Bonsoir bonsoir les petits amis. C'est la rentrée et le weekend. Et c'est que du bonheur de commencer la semaine le mercredi et de la finir le vendredi. Oh oui tellement jouissif de se dire qu'on ne reprend pas en commençant par deux heures de philo, tellement jouissif de ne se lever que trois jours de suite au lieu de cinq. D'autant plus que j'ai fait le calcul, au total il doit me manquer quasiment une nuit de sommeil sur cette dernière semaine. Et je crois bien que je me suis habituée à dormir moins. Je ne sais pas depuis combien de temps je ne me suis pas couchée à 21h30, je ne sais même pas si j'en ai eu l'occasion depuis que je suis en terminale ! J'ai du perdre la notion du temps, quand je fais des devoirs en une heure et demi je me dis que c'était vite fait, alors que je n'ai travaillé qu'une seule matière et qu'il reste encore les autres. Du coup, même quand je veux me coucher tôt, quand je dois absolument me coucher tôt, je n'arrive pas au lit avant 21h45. Et c'est tout de même embêtant, parce que huit heures de sommeil, ça ne suffit pas pour rattrapper un retard. D'ailleurs je n'arrive pas à définir si ça me suffit au moins comme moyenne. Je méditais dernièrement, et je me disais que finalement, j'avais pris l'habitude de dormir de moins en moins, et que ça ne me faisait pas de mal, et là, j'ai eu le déclic. Parallèlement, j'ai d'énormes problèmes de concentration en ce moment. En cours, à la maison, n'importe où tant qu'il s'agit de bosser. Et j'ai fait le lien. C'est bien connu que les enfants qui n'ont pas leurs douzes heures de sommeil ne se sentent peut être pas fatigués, mais manquent de concentration à l'école. Je suis un peu plus âgée qu'un enfant, et j'ai besoin de moins de douze heures de sommeil, mais ce n'est pas pour autant qu'en cas de pénurie je suis aussi efficace qu'à l'habitude. Et je peux être en pleine forme, faire de la musique sur la table avec mes ongles, marcher vite et chanter et raconter des conneries, puis tomber dans le coma pendant les cours. Ce n'est même pas un coup de barre. C'est juste que je plane à trois mille. Je dors les yeux ouverts, je réponds "oui" quand les profs demandent si tout le monde a compris, je fixe le sol sans le voir, à tel point que des fois je me demande si on ne peut pas voir à travers mes yeux ce qu'il se passe dans ma tête. Je m'interrogeais beaucoup sur cette drôle de période de disfonctionnement, mais la clé est toute simple. IL FAUT DORMIR LA NUIT. C'est tout. Ce n'est pas bien compliqué. C'est juste que si je veux combiner travail et loisirs (tiens tiens...), c'est proprement impossible de me coucher plus tôt. Mais assez des statistiques. Tenez hier soir par exemple, pourquoi me suis-je couchée tard ? Parce que je suis allée au théâtre. Depuis la seconde, je profite des opportunités que le lycée nous offre pour nous cultiver. Les pièces ne se valent pas toutes, mais celle d'hier soir était excellente. La soirée en elle-même étant d'autant plus excellente que Diane et moi ne sommes pas rentrées chez nous après les cours. Un petit restaurant chinois en tête à tête suivi d'une superbe représentation, elle-même suivie, le lendemain, par la rencontre du metteur en scène, il n'y a que ça de vrai ! Jérémie Le Louët qu'il s'appelle le monsieur. Chaque année, le lycée essaye de nous organiser une rencontre après l'une des pièces. A chaque fois, les metteurs en scène étaient également acteurs. Et c'est toujours fascinant de les rencontrer en vrai, encore plus avec Jérémie Le Louët. Le voir en vrai, en lui, découvrir ses propres mimiques, sa propre gestuelle, dans son langage à lui, dans ses fringues à lui, dans son vieux pull trop court alors qu'il était en costard sur scène. A la base, je n'avais rien à lui demander, je suis venue pour l'écouter - et j'ai été servie -, mais au fil de la discussion, les questions viennent peu à peu, et le dialogue s'établit, même s'il ressemble assez à un monologue - un mononlogue passionant. J'espère retenir un maximum de ce qu'il nous a appris. Est-ce dû au fait que les questions n'étaient posées que de notre côté, ou parce que le club théâtre était concentré en un coin, qu'il ne regardait que nous quand il parlait ? Quand il répondait à la question de Julie, assise devant moi, j'avais des fois l'impression que c'est moi qu'il regardait, alors je m'accrochais à ses yeux, je ne le lâchais pas et je ne bougeais pas, le reste devenait flou, mais c'était comme pour dire : ce n'est même pas un défi, mais un échange réciproque. Peut être une sorte de jeu quand même, une capacité de comédien de fixer n'importe qui dans un public quand on se trouve sur scène, qui se transforme en habitude et permet de soutenir n'importe quel regard, oubliant à qui il appartient. J'adore faire ça. Regarder les gens dans les yeux. Bien droit dans les yeux. Et peut être qu'alors, il devient possible de voir ce qu'il y a dans ma tête.
Vue du lycée, un matin avant les vacances, quand il faisait encore nuit le matin mais pas le soir. J'ai peut être déjà parlé de mes rêves éveillés, mais tant pis. Insister un peu ne fait de mal à personne, je crois.
Let's remember.