J'ai généralement envie de faire l'amour quand je lis Philippe Djian. Ses femmes formidables et ses hommes amoureux, ses images et son vocabulaire, j'en ai déjà parlé. Quand une femme écrivain prête ses mots et sa poésie à un personnage masculin, je me méfie toujours. Mais quand un homme crée d'autres hommes à son image, avec une telle passion pour les femmes, je suis conquise. Et pourtant, ces (anti-)héros n'ont rien d'un idéal masculin ; ce ne sont pas les personnages de papier qui font naître en moi des fantasmes, mais cette ambiance si particulière. C'est de l'amour pour toutes les choses qui transparaît entre les lignes, c'est de la lumière pure qui passe du livre au corps et qui l'éveille. Cette sensation est délicieuse maintenant qu'elle peut trouver son aboutissement. Il est si doux de savourer l'attente quand celle-ci n'est qu'occasionnelle et courte. L'impatience a un tout autre goût lorsqu'elle précède un épanouissement certain. En l'autre cas, le désir qui ne peut se raccrocher à rien, l'attente vaine entraînent la folie. Il est si bon de trouver derrière un corps chaud une âme à l'unisson de la mienne.