D'accord. Je suis à Sentheim. J'ai fini ma semaine ce matin à onze heures à Besançon et j'ai réussi à négocier pour passer l'après-midi chez Quentin, à Belfort. On s'est dit à jeudi prochain, ou non, à dimanche, parce qu'il est clair que mes incursions post- ou pré-trajet en train vont devenir une chouette habitude. Et c'est la belle vie comme ça. Semaine impeccable, weekend qui commence tout aussi bien. Clémence m'a invitée à manger chez elle hier soir, avec son voisin Robin, celui qui m'avait dit de rester avec eux pour jouer de la guitare sur les quais la première semaine, et Amélie qui était là aussi ce fameux jour. J'ai pleuré de rire à table, à force d'accumuler j'ai été prise d'un fou rire difficile à maîtriser, il suffisait que Robin ajoute un énième "C'est cool" pour que je reparte. Il faut dire qu'il a quand même réussi à me faire croire qu'il utilisait un dentifrice bio à base de terre, stocké dans un bocal consigné. Non je n'avais pas mangé mon bon sens, c'est juste que c'est un personnage tellement haut en couleur que le coup du dentifrice bio à la terre ne m'a plus étonnée que ça. Robin est un anarchiste qui y croit, qui récite des paroles de chansons engagées à tout bout de champ, dont celles écrites par son meilleur ami, et quand il a lancé : "J'ai douté des détails", j'ai rebondi sur "...jamais du don des nues. Noir Désir est mon groupe préféré." "C'est vrai ? Moi aussi !", et nous nous sommes ainsi retrouvés à écouter la musique du plus grand poète-meurtrier du monde. C'était COOL. Nous avons aussi eu un petit débat sur l'anarchie, puisque je lui ai dit que je ne croyais pas en la race humaine, enfin je dis débat, mais non je devrais plutôt dire discussion avec respect du point de vue de l'autre. Maintenant je sais que quand je le croiserai à l'avenir, je pourrais lui lancer du "Salut Pierre-Joseph" ou du "Entre les dérapages, entre les lignes d'orage", au lieu des sourires que nous échangions jusqu'à présent histoire de dire "je te reconnais, mais c'est tout" (je le croisais vraiment partout, tout le temps). Et puis j'ai revu Tarik, aussi, Tarik qui assume de me raconter des conneries pendant deux heures de cours, juste sous le nez de la prof, parce qu'il n'a pas choisi de s'asseoir au premier rang. Et j'ai encore fait connaissance avec une fille de ma classe ce matin, une fille que je trouve très vraie, qui me plaît donc assez au premier abord. Je deviens un être social, je suis ébahie. Ah et j'ai renoncé à acheter un (autre) tee-shirt Jim Morrison. En fait, je n'avais pas pensé, avant de l'essayer, que la tronche d'un beau mec, une fois moulée sur le buste d'une femme, ne ressemble plus à rien. C'est vrai quoi, mes seins -pourtant pas d'un grand modèle- ont causé des déformations irrémédiables à la bonne gueule de Jim, alors je me suis retenue de rire, j'ai rendu le tee-shirt, et je suis partie. Ca me permet de dire que j'ai acheté une robe parce que je n'ai pas acheté Jim. C'est fou d'ailleurs comme le monde change quand tu portes une robe, c'est pas la veille, quand je me trimballais avec mon pantalon à bretelles, que je récoltais des "Bonita" et des "Bonsoir mesdames, vous êtes belles"... J'ai pris des photos, non pas pour faire joli mais seulement pour voir à quoi je ressemblais de la tête au pied puisque je n'ai qu'un petit miroir là-bas. Je vous laisse avec l'une d'elle histoire de vous montrer comment je me suis bien déguisée en bonne petite fac-de-lettreuse.
Pour la vue d'ensemble c'est plutôt raté, mais les autres sont floues, ou sombres, ou mal cadrées, ou tout ça à la fois, mais si ça vous intéresse de savoir que j'ai poussé le vice jusqu'à m'acheter une broche-fleur -ouiouiouijel'aifaitc'estmal-, il y a toujours celle-là à titre indicatif.