Je viens de lire un article à propos d'insultes sexistes et de stupidité humaine, ce qui m'a mise dans de bonnes dispositions pour vous parler de certaines choses. J'ai découvert récemment, brutalement, que l'égalité des sexes était encore une tendre utopie bien loin de devenir réalité.
Contexte. Bastia, vendredi 28 juin, veille de retour sur le continent. Comme nous devions nous présenter au port à 6:00 le samedi matin, Nikita et moi avions décidé de ne pas planter la tente pour la dernière nuit en Corse. Après une tentative ratée de se faire héberger via Couchsurfing, nous avons décidé de passer ces quelques heures de nuit dans la voiture. Rue Carnot, stationnement gratuit, perpendiculaire à une rue fréquentée ; Nikita est inquiète, mais la dame de l'office du tourisme dit que nous n'aurons pas de problèmes.
23:00, il commence à faire froid dehors, nous regagnons la voiture. Vers minuit, commençant à somnoler, nous enfilons nos sacs de couchage. La rue est calme. J'étouffe dans mon sac mais je préfère rester couverte : moins nous serons séduisantes, moins on s'intéressera à nous.
02:20, je suis réveillée par des chants d'ivrognes. L'ambiance dans la rue a changé, il y a du passage en direction d'un club privé. Je garde les yeux ouverts, certains passants nous regardent d'un air curieux. Entrent au club en braillant. En ressortent. Repassent devant la voiture en l'examinant de plus près, mais s'éloignent. Nikita dort toujours.
Et soudain, un choc, de l'ombre. Ces quelques mecs que j'ai vu passer deux fois viennent de recouvrir ma vitre avec un poster, en tambourinant de tout leur poids mort pour l'y coller, rires gras à l'appui. Nikita ouvre les yeux, ils tournent autour de la voiture en cognant encore un peu les fenêtres pour un réveil garanti, s'amusent beaucoup du résultat. Puis l'un deux, prenant un air sérieux, me demande si tout va bien. J'expédie sa question d'un geste, ça va, cassez-vous. Et la voiture se met à balloter dans tous les sens. Cinq jeunes hommes nous encerclent et secouent la petite C1 de droite à gauche, de toutes leurs forces, hilares, la voiture crisse, nous sommes enfermées à l'intérieur, je serre inutilement mon Opinel. A quoi bon essayer de sortir en slip et de menacer cinq mecs bourrés avec un couteau ? Je songe à appeler les flics, mais je sais qu'ils arriveront trop tard. Nous n'avons qu'à attendre, impuissantes, qu'ils se lassent, en croisant les doigts pour qu'ils ne cassent rien.
Ces abrutis finissent par s'éloigner, triomphants, en regardant en arrière avec l'air d'hésiter. Nikita est devant le volant dans son sac de couchage, sonnée, elle ne réagit pas tout de suite quand je la presse de démarrer, jusqu'à ce qu'ils reviennent à l'assaut, le pantalon baissé.
Nikita manoeuvre pendant que bites et culs se frottent aux vitres, sans doute pour nous apprendre la vie, et nous quittons enfin nos assaillants. Qui nous attendent à la sortie du sens unique, les fesses à l'air, pour nous lancer une motte de terre sur le pare-brise en guise d'adieu.
J'ai toujours refusé d'avoir peur du noir sous prétexte que je suis une fille. J'ai toujours décidé que j'étais capable de rentrer toute seule chez moi la nuit, même à pied, même tard. Je me suis toujours moquée intérieurement de certaines copines qui n'osent pas sortir la nuit, même quand celle-ci tombe à 16:30, de peur de se faire agresser.
Pourtant, oui, on me regarde et on m'interpelle beaucoup dans la rue, surtout la nuit, quand les comportements changent pour une raison que je n'arrive pas à m'expliquer. Un homme et une femme se croisent dans une rue déserte la nuit, il la gratifiera de quelques mots ou bruitages suggestifs, ce qu'il ne ferait pas forcément de jour. Je sais tout ça, je vis tout ça. Mais malgré tout, je n'accepte pas de jouer les pauvres femelles en détresse. Dans ce domaine ou dans un autre, j'essaye de rester loin des carcans et mentalités féminines stéréotypées.
Et voilà que la vie décide de m'agresser pour la simple raison que je suis une femme. Si nous avions été deux hommes, personne n'aurait seulement eu l'idée de toquer à nos vitres pour nous réveiller avant de partir en courant. Mais nous sommes deux jeunes femmes, et pour cela nous avons dû subir la connerie d'animaux ivres jusqu'au bout. Nous n'avons pas été blessées, la voiture n'a pas été amochée au final, ç'aurait pu être bien pire, mais après la frayeur de l'instant, je n'ai gardé que la colère de l'impuissance. Cette impuissance qui vient du simple fait d'avoir deux chromosomes X. Evidemment, même si j'avais été un homme costaud pratiquant un sport de combat, je n'aurais pas pu gagner à cinq contre un en devant sortir de ma voiture. Sauf que si j'avais été un homme, cette situation n'aurait jamais eu lieu.
Qui sont ces enculés, pourquoi ont-ils fait ça, quelles relations ont-ils avec les femmes dans la vie courante ? Autant de questions que je me pose qui resteront sans réponses et me permettront seulement d'entretenir la méfiance et la haine.
Contexte. Bastia, vendredi 28 juin, veille de retour sur le continent. Comme nous devions nous présenter au port à 6:00 le samedi matin, Nikita et moi avions décidé de ne pas planter la tente pour la dernière nuit en Corse. Après une tentative ratée de se faire héberger via Couchsurfing, nous avons décidé de passer ces quelques heures de nuit dans la voiture. Rue Carnot, stationnement gratuit, perpendiculaire à une rue fréquentée ; Nikita est inquiète, mais la dame de l'office du tourisme dit que nous n'aurons pas de problèmes.
23:00, il commence à faire froid dehors, nous regagnons la voiture. Vers minuit, commençant à somnoler, nous enfilons nos sacs de couchage. La rue est calme. J'étouffe dans mon sac mais je préfère rester couverte : moins nous serons séduisantes, moins on s'intéressera à nous.
02:20, je suis réveillée par des chants d'ivrognes. L'ambiance dans la rue a changé, il y a du passage en direction d'un club privé. Je garde les yeux ouverts, certains passants nous regardent d'un air curieux. Entrent au club en braillant. En ressortent. Repassent devant la voiture en l'examinant de plus près, mais s'éloignent. Nikita dort toujours.
Et soudain, un choc, de l'ombre. Ces quelques mecs que j'ai vu passer deux fois viennent de recouvrir ma vitre avec un poster, en tambourinant de tout leur poids mort pour l'y coller, rires gras à l'appui. Nikita ouvre les yeux, ils tournent autour de la voiture en cognant encore un peu les fenêtres pour un réveil garanti, s'amusent beaucoup du résultat. Puis l'un deux, prenant un air sérieux, me demande si tout va bien. J'expédie sa question d'un geste, ça va, cassez-vous. Et la voiture se met à balloter dans tous les sens. Cinq jeunes hommes nous encerclent et secouent la petite C1 de droite à gauche, de toutes leurs forces, hilares, la voiture crisse, nous sommes enfermées à l'intérieur, je serre inutilement mon Opinel. A quoi bon essayer de sortir en slip et de menacer cinq mecs bourrés avec un couteau ? Je songe à appeler les flics, mais je sais qu'ils arriveront trop tard. Nous n'avons qu'à attendre, impuissantes, qu'ils se lassent, en croisant les doigts pour qu'ils ne cassent rien.
Ces abrutis finissent par s'éloigner, triomphants, en regardant en arrière avec l'air d'hésiter. Nikita est devant le volant dans son sac de couchage, sonnée, elle ne réagit pas tout de suite quand je la presse de démarrer, jusqu'à ce qu'ils reviennent à l'assaut, le pantalon baissé.
Nikita manoeuvre pendant que bites et culs se frottent aux vitres, sans doute pour nous apprendre la vie, et nous quittons enfin nos assaillants. Qui nous attendent à la sortie du sens unique, les fesses à l'air, pour nous lancer une motte de terre sur le pare-brise en guise d'adieu.
J'ai toujours refusé d'avoir peur du noir sous prétexte que je suis une fille. J'ai toujours décidé que j'étais capable de rentrer toute seule chez moi la nuit, même à pied, même tard. Je me suis toujours moquée intérieurement de certaines copines qui n'osent pas sortir la nuit, même quand celle-ci tombe à 16:30, de peur de se faire agresser.
Pourtant, oui, on me regarde et on m'interpelle beaucoup dans la rue, surtout la nuit, quand les comportements changent pour une raison que je n'arrive pas à m'expliquer. Un homme et une femme se croisent dans une rue déserte la nuit, il la gratifiera de quelques mots ou bruitages suggestifs, ce qu'il ne ferait pas forcément de jour. Je sais tout ça, je vis tout ça. Mais malgré tout, je n'accepte pas de jouer les pauvres femelles en détresse. Dans ce domaine ou dans un autre, j'essaye de rester loin des carcans et mentalités féminines stéréotypées.
Et voilà que la vie décide de m'agresser pour la simple raison que je suis une femme. Si nous avions été deux hommes, personne n'aurait seulement eu l'idée de toquer à nos vitres pour nous réveiller avant de partir en courant. Mais nous sommes deux jeunes femmes, et pour cela nous avons dû subir la connerie d'animaux ivres jusqu'au bout. Nous n'avons pas été blessées, la voiture n'a pas été amochée au final, ç'aurait pu être bien pire, mais après la frayeur de l'instant, je n'ai gardé que la colère de l'impuissance. Cette impuissance qui vient du simple fait d'avoir deux chromosomes X. Evidemment, même si j'avais été un homme costaud pratiquant un sport de combat, je n'aurais pas pu gagner à cinq contre un en devant sortir de ma voiture. Sauf que si j'avais été un homme, cette situation n'aurait jamais eu lieu.
Qui sont ces enculés, pourquoi ont-ils fait ça, quelles relations ont-ils avec les femmes dans la vie courante ? Autant de questions que je me pose qui resteront sans réponses et me permettront seulement d'entretenir la méfiance et la haine.