J'ai souvent envie d'écrire, et de gros paquets, mais je me décourage toujours. Pourtant j'ai la tête prête à exploser, et des photos en stock, de la citadelle et ses animaux, de Chloé, du LSK BB, des photos de famille... J'ai relu quelques articles de la période des bacs blancs l'année dernière, c'est justement la semaine des bacs blancs pour les terminales de cette année au LSK. J'ai feuilleté mon agenda de terminale aussi. C'est un autre monde. J'en ai acheté un cette année, qui ne m'a pas servi. Les pages de l'ancien étaient parfois entièrement remplies. J'aperçois des formules de physique qui ne veulent plus rien dire pour moi alors que j'aimais ça. Tout mon potentiel scientifique a été épuisé. Le bilan n'est pas fameux. J'ai encore moins de certitudes sur mon avenir qu'il y a un an. "Il faut du temps, c'est comme ça, il faut plusieurs essais avant d'y arriver", disent les gens, CA PRENDRA LE TEMPS QUE CA PRENDRA. Ils disent toujours ça, c'est pareil pour le permis, "t'inquiètes pas, tu sais, moi je l'ai eu au bout de troisième/sixième fois, tu l'auras bien un jour", oui mais en attendant, ce n'est pas parce que d'autres ont tardé à y arriver que ça va nous coûter moins cher. Mais ils ne savent pas que je n'ai pas LE DROIT de prendre le temps que ça prendra. Ca prendra le temps qu'on me donne, ou ça ne prendra pas. Alors il faudrait peut être que je recommence les fouilles existentielles pour me trouver un métier. Ca va être bien triste à dire, quand je serai installée dans ma vie merdique avec un métier merdique et que j'expliquerai comment je serai arrivée là. Parce qu'il voulait que j'aie la même vie merdique que lui, peut être. Quand je disais que le bilan n'est pas fameux, je pensais à cette désillusion globale qui nous tombe dessus. Nous avons tous fait des voeux d'orientation l'année dernière. Cette année, tout est à recommencer, ou presque. Chloé, Diane et Léa sont allées en médecine. Devant la difficulté de la chose, Diane et Léa ont cherché des alternatives. Diane envisage toutes les solutions possibles. Léa a passé le concours d'inf alors qu'elle a toujours dit qu'elle ne voudrait pas être infirmière. Chloé peut avoir son année, mais elle en doute, elle culpabilise de s'être octroyé des moments de repos pendant les vacances, et a peur d'être déçue par la suite des études de médecine. Quentin n'a pas été pris dans son BTS, alors il a fait un saut par l'IUT d'informatique, qu'il a quitté en décembre. Impossible de trouver du travail en attendant de retenter sa chance. Benoît est en prépa littéraire, ce qui ne sert à rien en soi, et cherche toujours ce qu'il va bien pouvoir faire de sa vie. Oui, nous sommes à peu près au stade de la deuxième chance, alors qu'il a déjà été dur de se décider pour la première. Jeunesse déchue, enfermée dans les débouchées des études. J'ai déjà une première année de licence en poche, mais cette licence ne mène nulle part. J'envie les gens qui s'engagent dans une voie avec une idée précise et qui, découvrant d'autres possibilités, changent leur projet pour quelque chose qui leur plaît encore plus. Moi, je n'ai absolument rien découvert de nouveau, alors de là à découvrir quelque chose d'intéressant... Et pourquoi on s'emmerde à réfléchir intensément à ce qu'on voudra faire toute notre vie alors qu'on changera sûrement de métier entre temps ? On pourrait se contenter d'aller de petit boulot en petit boulot, mais encore faudrait-il qu'il y ait des offres d'emplois dans ce pays. Il y a tellement de points à observer pour choisir les études qu'on va faire : une fois qu'on a enfin trouvé un métier susceptible de nous plaire, ces facteurs entrent en compte : les débouchées, la capacité à exercer ce travail jusqu'à la retraite, l'argent que ce travail va nous rapporter, la durée des études, la localisation des études, le prix des études. Quand ce dernier devient maître de tous les autres, on est déjà à moitié foutus.