Journée légère. Au bout d'une heure de cours, j'ai lancé un regard désespéré à Elena qui me souriait : "J'en ai marre." "Moi aussi. On n'a qu'à faire un cadavre exquis !" Nos questions existentielles du moment se résument à "Est-ce qu'on va en tel cours ? Quel cours on sèche ? Oui mais vu que la salle de philo est juste en face de la salle d'allemand, on aura l'air con si on bleute l'allemand...". J'ai croisé ma prof de sport au moment où j'étais censée me rendre à son cours, elle a sorti tous ses arguments, dont le regard réprobateur, pour m'entraîner avec elle, mais rien à faire, je n'ai pas bougé de ma chaise. Ils me font rire, ce sont toujours les profs des matières les moins importantes qui sont les plus susceptibles quand on montre du désintérêt pour leur matière (et je dis bien leur matière, ce qui n'a rien à voir avec leur enseignement). D'ailleurs, tous les profs ne sont pas d'accord entre eux sur la date d'arrêt des cours. J'ai donc glandé pendant deux heures pour une pauvre petite heure de maths entre Stéphane et Malher, et c'était presque encore pire que d'habitude. "J'ai une question." "Oui ?" "On se fait chier ?" J'ai proposé qu'on fasse un méga goûter lundi pour nos deux dernières heures tous les quatre avec Chloé (de toute façon la bouffe en maths était devenue une habitude). J'ai réalisé ce soir que Malher est la personne qui a passé le plus d'années dans la même classe que moi depuis la primaire (juste devant Chloé), et qu'on a fini par devenir potes seulement en terminale. Et Stéphane est aussi une superbe redécouverte. Qu'est-ce qu'on aura ri pendant ces heures de maths, jusqu'à l'épuisement. Ces moments risquent fort de faire partie de ceux qui vont me manquer. En revanche, certains profs ne vont pas me manquer le moins du monde. Aujourd'hui, dernier cours d'anglais. Pour l'élaboration d'un dialogue entre un gardien de prison et un prisonnier rebelle qui enfreint le règlement intérieur, nous nous sommes laissés allés, sur le mode "Allez, on se fait plaisir, c'est la dernière fois !". Après avoir tiré au court-crayon, je me suis retrouvée dans la peau du gardien tandis que Théo, l'élève modèle, a jeté les masques en titubant, une bouteille de Volvic 50 cL à la main.
- Hey you ! What are you doing with this bottle of whisky ?
- I'm just doing the fucking chores, in this fucking jail, spied by fucking wardens !
- Are you kidding ? I can make you be beaten up for your fucking injuries ! This is scandalous ! ... Is it your birthday ?
- Why ?
- Don't you remember ? Prisoners are not allowed to drink alcohol, unless it's their birthday. So, I repeat my question : is it your birthday ?
- Why not ? HAPPY BIRTHDAY TO ME, HAPPY BIRTHDAY TO ME !
- Stop ! Stop, shut up ! (I can't believe it, it's the third rule you're breaking !) It's forbidden to sing when the headmaster is here, and everybody knows that he IS here today !
- I don't care about the headmaster ! I don't care about you, about the rules, I fuck you, I FUCK EVERYBODY !
- I'm just doing the fucking chores, in this fucking jail, spied by fucking wardens !
- Are you kidding ? I can make you be beaten up for your fucking injuries ! This is scandalous ! ... Is it your birthday ?
- Why ?
- Don't you remember ? Prisoners are not allowed to drink alcohol, unless it's their birthday. So, I repeat my question : is it your birthday ?
- Why not ? HAPPY BIRTHDAY TO ME, HAPPY BIRTHDAY TO ME !
- Stop ! Stop, shut up ! (I can't believe it, it's the third rule you're breaking !) It's forbidden to sing when the headmaster is here, and everybody knows that he IS here today !
- I don't care about the headmaster ! I don't care about you, about the rules, I fuck you, I FUCK EVERYBODY !
[ Profond ennui résultant de l'heure passée à essayer de m'auto-bourrer le crâne avec toutes ces histoires de convergence lithosphérique. ]