Vendredi 19 janvier 2007 à 18:56
<< Mon grand-père il avait une baignoire en tôle galvanisée, pas plus grande que la table, tu vois, parce qu'elle était un peu comme dans les westerns, avec un genre de dossier qui remonte pour être assis dedans. Alors le dimanche, parfois, il la sortait du cagibi, il la mettait au milieu de la cuisine et il faisait chauffer de l'eau, dans la bouilloire, dans les casseroles, tout ça sur le feu. Après il faisait bien chaud dans la pièce et il mélangeait 10 litres d'eau bouillante à de la flotte froide, et il prenait son bain. Il aimait bien prendre son bain du dimanche, par contre ma grand-mère le faisait jamais. Tu comprends, c'était mouillé, alors elle savait pas comment faire. Et puis il fallait se déshabiller, hhhan, en plein milieu de la cuisine ! Je crois que j'l'ai jamais vu se déssaper. Mon grand-père, lui, il s'en foutait, il prenait son bain pendant que ma grand-mère préparait le pot-au-feu, ça le dérangeait pas ! Ben oui, tu vois, dans l'temps, ils se posaient pas la question de savoir ce qu'ils allaient manger le dimanche, c'était Fleischsupp et puis voilà ! [...]
Ah ben ça, on avait p't'être pas de salle de bain, mais des Jésus, on en avait partout ! Des tableaux, des images pieuses dans toutes les pièces, Marias Hilf, weiss er wos ! Dans le salon,contre un mur, on avait un grand buffet avec 3 statues, une de Jésus, une de Marie, et une de Joseph, grandes comme ça, et sous cloches ! C'était pas la crèche miniature de Noël. Et à la Toussaint, on s'agenouillait devant et on se tapait un rosaire ! >>
J'aime bien quand mon père nous parle de ces choses qui nous paraissent inimaginables. A une époque ou on ne peut pas vivre sans nos ordinateurs et nos balladeurs numériques, savoir que nos parents ont connu les débuts de la télé, en noir et blanc et avec 2 ou 3 chaînes seulement, ça fait bizarre.
Quand je suis rentrée chez moi hier soir, sous la pluie battante, le vent dans la gueule qui t'oblige à tenir ta capuche à la main, je ruminais parce que ma mère n'avait pas eu la brillante idée de venir me chercher en voiture à l'arrêt de bus. A peine arrivée, mon p'tit frangin m'a dit de sa petite voix "on a plus de voiture". Quand mon père a sorti la voiture du garage, il y a eu un brusque coup de vent qui a fait tomber la porte du garrage sur l'arrière de la voiture. Chouette. A cause de la 'tempête' on avait pas le droit de sortir de sous le préau au bahut (pour pas se prendre de branches (oui parce que y a pas de toît chez nous alors les tuiles peuvent pas s'envoler si y en a pas)). Après le cours d'accrogym (passons sur notre fabuleuse performance), y avait du vent, de la vague pluie, et du soleil, tout ça dans le pif, et, cerise sur le gâteau, un arc-en-ciel qui couronnait le lycée voisin. En français on a entamé un bouquin pas du tout littéraire que j'avais déjà emprunté au Bibliobus mais que j'avais à peine entamé avant d'arrêter. Première page, premier tiret du dialogue, la phrase "T'es vraiment trop con !". Expliquez-moi un peu ce que ça vient foutre là après Victor Hugo.