Jeudi 8 juillet 2010 à 13:06

Alors pour la petit histoire, je travaille avec ma mère dans un centre aéré pour enfants de trois à six ans. Je suis actuellement en congé puisqu'à coup de dix heures non-stop par jour, trois ou quatre jours dans la semaine c'est suffisant. Je ne savais pas du tout ce que ça allait donner. Je ne savais pas du tout si j'aimais les enfants, ni comment m'en occuper, ni comment avoir de l'autorité. Aux réunions préparatoires, les collègues m'ont dit : "T'en fais pas, tu sais, nous aussi on est stressées avant chaque CL, et puis en fait ça vient tout seul, tu verras, y aura pas de soucis." Ca ne résolvait pas la question que je me posais et à laquelle personne n'aurait songé : "Est-ce que j'aime les enfants ?". Et puis en fait. J'ai du commencer par beurrer des tartines pour le petit déj' (et rencontrer la sehr sympatisch cuisinière dont j'ai longtemps entendu parler). J'observais un peu. Un petit blond a salué les jumelles d'une manière trop craquante, je ne peux pas vous le rendre à l'écrit.
<< Bonjour Dahlia, bonjour Yasmine.
- Non, elle c'est Dahlia et moi je suis Yasmine.
- Bonjour Yasmine, bonjour Dahlia. >>

Il s'est avéré que le mignon petit blond était aussi un intelligent emmerdeur sans limites. Du genre rusé. Mais il y en a quelques uns, des effrontés et des casse-couilles. Je regardais le petit déjeuner et un autre petit m'a demandé :
<< Comment tu t'appelles ?
- Lise.
- Lise.
- Et toi ?
- Gautier. >>

Gautier fut le premier à se soucier de mon existence, et à partir de là, c'est moi qui suis allée vers les enfants et qui leur ai demandé leurs prénoms. Ils sont quarante-cinq, mais je m'en sors très bien pour les mémoriser, même si parfois j'ai des trous parce que je n'avais jamais entendu ce prénom avant (Bader, Zaydan), ou parce qu'ils finissent par tous se ressembler : Mélisse, Mélissa, Melya, Lia, Leyna, Nina, Yliana, Anissa... Au début j'avais parfois du mal à me remettre Abida, parce que ça me faisait penser à Abidal mais aussi à Ibiza, ou encore à Amidala. Abida est très discrète. Elle ne dit rien, sauf quand elle pleure. Elle a tout le temps l'air triste, s'assoit dans un coin et ne bouge plus, et quand je lui parle, elle ne répond pas, même aux questions où la réponse est oui ou non. "Tu veux manger ?" Elle ne dit rien, ne hoche même pas la tête, mais me fixe sans ciller. C'est tout de suite plus difficile avec ce genre de cas. Il y a aussi ceux qui parlent mais dont on ne comprend pas un mot parce qu'il sont encore petits et qu'ils baragouinent un charabia très éloigné du français ("Tu dis vraiment n'importe quoi.", a dit Hugo, d'un air suffisant, à Marie-Thérèse qui est une baragouineuse hors pair). Et leur grande spécialité, à tous, c'est de répondre oui quand je leur demande s'ils veulent un truc ou s'ils préfèrent un autre. Du coup, il vaut mieux poser deux questions indépendantes.
Le premier jour, j'ai déjà reçu trois dessins. Dix heures d'affilée, sans pause, c'est quand même un peu lourd. J'ai croisé une autre collègue de ma mère qui s'occupe des bébés cet été, elle m'a demandé si ça allait et m'a dit : "Tu vas bien dormir ce soir !". Le matin, ça va. Mais à partir de 15:00, quand je sais qu'on en a encore pour trois heures, je commence à trouver le temps long. Le pire, c'est la sieste. Lundi après-midi j'ai fait de la peinture avec les grands (et frotté leur fringues devenues multicolores), mais hier, j'étais de sieste avec les petits. Au début, quand il faut les aider à s'endormir, il y a de quoi faire. J'ai mis le grappin sur le petit Lorenzo qui faisait du bruit, et je suis restée avec lui jusqu'à ce qu'il s'endorme complètement. Je me suis ensuite assise sur le matelas d'à côté, entre lui et Magdalena qui était la dernière encore réveillée. Nathalie était partie, n'arrivant pas à la calmer. Je ne me suis pas approchée d'elle pour ne pas la faire causer. Je me suis étalée sur mes matelas en attendant que Mag s'endorme, et quand ce fut le cas, que toute la salle était plongée dans le sommeil et qu'il ne restait plus qu'Isabelle et moi comme adultes, j'ai posé ma tête. J'ai failli m'endormir plusieurs fois alors je me suis redressée et j'ai attendu que le temps passe en position assise. Julie, qui a deux ans de plus que moi et en est aussi à sa première fois en centre aéré, est revenue dans la salle. Nous nous lancions des regards complices de temps en temps, pour nous donner du courage dans la lutte contre le sommeil. A quatre heures, elle est partie préparer le goûter, et Isabelle et moi devions réveiller les enfants pour aller manger. Les réveiller implique aussi de les rhabiller et de vérifier les quelques couches des tout petits. Isabelle est aveugle (mal-voyante serait plus politiquement correct, mais ce n'est pas qu'elle voit mal, c'est qu'elle ne voit pas) mais assure tout à fait pour réveiller et habiller les gamins, à condition de trouver leurs fringues. Les gosses adore sa chienne, Maya. Une petite nouvelle avait peur au début, mais je lui ai montré qu'elle était gentille, qu'on pouvait la caresser, et finalement, c'est elle qui me prenait la main pour qu'on aille caresser Maya. J'avoue qu'après la séance rhabillage, entre Isabelle qui ne voit pas et les enfants qui ne parlent pas, je ne savais plus du tout qui savait faire quoi et à quel niveau chacun pouvait se débrouiller seul.
C'est là qu'on fait la connaissance de l'instinct maternel. Ben mince alors, pour une surprise, c'en est une.

http://img12.imageshack.us/img12/9870/img0157sz.jpg
Par Clo.k le Jeudi 8 juillet 2010 à 21:50
Un filleul ! Un Filleul ! Yoooooooooooooouuuhouuuuuu
 

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