Mardi 18 décembre 2012 à 1:07

J'ai emprunté Paris de Saez aussi. J'avais un mauvais souvenir de son triple album acoustique, mais je lui ai redonné une chance, et finalement ce tiers-là, je le trouve très beau. "L'important, ami, c'est d'aller jusqu'au bout de la nuit." Tiens, ça me rappelle quelque chose. Ca me parle. Fallait juste que je vienne vous dire d'écouter "Putains vous m'aurez plus", ou même vous n'êtes pas obligés de l'écouter, mais j'avais besoin d'écrire que je l'aimais, conjuguée au féminin ou au masculin, sans chercher à savoir quelle est la part de vérité là-dedans, et sans crier à l'anti-féminisme. Je suis un peu comme ça en fait. Mes chansons d'amour préférées sont celles en "tant qu'elle m'habite entre ses reins" et en "reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie".

Dimanche 16 décembre 2012 à 18:50

L'impression que mon cerveau est devenu une machine administrative. Aller en stage, partir à telle heure pour prendre tel bus, préparer les papiers pour le prochain stage, appeler lundi, répondeur, rappeler mardi, répondeur, laisser un message, rappeler mercredi, "rappelez lundi", réfléchir à l'intérêt d'un abonnement aux transports en commun, appeler des inconnus, donner des cours de soutien, comprendre le contexte familial en dix minutes d'observation, remplir le frigo, penser aux cadeaux de Noël, faire les comptes, ramener les emprunts à la médiathèque avant la date limite, ne pas oublier d'aller à la LMDE, et prendre toujours d'autres trams et d'autres bus vers de nouvelles destinations périphériques, regarder le chemin sur Google Maps puis y aller au hasard avec l'air de s'y connaître, et toujours ce temps qui passe assise à regarder par la fenêtre le paysage avancer tout seul.
Le stage étant l'élément le plus structuré de ma semaine, je panique au bout de deux jours paisibles ; "mais quel jour on est ? c'est quand que je retourne en stage ? ah, encore quatre jours". Je n'ai plus trop le temps de me demander qui je suis et ce que je veux, c'est pratique, je suis en vacances de moi-même. J'ai commencé à faire du soutien avec un garçon de 15 ans. Je ne crois pas que j'arriverai à le sauver, mais je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour essayer. J'ai mis un peu de temps à me replonger dans les maths de troisième, mais je suis ressortie de là dans un état assez proche de la délectation. C'est tellement gratifiant d'aider quelqu'un. Cela donne un sens à l'existence.
J'ai fait un tour chez Emmaüs aussi. Je n'y avais jamais mis les pieds et ça faisait un moment que ça me titillait. Je n'ai rien acheté, je me suis seulement promenée, le bus de Lingo toujours, un trajet familier. Tous ces vieux meubles qui n'ont rien à voir les uns avec les autres et qui ont déjà vécu, ça m'excite bien plus que ces magasins où l'on visite de faux appartements tout proprets, bien assortis, bien à la mode, bien carrés. Préfabriqués. Et les gens étaient beaux, c'est fou. Il y avait ce garçon, ni vraiment beau, ni mon genre, mais qui m'a lancé un regard, oh bordel, j'en ai tressailli jusqu'à ce que j'aie quitté l'entrepôt. Je crois que je deviens de plus en plus sensible aux beautés tragiques ; le beau gosse de base de l'autre soirée, il n'avait rien dans le bide, rien dans le regard. Beauté tragique, je viens peut-être de lire ça dans le Philippe Djian que j'ai commencé, mon quatrième. Je lis Djian parce que j'adore son style, mais il y a tellement plus que ça. J'aime Djian pour ses images, j'aime Djian pour ses femmes formidables et pour ses hommes amoureux, j'aime Djian pour ses personnages VIVANTS. Je ne m'en lasse pas. Vive la médiathèque. J'ai aussi emprunté un disque de Thiéfaine que je ne connaissais pas mais que je m'offrirai un jour, Défloration 13. C'est du pur Thiéfaine, et c'est rock, et y a des chansons à tomber. Enfin je suis conquise. C'est vrai, je vais vers la facilité, je prends ce que je connais et que j'aime déjà, mais à chaque fois j'ai la confirmation de mes valeurs sûres, c'est comme si je me faisais un cadeau à chaque fois, une petite private joke à moi-même, et j'ai l'impression de retrouver de vieux potes, c'est tellement bon cette familiarité, ça a un goût de coin de cheminée et de robe de chambre toute douce, c'est un peu masturbatoire, simplement une autre forme de plaisir solitaire, mais pourquoi s'en passer ?

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Samedi 15 décembre 2012 à 0:50


Reviens-moi.

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Dimanche 9 décembre 2012 à 18:18

Je suis un peu déphasée, je n'ai plus l'habitude des weekends de trois jours. Je n'aime vraiment pas ça, surtout quand la flemme domine à ce point. Je suis pleine de courbatures d'avoir dansé pendant des heures jeudi soir, trois jours plus tard je suis encore imbougeable. J'ai débattu avec moi-même pour me motiver à sortir avec les filles de ma classe, à une soirée solidaire (frais d'entrée reversés au Téléthon). J'avais déjà esquivé cette soirée l'année dernière, en restant au chaud chez Margaux à jouer au Trivial Pursuit. Cette fois-ci je n'avais plus d'excuses ; je ne peux pas me plaindre de voir ma vie sociale s'amenuiser et ensuite refuser les occasions de l'entretenir. Au moment de sortir, problème de garde-robe : à part deux soirées déguisées en première année, je n'avais pas été à une soirée "normale" depuis la fin des partiels de P1 de mes copines, autrement dit depuis un an et demi. Ah ouais. Je n'avais donc aucune idée du look exigé par ce genre d'événements. Et bien je peux vous dire, les amis, que je ne plais jamais autant que quand je ressemble à un sac. Explications.
Egales à nous-mêmes, nous les orthos étions sur-représentées et sur place bien avant les autres étudiants de santé. Vous savez, ce moment un peu chiant où vous arrivez quand la salle est encore quasiment vide, qu'on ne s'entend pas causer mais qu'on n'ose pas encore danser parce qu'il y a TROP de place... On se regarde dans le blanc des yeux, on vérifie nos montres, on se demande dans combien de temps les gens vont arriver, on se tortille en ne sachant pas quoi faire de nos bras. Et puis, qu'à cela ne tienne, les plus courageuses lancent le mouvement et se mettent à danser comme des petites folles. On se tâte à les imiter, on s'échauffe, on se dit qu'on ne sait pas danser sans alcool ni foule, et puis petit à petit, les membres se dérouillent, la bonne volonté prend le dessus, et on s'y met. Nous étions une vingtaine, et des personnes venues d'ailleurs commençaient à meubler un peu la salle vide et à se mouvoir également. Les sages-femmes nous mettaient minables avec leurs petites robes noires, mais qu'importe, on s'a
musait mieux de notre côté. Et puis ces deux garçons se sont fondus dans la masse, j'ai mis un peu de temps à comprendre qu'ils en avaient après moi. Je dansais avec ma filleule, qui est très jolie et bouge merveilleusement son corps, bref, qui était cent fois plus bonne que moi, mais j'ai bien du me rendre à l'évidence - aidée par toutes les copines qui me faisaient des remarques, des oeillades, des petits sourires en coin - : c'était bien autour de moi qu'ils tournaient. Je me demandais au début lequel des deux me voulait, j'espérais bien que ce soit le charmant ; c'était effectivement lui. Après avoir échangé quelques mots, joué au chat et à la souris, cru le toucher dans son orgueil de mâle en prétextant "j'ai trop chaud" quand il a voulu se rapprocher de moi, et constaté qu'il ne s'intéressait qu'à moi et moi seule, j'ai fini par me laisser aller à l'ivresse. Pas l'ivresse d'alcool, non, je n'avais bu que de l'eau, mais la musique était suffisamment forte, les lumières suffisamment aléatoires et la chaleur suffisamment insoutenable pour que les sens soient bouleversés. J'ai ri intérieurement, surtout. Je trouvais la situation plus drôle qu'autre chose. Contrairement à moi, le jeune homme n'avait pas bu que de l'eau, aussi n'était-il pas pleinement en possession de ses moyens, ce qui se remarquait seulement par quelques incohérences. Le sourire Colgate innocent qu'il me lançait chaque fois que nos regards se croisaient n'avait rien à voir avec la façon dont ses mains s'accrochaient à mon corps quand il se collait dans mon dos. Je fermais les yeux pour éviter de voir mes copines. Pourquoi, parmi toutes les jolies filles qui m'accompagnaient, était-ce sur moi qu'il avait jeté son dévolu ? Je souriais intérieurement, savourant la nouveauté. Si je vous raconte ça ce soir, c'est par surprise. C'était la première fois qu'un garçon mignon m'abordait juste après m'avoir regardé danser. Je n'ai pas du tout le rythme dans la peau, je le sais, et je n'ai jamais cru les quelques imbéciles en manque qui m'ont accostée (à Besançon, parce que depuis l'orthophonie, faut pas déconner) avec du "tu danses bien" juste destiné à attraper la proie dans son filet. Et même sans parler de bouger son corps avec grâce, j'ai beau avoir fait quelques progrès physiques depuis un petit temps (genre arrêter de couper mes cheveux trop courts et éradiquer mon acné), je ne me considère toujours pas comme une fille pouvant attirer les regards. Je n'ai pas l'habitude qu'on vienne vers moi. Ce garçon, je m'en fiche un peu. Il était beau, certes, mais le peu que j'ai appris de lui ne m'a pas vraiment donné envie de le connaître. Je n'ai pas envie de me forcer à faire sa connaissance juste parce que l'intérêt qu'il m'a porté a fait du bien à mon ego. Mais je vais garder ce souvenir au chaud, pour les jours de découragement et de manque de confiance en moi. Et pour me rappeler que les choses n'arrivent jamais quand on s'y attend.

Jeudi 6 décembre 2012 à 21:37

M'appeler quand je fais la cuisine et me couper en plein milieu de The End  - moment sacré entre tous -, c'était déjà beaucoup. M'appeler quand je fais la cuisine et me couper en pleine transe the endienne pour me dire en gros "il faut que tu rentres à la maison demain pour la Saint Nicolas, par contre samedi tu sais qu'on va chez des amis pour une soirée qui te branchait pas mal, mais j'ai tout fait pour que tu ne sois pas invitée, les commandes sont passées donc tu ne pourras de toutes façons pas te rajouter, tu vas donc rentrer dans notre trou paumé pour passer ton samedi soir seule à la maison", c'était beaucoup trop. Quand j'ai remis la musique en route, c'était pile au moment de :
<< Father ?
- Yes, son ?
- I want to kill you. >>


<< A l'endroit | 1 | 2 | 3 | A l'envers >>

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