Pardonner, c'est accepter d'avoir souffert et de ne pas faire souffrir l'autre en retour. On n'est pas là pour faire de la philosophie à la mords-moi-le-noeud, mais je tiens à revenir sur mon dernier article, qui semble dire que j'ai du mal avec ce concept (celui de pardon, pas de philosophie de comptoir). Je n'avais jamais ressenti de désir de vengeance jusque là. Enfin, ce n'est pas exactement un désir de vengeance, mais plutôt de la frustration de ne pas pouvoir prendre ma revanche. Parce que non, je ne la prendrais pas. Il est trop tard. Je passerais pour folle si je venais à déballer maintenant des flots de haine que j'aurais gardée intacte pendant un an. On n'entretient pas sa haine tout seul quand on est sain d'esprit. Le silence nourrit la haine pendant un premier temps, mais ensuite il l'apaise. Cependant cette frustration, elle ne vient pas de nulle part. Non seulement, c'est certainement la rupture la plus sordide que j'aie vécue, mais en plus, c'est la seule qui ne débouche sur strictement rien. Le néant, total, comme si rien n'avait existé. Je veux dire, j'ai déjà quitté et été quittée, mais soit je suis restée amie avec mes ex, soit ça s'est terminé en conflit avec coupure volontaire des ponts. Là, le silence s'est installé insidieusement, sous de faux prétextes, et il a duré trop longtemps pour pouvoir être brisé aujourd'hui. Ce qui fait qu'aujourd'hui, nous sommes des inconnus l'un pour l'autre. Qu'on se retrouve comme deux ronds de flan au moment d'échanger un sac qui contient les vestiges de notre dernière nuit ensemble. Quoi, une nuit ensemble, on a fait ça ? Mais on se connaît ? C'est le syndrome Somebody That I Used To Know qui m'attriste. Que j'aie été prête à consacrer ma vie à quelqu'un qui se comporte aujourd'hui comme un inconnu.
"But you didn't have to cut me off
Make out like it never happened
And that we were nothing
And I don't even need your love
But you treat me like a stranger
And that feels so rough"
Make out like it never happened
And that we were nothing
And I don't even need your love
But you treat me like a stranger
And that feels so rough"
Bla bla bla, vous connaissez la chanson (au sens propre comme au figuré). Mais ! Figurez-vous que je ne suis pas là pour chouiner. Et non. J'écris ces lignes histoire que ce soit clair, fixé, inscrit quelque part. Cela complète et conclut l'article précédent, qui nous laissait sur une note rageuse pas vraiment reposante. La boucle est bouclée, je ne me consolerai probablement jamais du fait que les relations humaines puissent prendre des tournures aussi radicales, mais la vie est étrange, et on n'y décide pas de tout. Rien de nouveau sous le soleil. Et je vous dis tout ça ce soir, mais en vérité je n'y pensais même plus depuis que j'ai transformé mon ébullition interne en mots et en article. J'ai craché mon venin, je respire. La page est tournée et bien tournée. Je reprends la route.