Une semaine, les amis, plus qu'une semaine et on pourra m'appeler lycéenne. "De toutes façons, les inconnus, c'est pas notre truc." Genre. Je suis partie dans un gros délire, là. Et dans une semaine, des inconnus, il y en aura à toutes les sauces. Comment vais-je réagir ? Sachant que ces inconnus-là peupleront mon quotidien pendant un, deux ou trois ans ? Quoi qu'il en soit, ils n'auront pas 27 ans. Allez savoir si les jeunes de mon âge seront encore à mon goût. Une petite voix dans ma tête me dit que sûrement pas, mais bordel, maîtrise tes oestrogènes ! Un jour ou l'autre, je finirai avec un vieux. Du moment que c'est un jeune vieux, c'est sans soucis, mais quand j'aurai vingt-huit ans alors que lui se rapprochera de la quarantaine ? Je n'ai plus de notions d'âge, les amis. Je suis capable de vous dire que le bel inconnu des vacances avait un an de plus que moi, que Matthew avait quinze ou seize ans et Mister Piscine dix-huit, mais au-delà, je n'ai pas de repères. Mon oncle a vingt-huit ans, mais on pourrait lui en donner vingt-trois, de toutes façons c'est un éternel adolescent. J'ai fait rire une de ses cousines en lui disant que je n'imaginais pas Luc devenir adulte un jour. On me dit qu'à l'écrit, je pourrais faire au moins trois ans de plus, tandis que des adultes passent pour des gamines de treize ans. Depuis que mes yeux ont croisés tous ces regards, ce regard, je ne sais plus ce que je veux. Je n'ai aucune envie d'aller vivre au milieu de lycéens boutonneux. C'est grave, hein ? En plus je sais que je changerais vite d'avis. Il est p't'être là le problème. J'avais déjà pas envie d'oublier le bel inconnu des vacances, maintenant je souhaite encore moins oublier le bel inconnu du mariage. Pas si inconnu que ça d'ailleurs. Il s'appelait Nicolas, et il avait 27 ans.
