Jeudi matin quand je me suis réveillée, avant même de penser à mon programme structuré de la journée, j'ai vu Ségolène par terre à côté du lit. Elle était gelée et a filé se recoucher chez elle. C'est là que j'ai compris l'utilité du chauffage dans mon appartement, d'autant plus que nous avions vu les premiers flocons tomber mercredi nuit ; depuis, je l'ai allumé. Ségolène partie, j'ai bouclé mes dernières courses pour l'anniversaire de Chloé puis j'ai pris mon premier train de la journée, 11:47, Besançon Viotte - Belfort. Le temps de poser ma valise chez Quentin et je suis partie avec lui en direction du cinéma pour mater l'ami Harry. Je suis tout à fait satisfaite de cette adaptation, pour une fois très juste, à peu de choses près. Peu après le film, j'ai quitté Quentin pour mon deuxième train de la journée, 17:31, Belfort - Mulhouse. Correspondance à Mulhouse, j'ai failli paniquer le temps de comprendre que je devais prendre le TGV Paris Est, mais j'avais largement le temps, et je me suis plutôt pelée les jambes à attendre. Dernier train de la journée, Mulhouse - Strasbourg, tant attendu, arrivée prévue à 19:10 avec comité d'accueil. A 19:03 j'enlève mes écouteurs pour ne pas louper ma station, et voilà que le train s'arrête. "Notre train est arrêté en raison d'un accident de personne. Les voies sont entièrement réquisitionnées par la police. Notre retard est estimé à environ 50 minutes." Là, très honnêtement, je me suis demandée ce que c'était que ce connard qui était venu se jeter sur les rails. Par chance, l'arrêt a duré moins longtemps que prévu et je suis arrivée vers 19:30. J'ai suivi Elena et Alexandre sans regarder où je mettais les pieds, d'ailleurs il neigeait. C'est avec plaisir que j'ai découvert leur petit nid, bien plus élaboré que nos studios d'étudiants habituels, puis le bon vieux Niko est arrivé avec de la neige plein les cheveux. A 23:00, heure prévue de mon départ, impossible de partir : nous venions à peine de finir de manger, les amoureux avaient encore plein d'idées pour animer la soirée, Niko n'était pas pressé de partir, cela faisait cinq mois que je ne les avais pas vus lui et Elena, trois ans que je n'avais pas vu Alexandre. Vint le moment critique dans lequel je me suis sentie comme la pire des lâcheuse auprès de Diane qui m'attendait - je vous passe les détails -, jusqu'à ce que je trouve la solution : "Je ne pars pas demain, je reste, je dors chez toi demain soir et je m'en vais samedi.". Il a fallu en passer par une étape difficile, qui aurait pu être évitée si j'avais eu l'illumination un peu plus tôt, mais au final, tout le monde était content : j'ai pu passer la nuit avec les trois joyeux lurons, à boire du Passoa, discuter, jouer aux cartes, au Time's up, écouter de la musique et chanter The Doors (il fut un temps où Elena me prêtait une oreillette, ou alors nous marchions dans les rues de Châtel en chantant a capella, mais là, c'était la consécration !). Après les réveils des uns et des autres et le rangement du bordel du soir sur fond de Blue Velvet (la chanson, voyons si c'était le film on l'aurait regardé, on n'aurait pas débarrassé la table), j'ai repris le tram pour aller chez Chloé. Après avoir suivi les indications correctement, j'hésitais entre plusieurs bâtiments roses à porte vitrée, mais j'ai fini par trouver le nom sur la sonnette. Mes trois belles m'attendaient dans le studio de chez Chloé, lumineux, coloré, à son image. Après un repas express, Diane et Léa sont parties en cours. Léa est revenue peu de temps après. Qu'est-ce que c'était bon de les avoir réunies, même si les anciens sujets de conversation (garçons, soutiens-gorges...) avaient été remplacés par des références à la fac de médecine. Etre avec elles, c'était le plus important. A 17:00, j'étais dans l'appartement de Diane pour attendre cette dernière, avec Léa. Au moment du repas, le manque de sommeil me donnait l'impression d'être bourrée, "Bois du Martini, ça ira mieux !". Ce fut le cas. Le lendemain, premier réveil à 7:00, debout à 7:20. Tout le temps que Diane a passé dans la salle de bain, je suis restée assise sur le lit à me moucher et à tousser. Diane est partie très vite, et je me suis retrouvée maîtresse des lieux pour quelques heures. J'ai bien apprécié. Je n'ai pas ouvert les volets puisqu'il fallait de toutes façons les fermer avant de partir - et que j'ai passé tout mon temps dans la cuisine et la salle de bain, où il n'y a pas de fenêtres. Quand je suis sortie dans la rue avec la ferme intention de trouver la gare sans me perdre, j'ai été envahie par une sorte de sentiment de plénitude : il faisait beau, la lumière était extraordinaire, je me promenais à Strasbourg, j'avais passé un excellent séjour, j'allais revoir les filles le lendemain, les rues sentaient Noël, l'air froid et les cabanons en bois sentaient Noël. Strasbourg m'impressionne vraiment en hiver. Je n'y étais jamais l'été. Plus le train se rapprochait de chez moi, plus il y avait de neige. Ma vallée était splendide, il neigeait à gros flocons quand je suis rentrée, et ça a duré toute la journée. Le lendemain quand nous avons embarqué les paquets pour l'anniversaire de Chloé, je me croyais de nouveau en décembre. Ce dimanche après-midi là, nous nous plaignions toutes les quatre de devoir rentrer ; je voulais repartir avec elles. J'avais l'impression d'être en vacances. Dans le train qui m'a ramenée à Besançon, j'ai découvert qu'il y avait de la neige jusque là-bas, enfin, jusqu'ici. Il fait froid, il n'y a pas de neige par terre, mais quand j'ouvre les volets le matin, je vois les arbres du parc d'en face dont les branches sont recouvertes d'un manteau blanc. C'est trop Noël, je te dis.