Jeudi 20 décembre 2012 à 15:46

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Je ne félicite pas la ville de Strasbourg pour son accès au Zénith, mais alors vraiment pas. Je me suis perdue dans la banlieue de Hautepierre et j'ai tourné dans leur foutus octogones à la con le long de routes en travaux défoncées et sans trottoir, j'étais contente. Par un miracle que je ne m'explique pas vraiment, je suis revenue sur mes pas et j'ai réussi à repartir dans le bon sens jusqu'à voir ce grand machin orange au loin. Il faut dire qu'il n'y avait aucun groupe de museux dans mon tram, alors que je pensais que je n'aurais qu'à suivre la foule. Impossible de me sentir en pré-concert ! Et puis enfin j'ai vu ce chemin tout tracé par les gens, les spectateurs dans le hall, les premières odeurs d'herbe, et les t-shirts Muse par milliers, et ouf.
Ca m'a fait vraiment plaisir de les voir dans une petite salle - quand je dis petite, tout est relatif, mais 12 000 personnes, ça change des 45 000 du Parc des Princes (et quand on pense que mon dernier concert c'était Metallica au Stade de France, 80 000 pèlerins, la comparaison n'est même plus possible). Je trouvais ça presque intimiste, et j'étais touchée que les trois anglais tapent moins dans la mégalomanie. Evidemment, le concert a commencé par Unsustainable, ça nous a explosé au visage, tout le monde avait compris qu'on allait en prendre plein les yeux, les oreilles, les tripes. Ils ont bien mélangé les nouvelles chansons aux anciennes, Luc était en extase chaque fois que l'on revivait un des morceaux du Parc des Princes, ils ont fait remonter Madness dans mon estime, et Survival aussi malgré les paroles, en vérité je suis un être faible, donnez-moi du spectaculaire et je suis ravie. Il n'y avait que du bon, des petites intros sympathiques, Hysteria annoncée par l'Interlude. La musique a été parfaite, la mise en scène aussi ; par contre le public m'a un peu déçue, c'est triste de constater que leurs chansons préférées sont Madness et Starlight... Là où les spectateurs étaient aussi à côté de la plaque, c'était pendant la diffusion d'un film très ambiance fin du monde sur fond d'Isolated System. C'était à glacer le sang, et ces cons frappaient en rythme dans leurs mains. Je n'avais pas besoin de regarder Luc pour savoir qu'il était pétrifié comme moi. Tous deux, nous redoutions l'enchaînement avec Apocalypse Please, mais dieu merci, ils nous ont épargné cette mauvaise blague. Nos trois musiciens ont ensuite envoyé Uprising comme si de rien n'était, je ne bougeais toujours pas, Luc non plus. Muse sait décidément nous faire passer par toutes sortes d'émotions !
Mon seul regret, c'est la durée du concert. Moins de deux heures, pas de véritable rappel. Vingt morceaux et puis basta. Quand ils nous ont dit au revoir, je m'attendais bien évidemment à les appeler et les faire revenir sous un tonnerre d'applaudissements, mais au lieu de ça, des mecs casqués ont envahi la scène pour tout démonter, et les lumières de la salle se sont rallumées. J'ai failli crier "C'est moi ou on est en train de se faire enculer profond ?", mais il fallait finir sur une note positive, Luc ne voulait surtout pas que je sois déçue, alors j'ai fermé ma gueule.

Je suis repartie en tram avec la foule. L'après-concert où l'on discute en rentrant me manquait, et le petit déjeuner à l'hôtel où l'on reconstitue la scène sur le plateau repas avec des bols et des verres. Je me suis couchée dans mon lit. J'ai fait des cauchemars pendant des heures. Je me suis levée, la brume de mes mauvais rêves m'avait suivie dans la réalité, et j'ai pris le bus à destination d'un autre bout de Strasbourg pour remplir des conventions de stage. Drôle de lendemain de concert. Je n'ai pas la traditionnelle gueule de bois, mais une espèce d'angoisse sourde à la place. J'ai passé la matinée à faire le tour de Strasbourg, à passer par des coins qui me rappellent des souvenirs brûlants, j'ai l'impression de connaître par coeur toutes les lignes de bus maintenant, le 15, le 2, le 4, le 7, mes poches sont remplies de tickets et c'est comme si chaque voyage dans les transports en commun mettait ma vie entre parenthèses. Je nage dans un brouillard glauque.
Comment te dire que je meurs de trouille quand tu fais le mort ?
Par http://www.lequartiermakibe.fr le Lundi 25 juillet 2016 à 6:00
vVous voyez ? J'ai cette inclination à commencer des articles qui virent au déprimant alors que là n'était pas mon intention. Cela suinte de moi avant même que j'aie le temps de m'en rendre compte. Tout ceci pour dire : inutile de faire le bilan de 2012, passons à autre chose et tentons d'injecter un peu plus de vie dans cette année 2013, bordel.
 

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