J'étais bien dans mon lit. Le téléphone m'a vaguement réveillée, mais le confort était plus fort que tout. Deuxième sonnerie de téléphone, mais pourquoi les copains de Yann téléphonent-ils le samedi matin ? Je voulais dormir le plus possible, mais pour ça, il fallait quand même que j'ouvre les yeux pour regarder l'heure. 10:30, j'avais encore de la marge. Troisième coup de téléphone, mais décidément, qu'est-ce qu'ils ont donc ce matin, les gens ? J'entends Yann dire "Désolé, elle dort encore. Ah d'accord." Il monte les escaliers. Eh ben ! Qui donc s'obstine au point d'envoyer mon petit frère me réveiller ? Toc toc, oui ? Yann ouvre la porte et allume la lumière alors qu'on y voit suffisament clair. "AH PUTAIN MAIS ETEINT MOI CETTE LUMIERE BORDEL !" "Y a quelqu'un qui veut te parler. C'est ton ancienne prof de français." Hein ? Et j'ai éclaté de rire. "Oui ?" "Bonjour Lise, tu ne t'attendais pas à ce que ton ancienne professeur de français t'appelle à dix heures quarante-cinq alors que tu es encore au lit, ce qui est tout à fait indécent pour une élève de terminale S ?!" "C'est pas indécent du tout !" "Bon. On t'embarque au stage de théâtre cet après-midi." Et de m'expliquer que son compagnon garde leur fille et me laisse sa place par conséquent. Une série de coups de fils, un gros petit déjeuner qui devait constituer mon unique repas avant le soir, un lavage de cheveux, et hop, je me retrouvais dans la voiture de Céline, direction la voiture de Steph, direction Belfort. Sa 307 sentait... la 307, ou plutôt la Peugeot intérieur cuir. Je me suis inscrustée dans un groupe de dix personnes, et nous avons commencé par un exercice pas dépaysant du tout : un exercice d'étreinte. C'est drôle de prendre des inconnus dans ses bras, des jeunes, des vieux, son ancienne prof de français... Nous étions quatre lycéens, deux profs de français plus une retraitée, une comédienne professionnelle, un comédien amateur, et une autre quarantenaire dont je ne connais pas l'activité. Et le formidable metteur en scène Benoît Lambert, bien sûr. Après l'exercice des câlins et ses variantes, puis celui de la boîte de nuit et du chorus leader, il nous a dit "Faites un tas de gens. Je vais vous faire écouter une musique que vous ne connaissez peut être pas mais que vous aimez. Vous tripez complètement, vous chantez, même si vous ne connaissez pas les paroles, même si vous n'aimez pas, vous devez triper complètement." A la première note, j'ai sursauté. Du coup, Céline m'a demandé ce que c'était et là, trou noir. Mais oui, bonne question, c'est quoi ? Le trou noir s'est vite refermé et j'ai retrouvé toute ma mémoire, mais sur le coup, ça m'a bien plu que mon corps réagisse à la musique que j'aime avant même que mon cerveau l'identifie par un titre et par un artiste. Vous chantez, qu'il avait dit Benoît. Alors j'ai chanté cette chanson qui me poursuit tellement en ce moment, cette chanson que je dois contenir en moi quand je l'écoute dans le bus, cette chanson que j'adore et qui était ma dernière chanson-phare en date. Pour un hasard, c'en était un magnifique. A la fin du morceau, Benoît a dit "Bon, y a que Lise qui tripe. On va changer la consigne. Lise, je veux que tu chantes, que tu hurles, ce que tu veux. Les autres, vous l'ignorez complètement." Et je me suis retrouvée au milieu d'une rangée de chaises, entourée de gens bidouillant leurs portables, la musique à fond plein les oreilles, les yeux fermés, à brailler Volontaire sur ma chaise. Le trip total. Le fantasme en mieux. L'extase à l'état pur.
Dans le genre bonus, j'étais la mieux servie. Benoît Lambert est un héros ! Mon moment de grâce a été suivi d'une chanson plus connue à chanter tous en choeur, histoire de bien s'éclater tous ensemble cette fois-ci. La suite a été un peu (beaucoup même) moins mouvementée, mais enrichissante tout de même. J'écoute My Body Is A Cage en boucle depuis le début de cet article. L'explosion musicale et tout le monde change d'appui en même temps. Benoît voulait tester avec nous les aspects du livre de Jean Charles Massera qu'il n'avait pas traité avec sa troupe. Nous les entendions d'ailleurs répéter leurs chansons au-dessus de nous, et l'histoire de l'Europe avec sa supériorité matérielle (ma-té-rieeelle) et sa supériorité culturelle (cul-tu-reeelle) nous est restée en tête toute la soirée. Soirée qui fut prolongée par moult péripéties non-racontables ici !
C'est toujours bizarre de devoir dire adieu à des gens que l'on a très peu côtoyé mais que l'on a du serrer contre nous lors du premier contact. Les lycées ont une option théâtre à Belfort et à Montbéliard, il y a de quoi envier les gens de l'autre côté de la montage. "Si jamais vous venez à Belfort et que vous demandez les Jeunesses Françaises, c'est nous." "Ben si jamais vous venez à Thann, et que vous demandez les G. de N., c'est nous." Et c'est ici que nos chemins se séparent, là où ils se sont croisés, au Granit de Belfort. Qu'est-ce que j'aime ce théâtre. Je n'y vais que pour des trucs géniaux, et à chaque fois, c'est grâce à Steph. Cette petite dame aura du mal à se débarrasser de nous.
Dimanche 15 novembre 2009 à 14:12
Dimanche 8 novembre 2009 à 20:44
Un grand merci à Bruno de Belgique pour son message qui m'est allé droit au coeur. S'il n'y avait qu'une seule personne qui trouvait du plaisir à me lire, je ne m'arrêterai jamais d'écrire.
Dimanche 8 novembre 2009 à 19:20
Je me réveille encore entourée de mes rêves. Cela fait longtemps que je les garde pour moi, parce que j'ai compris que ce que l'on appelle habituellement l'inconscience est plutôt la conscience chez moi. Il ne sert à rien de vouloir échapper aux rêves-conscience grâce à la raison. Ils vous rattrapent toujours. Et alors, à peine réveillée, je ne sais plus faire la part du réel et de l'imaginaire, j'aimerais des fois tellement que les rêves soient réalité qu'une partie de la réalité devient trop belle pour être vraie, et alors il ne reste plus grand chose en quoi croire. Je prends le temps de remettre toutes les images et tous les sons dans l'ordre, d'effacer peu à peu ce que mon cerveau a inventé et de me prouver ce qui a vraiment existé. Mais si l'inconscient règne en maître, alors mes vérités sont les fruits de la nuit.
Always craves my body to reach
A place when the feast never ends,
A moment when the music celebrates,
And a time when darkness belongs to night skies and
Nothing else.
A place when the feast never ends,
A moment when the music celebrates,
And a time when darkness belongs to night skies and
Nothing else.
Vendredi 6 novembre 2009 à 22:19
Bonsoir bonsoir les petits amis. C'est la rentrée et le weekend. Et c'est que du bonheur de commencer la semaine le mercredi et de la finir le vendredi. Oh oui tellement jouissif de se dire qu'on ne reprend pas en commençant par deux heures de philo, tellement jouissif de ne se lever que trois jours de suite au lieu de cinq. D'autant plus que j'ai fait le calcul, au total il doit me manquer quasiment une nuit de sommeil sur cette dernière semaine. Et je crois bien que je me suis habituée à dormir moins. Je ne sais pas depuis combien de temps je ne me suis pas couchée à 21h30, je ne sais même pas si j'en ai eu l'occasion depuis que je suis en terminale ! J'ai du perdre la notion du temps, quand je fais des devoirs en une heure et demi je me dis que c'était vite fait, alors que je n'ai travaillé qu'une seule matière et qu'il reste encore les autres. Du coup, même quand je veux me coucher tôt, quand je dois absolument me coucher tôt, je n'arrive pas au lit avant 21h45. Et c'est tout de même embêtant, parce que huit heures de sommeil, ça ne suffit pas pour rattrapper un retard. D'ailleurs je n'arrive pas à définir si ça me suffit au moins comme moyenne. Je méditais dernièrement, et je me disais que finalement, j'avais pris l'habitude de dormir de moins en moins, et que ça ne me faisait pas de mal, et là, j'ai eu le déclic. Parallèlement, j'ai d'énormes problèmes de concentration en ce moment. En cours, à la maison, n'importe où tant qu'il s'agit de bosser. Et j'ai fait le lien. C'est bien connu que les enfants qui n'ont pas leurs douzes heures de sommeil ne se sentent peut être pas fatigués, mais manquent de concentration à l'école. Je suis un peu plus âgée qu'un enfant, et j'ai besoin de moins de douze heures de sommeil, mais ce n'est pas pour autant qu'en cas de pénurie je suis aussi efficace qu'à l'habitude. Et je peux être en pleine forme, faire de la musique sur la table avec mes ongles, marcher vite et chanter et raconter des conneries, puis tomber dans le coma pendant les cours. Ce n'est même pas un coup de barre. C'est juste que je plane à trois mille. Je dors les yeux ouverts, je réponds "oui" quand les profs demandent si tout le monde a compris, je fixe le sol sans le voir, à tel point que des fois je me demande si on ne peut pas voir à travers mes yeux ce qu'il se passe dans ma tête. Je m'interrogeais beaucoup sur cette drôle de période de disfonctionnement, mais la clé est toute simple. IL FAUT DORMIR LA NUIT. C'est tout. Ce n'est pas bien compliqué. C'est juste que si je veux combiner travail et loisirs (tiens tiens...), c'est proprement impossible de me coucher plus tôt. Mais assez des statistiques. Tenez hier soir par exemple, pourquoi me suis-je couchée tard ? Parce que je suis allée au théâtre. Depuis la seconde, je profite des opportunités que le lycée nous offre pour nous cultiver. Les pièces ne se valent pas toutes, mais celle d'hier soir était excellente. La soirée en elle-même étant d'autant plus excellente que Diane et moi ne sommes pas rentrées chez nous après les cours. Un petit restaurant chinois en tête à tête suivi d'une superbe représentation, elle-même suivie, le lendemain, par la rencontre du metteur en scène, il n'y a que ça de vrai ! Jérémie Le Louët qu'il s'appelle le monsieur. Chaque année, le lycée essaye de nous organiser une rencontre après l'une des pièces. A chaque fois, les metteurs en scène étaient également acteurs. Et c'est toujours fascinant de les rencontrer en vrai, encore plus avec Jérémie Le Louët. Le voir en vrai, en lui, découvrir ses propres mimiques, sa propre gestuelle, dans son langage à lui, dans ses fringues à lui, dans son vieux pull trop court alors qu'il était en costard sur scène. A la base, je n'avais rien à lui demander, je suis venue pour l'écouter - et j'ai été servie -, mais au fil de la discussion, les questions viennent peu à peu, et le dialogue s'établit, même s'il ressemble assez à un monologue - un mononlogue passionant. J'espère retenir un maximum de ce qu'il nous a appris. Est-ce dû au fait que les questions n'étaient posées que de notre côté, ou parce que le club théâtre était concentré en un coin, qu'il ne regardait que nous quand il parlait ? Quand il répondait à la question de Julie, assise devant moi, j'avais des fois l'impression que c'est moi qu'il regardait, alors je m'accrochais à ses yeux, je ne le lâchais pas et je ne bougeais pas, le reste devenait flou, mais c'était comme pour dire : ce n'est même pas un défi, mais un échange réciproque. Peut être une sorte de jeu quand même, une capacité de comédien de fixer n'importe qui dans un public quand on se trouve sur scène, qui se transforme en habitude et permet de soutenir n'importe quel regard, oubliant à qui il appartient. J'adore faire ça. Regarder les gens dans les yeux. Bien droit dans les yeux. Et peut être qu'alors, il devient possible de voir ce qu'il y a dans ma tête.
Vue du lycée, un matin avant les vacances, quand il faisait encore nuit le matin mais pas le soir. J'ai peut être déjà parlé de mes rêves éveillés, mais tant pis. Insister un peu ne fait de mal à personne, je crois.
Let's remember.
Mardi 3 novembre 2009 à 12:33
We're flying high
We're watching the world pass us by
Never want to come down
Never want to put my feet back down on the ground.
.
We're watching the world pass us by
Never want to come down
Never want to put my feet back down on the ground.
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