Dimanche 15 novembre 2009 à 14:12

J'étais bien dans mon lit. Le téléphone m'a vaguement réveillée, mais le confort était plus fort que tout. Deuxième sonnerie de téléphone, mais pourquoi les copains de Yann téléphonent-ils le samedi matin ? Je voulais dormir le plus possible, mais pour ça, il fallait quand même que j'ouvre les yeux pour regarder l'heure. 10:30, j'avais encore de la marge. Troisième coup de téléphone, mais décidément, qu'est-ce qu'ils ont donc ce matin, les gens ? J'entends Yann dire "Désolé, elle dort encore. Ah d'accord." Il monte les escaliers. Eh ben ! Qui donc s'obstine au point d'envoyer mon petit frère me réveiller ? Toc toc, oui ? Yann ouvre la porte et allume la lumière alors qu'on y voit suffisament clair. "AH PUTAIN MAIS ETEINT MOI CETTE LUMIERE BORDEL !" "Y a quelqu'un qui veut te parler. C'est ton ancienne prof de français." Hein ? Et j'ai éclaté de rire. "Oui ?" "Bonjour Lise, tu ne t'attendais pas à ce que ton ancienne professeur de français t'appelle à dix heures quarante-cinq alors que tu es encore au lit, ce qui est tout à fait indécent pour une élève de terminale S ?!" "C'est pas indécent du tout !" "Bon. On t'embarque au stage de théâtre cet après-midi." Et de m'expliquer que son compagnon garde leur fille et me laisse sa place par conséquent. Une série de coups de fils, un gros petit déjeuner qui devait constituer mon unique repas avant le soir, un lavage de cheveux, et hop, je me retrouvais dans la voiture de Céline, direction la voiture de Steph, direction Belfort. Sa 307 sentait... la 307, ou plutôt la Peugeot intérieur cuir. Je me suis inscrustée dans un groupe de dix personnes, et nous avons commencé par un exercice pas dépaysant du tout : un exercice d'étreinte. C'est drôle de prendre des inconnus dans ses bras, des jeunes, des vieux, son ancienne prof de français... Nous étions quatre lycéens, deux profs de français plus une retraitée, une comédienne professionnelle, un comédien amateur, et une autre quarantenaire dont je ne connais pas l'activité. Et le formidable metteur en scène Benoît Lambert, bien sûr. Après l'exercice des câlins et ses variantes, puis celui de la boîte de nuit et du chorus leader, il nous a dit "Faites un tas de gens. Je vais vous faire écouter une musique que vous ne connaissez peut être pas mais que vous aimez. Vous tripez complètement, vous chantez, même si vous ne connaissez pas les paroles, même si vous n'aimez pas, vous devez triper complètement." A la première note, j'ai sursauté. Du coup, Céline m'a demandé ce que c'était et là, trou noir. Mais oui, bonne question, c'est quoi ? Le trou noir s'est vite refermé et j'ai retrouvé toute ma mémoire, mais sur le coup, ça m'a bien plu que mon corps réagisse à la musique que j'aime avant même que mon cerveau l'identifie par un titre et par un artiste. Vous chantez, qu'il avait dit Benoît. Alors j'ai chanté cette chanson qui me poursuit tellement en ce moment, cette chanson que je dois contenir en moi quand je l'écoute dans le bus, cette chanson que j'adore et qui était ma dernière chanson-phare en date. Pour un hasard, c'en était un magnifique. A la fin du morceau, Benoît a dit "Bon, y a que Lise qui tripe. On va changer la consigne. Lise, je veux que tu chantes, que tu hurles, ce que tu veux. Les autres, vous l'ignorez complètement." Et je me suis retrouvée au milieu d'une rangée de chaises, entourée de gens bidouillant leurs portables, la musique à fond plein les oreilles, les yeux fermés, à brailler Volontaire sur ma chaise. Le trip total. Le fantasme en mieux. L'extase à l'état pur.
Dans le genre bonus, j'étais la mieux servie. Benoît Lambert est un héros ! Mon moment de grâce a été suivi d'une chanson plus connue à chanter tous en choeur, histoire de bien s'éclater tous ensemble cette fois-ci. La suite a été un peu (beaucoup même) moins mouvementée, mais enrichissante tout de même. J'écoute My Body Is A Cage en boucle depuis le début de cet article. L'explosion musicale et tout le monde change d'appui en même temps. Benoît voulait tester avec nous les aspects du livre de Jean Charles Massera qu'il n'avait pas traité avec sa troupe. Nous les entendions d'ailleurs répéter leurs chansons au-dessus de nous, et l'histoire de l'Europe avec sa supériorité matérielle (ma-té-rieeelle) et sa supériorité culturelle (cul-tu-reeelle) nous est restée en tête toute la soirée. Soirée qui fut prolongée par moult péripéties non-racontables ici !
C'est toujours bizarre de devoir dire adieu à des gens que l'on a très peu côtoyé mais que l'on a du serrer contre nous lors du premier contact. Les lycées ont une option théâtre à Belfort et à Montbéliard, il y a de quoi envier les gens de l'autre côté de la montage. "Si jamais vous venez à Belfort et que vous demandez les Jeunesses Françaises, c'est nous." "Ben si jamais vous venez à Thann, et que vous demandez les G. de N., c'est nous." Et c'est ici que nos chemins se séparent, là où ils se sont croisés, au Granit de Belfort. Qu'est-ce que j'aime ce théâtre. Je n'y vais que pour des trucs géniaux, et à chaque fois, c'est grâce à Steph. Cette petite dame aura du mal à se débarrasser de nous.
Par Céline. le Dimanche 15 novembre 2009 à 16:47
Depuis hier soir j'alterne entre "My body is a cage" & "Volontaire", sans m'en lasser... Tellement de bons souvenirs en une seule journée !
Je suis contente d'être tombée sur toi Lise :)
 

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