi à lire dans le fauteuil du salon, sans interruption, un livre qui évoque beaucoup trop ce mot dont je ne sais si je l'adore ou si je le déteste. Tous les jours il y avait autre chose, l'ophtalmo, l'anniversaire de ma mère, et j'ai passé peu de temps sur mes QCM et mes annales des épreuves d'orthographe. Ca devient vite lourd, je ne connais pas la moitié des réponses aux questions, et il n'y a même pas de corrigé dans leurs foutues annales. Je ne vois pas ce que je pourrais bien faire contre toutes ces filles qui se préparent depuis des mois, dont certaines en prépa à quatre mille huit cent euros l'année. Souvent dans les conversations avec toutes sortes de gens, que j'estime plus ou moins, nous arrivons à la conclusion que j'ai une certaine culture. Certes. Mais ce ne sont pas les chansons d'Higelin et de Thiéfaine, le sourire de Kevin Spacey, les tortillons pour fermer les sachets d'héro dans Pulp Fiction, Benicio del Toro, Gaël Garcia Bernal, Winston Smith, le slip de Ripley à la fin d'Alien le huitième passager, la petite lumière de la caméra sur le visage dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind, le génie de Matthew Bellamy et de Bertrand Cantat, les pingouins et les Foosa, Betty qui s'arrache les yeux, Joël Noël et Citroën, "Angel" de Massive Attack quand Brad Pitt s'apprête à sauter dans une caravane en flammes, Jim Morrison, Capitaine ô mon Capitaine, Jean-Baptiste Grenouille, Mortel pense quel est dessous la couverture d'un charnier mortuaire un corps mangé de vers, "Aucun homme n'est capable de me tuer." "Je ne suis pas un homme !", Hamlet en lituanien, le ménage sur fond de Tchaikovsky, Will et Lyra, "Tu as la capacité émotionnelle d'une petite cuillère", S&M, Didier Van Cauwelaert, la pilosité de Romain Duris, les sorties de privilégiés, Jean-Pierre Jeunet, le rouge à lèvres d'Audrey dans Twin Peaks, We are l'Europe, le stage avec Benoît Lambert, The Wall, le mec qui n'enfonce qu'une seule touche de son synthé dans "Light", ma participation à l'adaptation filmique d'une nouvelle de H.P. Lovecraft, Cédric Klapsich, Lisbeth Salander, la prise USB du nouveau lecteur DVD, "Volontaire", les conquêtes de Jack Burns, et la fréquentation de quelques gens-géniaux-et-doués, tout ça, ça ne m'aidera pas.