Mercredi 5 décembre 2012 à 21:20

Je n'en pouvais plus d'être passive. Je n'en pouvais plus d'attendre sans savoir jusqu'à quand, j'avais besoin d'un but, d'une promesse. Généralement, quand je touche le fond de la tristesse, mon instinct de survie cherche toujours les failles - en revanche, quand je touche le fond du désespoir, il n'y a plus d'instinct, rien que de l'inertie. Cercle vicieux car rien ne me rend plus folle que la stagnation. C'est censé être indolore, or c'est sûrement parce que la stagnation n'apporte aucune sensation qu'elle me répugne autant. Je suis un être de ressenti ; finalement qu'importe s'il s'agit de douleur ou de plaisir, l'essentiel est de ressentir. Etre coincée dans une situation qui n'avance pas, seule, sans recours, c'est une sorte de mort pour moi. J'avais besoin de m'occuper, j'avais besoin d'un objectif, j'avais besoin de me dire qu'au moins j'avais essayé. Un attentat suicide. Je l'ai su au moment où j'ai posé le pied dans le premier tram, les écouteurs vissés dans les oreilles. On me regardait, beaucoup. J'étais entièrement positive. J'avais une mission à réaliser, je débordais donc d'entrain et d'idées. Je pensais que tout irait bien parce que j'en avais décidé ainsi. Je pensais que ce ne serait pas long. J'avais envisagé l'éventualité de me tromper, mais je préférais rester optimiste. J'ai tracé mon chemin, sûre de moi. Et j'ai commencé à attendre, à voir passer les gens. Les femmes m'ignoraient, les hommes me disaient bonsoir, voire me proposaient d'entrer au chaud. Pourquoi les femmes seraient-elles exemptées de politesse, je vous le demande ? Je n'avais pas froid, pas tout de suite. Mon parfum me réchauffait. Le temps passait vite grâce à la musique. J'ai remarqué aussi que même devant une porte d'entrée à l'autre bout du monde, je croise quelqu'un que je connais ou ai connu. On ne peut donc jamais être anonyme sur cette planète ? La nuit s'est étoffée, j'ai commencé à voir flou. Mes gants touts neufs devenaient vieux à force d'être frottés l'un contre l'autre pour produire de la chaleur. J'ai commencé à comprendre que j'avais dépassé les bornes. Je n'y voyais plus rien du tout quand je suis repartie. J'ai provoqué la scène probablement la plus cinématographique de ma courte vie, pour rien du tout. L'apaisement peut-être d'avoir agi enfin même en vain, d'avoir compris quelle était ma place, d'avoir éprouvé. A défaut d'avoir attrapé la vie, j'aurais attrapé froid. Ma maison me semblait étrangère. Je me suis débarrassée de toutes les couches de vêtements d'hiver que je portais depuis des heures, je me suis jetée par terre contre le radiateur, la bouteille de rhum m'a fait de l'oeil, j'ai rampé sur un mètre cinquante pour la saisir et je me suis réchauffée de l'intérieur. Ou brûlée. Toutes mes forces ont fui, ne reste que la honte. Attentat suicide.
Par http://www.mel421.fr le Lundi 25 juillet 2016 à 6:03
M'appeler quand je fais la cuisine et me couper en plein milieu de The End - moment sacré entre tous -, c'était déjà beaucoup. M'appeler quand je fais la cuisine et me couper en pleine transe the endienne pour me dire en gros "il faut que tu rentres à la maison demain pour la Saint Nicolas, par contre samedi tu sais qu'on va chez des amis pour une soirée qui
 

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