Après une semaine de glandouille à la mer - quoiqu'on n'ait pas vu la mer tous les jours en raison du fort vent -, de bronzette, d'apéro, d'huîtres de chez maître Pierre (le vieux a plus de soixante-dix ans mais il vendra ses huîtres et ses moules jusqu'à sa mort, tous les jours il est posté dans sa caravane pourrie, sauf trois après-midi par semaine où il fait sa dialyse, en short et débardeur en résille (depuis qu'on lui a interdit de faire son commerce en slip, et je vous décris pas les vieux slips), une barbie est accrochée en plein milieu de la devanture, elle ne porte pas de vêtement mais seulement une marguerite en plastique à l'avant et un coquillage collé sur le cul (joli en plus le coquillage), elle est suspendue à côté d'un panneau qui certifie Gynécologue amateur, et les deux sont là depuis des siècles. Maître Pierre vous fait la dégustation pour 3€, avec un verre de blanc gratuit, et il vous remplit un verre dégueulasse avec son picrate. Il rajoute toujours deux-trois moules gratuites quand on prend des huîtres, et c'est lui qui nous décortique le tout, avec son couteau taillé sur mesure. Et ses huîtres sont les meilleures que l'on connaisse.), de peau poisseuse de crème solaire, de lecture de Dune avec les pieds dans le sable, de journées en maillot de bain, nous avons filé vers Carcassonne, chez des amis que nous considérons comme de la famille. Les trois filles, celles que j'appelle mes cousines, ont 13, 14 et 15 ans. Nous avons passé trois jours et trois nuits là-bas. Au bout de deux jours, je pensais avec leur accent, le troisième jour, j'en décelait une pointe quand je parlais. C'est quand on passe du temps avec des gens d'une autre région qu'on se rend compte qu'on dit tout le temps "Oh yééé !". Une des filles a adopté le "Oh yééé !", qui se transformait en "Oh yeah !", elles croyaient choper l'accent alsacien, ça me faisait rire. Les trois nuits sur le matelas gonflable ont été courtes, après avoir raconté toute notre vie, Anne et moi nous sommes couchées à 5:00, deux minutes avant que sa mère ne se lève. Carcassonne est toujours le détour indispensable avant de rentrer de Valras, cette année plus que jamais. La photo suivante montre la rivière de montagne, avec ses "marmites" profondes, où nous avons passé le lundi après-midi.
Nous sommes rentrés à la maison mercredi. J'ai passé une nuit à la maison, j'ai acheté une table de chevet, et j'ai mis les voiles vers l'endroit où je me trouve actuellement, qui doit rester secret. Il y a des maisons dans lesquelles on se sent immédiatement comme chez soi. Celle-ci en fait partie. Quarante-huit heures de vacances supplémentaires et encore plus prometteuses. J'ai fait de la mécanique, j'ai cueilli les haricots, j'ai acheté à manger pour ce soir et pour demain matin au Aldi, pour demain midi il faudra que l'on y retourne ensemble, j'ai trouvé la boîte de Smecta sans trop fouiller, je me suis exercée au piano et je crève la dalle. Je suis seule pendant quelques heures, Quentin est allé signer pour son appartement à Belfort et deux autres acolytes nous rejoindrons plus tard. Je suis tellement contente d'être ici que je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en filant à vélo.