Pour parler sérieusement, je pourrais dire que ça ne va pas mal en ce moment. J'ai de l'occupation, le temps passe très vite, mes yeux ont retrouvé un aspect normal. Mon cher Dr Arnaud ne m'a pas annoncé que des réjouissances à leur propos, mais à force, j'ai l'habitude. Je commence à le connaître, lui et le chemin du service d'ophtalmologie du Nouvel Hôpital Civil. Les consultations à l'hôpital, c'est l'usine : tu suis les flèches jusqu'à la bonne salle d'attente, tu prends un ticket comme à la boucherie pour attendre ton tour de te présenter à la secrétaire, une fois cela fait tu t'installes en salle d'attente, un(e) interne t'appelle pour faire des tests sans rapports avec le motif de ta visite, tu retournes patienter jusqu'à ce que le médecin te cherche (tu penses à apporter un bouquin, parce que cela dure un peu et qu'il n'y a pas de magazines à disposition), une fois dans son bureau il t'annonce "Installez-vous, j'arrive tout de suite" et il te laisse seul(e) pendant dix minutes, puis la consultation a enfin lieu, et tu as le droit de prendre un nouveau rendez-vous auprès de sa secrétaire à un bout de couloir, avant de retourner à l'autre bout reprendre un ticket (!) pour régler les honoraires et récupérer ta carte vitale. Toute une aventure ! (Je sais que cette histoire n'a aucun intérêt narratif, mais je tenais à l'écrire pour bien insister sur le séquençage de ces rendez-vous). Mais j'accepte ces conditions de bonne grâce, car l'hôpital a ce merveilleux avantage de ne rien coûter, et d'être juste à côté de ma fac, donc de chez moi. Bref. Ma vie est assez médicale en ce moment ; ma santé, les cours, les stages. Je ne vous ai pas encore parlé de mon stage ; en même temps, je ne peux rien en raconter puisque je suis tenue au secret médical (avouons que ça en jette de dire ça), mais je peux au moins annoncer que ça me plaît. Le stage m'a sauvée de l'ennui. Plus de mercredis hagards, plus de solitude pesante pendant deux jours au beau milieu de la semaine. Je rentre de stage à 20h le mardi soir, en sachant que j'y retourne dans moins de douze heures, et je le vis très bien. Plus le temps de penser, plus le temps d'agoniser. Le stage en lui-même est très rythmé avec un patient toutes les trente minutes, c'est bien plus supportable que deux heures de cours magistral en copie bête de powerpoint le vendredi matin à 8h. Et puis j'apprends, et puis je suis satisfaite de mon choix d'avenir. Cet avenir, je ne m'en suis toujours pas remise. Tous les jours j'apprécie la chance que j'ai d'avoir réussi à entrer dans une voie toute tracée.
Mais il est vrai que je ne peux pas me contenter de ça. Je ne fait pas partie des personnes qui vivent pour le boulot. J'en ai assez de parler d'expériences de stage avec mes camarades. Avec mes meilleurs amis, comme nous parlons aussi d'un tas d'autres choses, ce n'est pas dérangeant, mais avec ceux que je connais moins bien, je suis lasse de n'avoir qu'un seul sujet de conversation. Le pire, c'est que ce sujet de conversation est aussi devenu l'unique avec des copines que je considérais comme proches et avec lesquelles j'ai passé une bonne partie de l'été. Où sont passées nos vies ?
D'accord, j'ai commencé cet article en disant "ça va bien", et voilà que j'ai l'air d'insinuer que je n'ai plus de vie ; reprenons-nous. Je dis juste qu'il n'y a pas que le travail dans la vie, surtout pas dans la mienne. Au niveau des humeurs et du moral, c'est tout à fait correct. Au niveau social dans la promo, il commence à y avoir quelque chose qui cloche. Au niveau de la trame de fond de ma vie, je progresse. La lumière se fait et je comprends des choses sur moi-même, auxquelles personne ne doit toucher. Si j'ai envie de plonger dans les profondeurs, ça ne regarde que moi. Il est temps d'arrêter de vouloir être raisonnable. Je n'oublie pas ma devise. R.t.S.
Mais il est vrai que je ne peux pas me contenter de ça. Je ne fait pas partie des personnes qui vivent pour le boulot. J'en ai assez de parler d'expériences de stage avec mes camarades. Avec mes meilleurs amis, comme nous parlons aussi d'un tas d'autres choses, ce n'est pas dérangeant, mais avec ceux que je connais moins bien, je suis lasse de n'avoir qu'un seul sujet de conversation. Le pire, c'est que ce sujet de conversation est aussi devenu l'unique avec des copines que je considérais comme proches et avec lesquelles j'ai passé une bonne partie de l'été. Où sont passées nos vies ?
D'accord, j'ai commencé cet article en disant "ça va bien", et voilà que j'ai l'air d'insinuer que je n'ai plus de vie ; reprenons-nous. Je dis juste qu'il n'y a pas que le travail dans la vie, surtout pas dans la mienne. Au niveau des humeurs et du moral, c'est tout à fait correct. Au niveau social dans la promo, il commence à y avoir quelque chose qui cloche. Au niveau de la trame de fond de ma vie, je progresse. La lumière se fait et je comprends des choses sur moi-même, auxquelles personne ne doit toucher. Si j'ai envie de plonger dans les profondeurs, ça ne regarde que moi. Il est temps d'arrêter de vouloir être raisonnable. Je n'oublie pas ma devise. R.t.S.