Alors j'ai fait ce que j'avais rêvé de faire pendant l'interminable attente, un peu comme dans un film. En entrant dans la rue du 22 Novembre, après avoir attaché mon vélo, j'ai voulu regarder ma montre et je suis tombée sur le bracelet d'hôpital. J'ai tiré d'un coup sec et il s'est détaché juste au moment où j'avoisinais une poubelle. Sans ralentir le pas, j'ai tendu le bras en un geste élégant et j'ai lâché le morceau de plastique dans la gueule béante. Enfin libre !
Mardi 21 octobre 2014 à 17:05
En ce moment je joue à un jeu rigolo, ça s'appelle "Revenez demain". On peut y jouer avec un tas de gens, par exemple avec des secrétaires médicales :
Secrétaire n° 1 :
- Il faudra que fassiez une prise de sang lundi pour le rendez-vous de mardi.
- Un jour de délai pour les résultats, ça suffira ?
- Oui oui, y aura pas de soucis si vous cherchez l'ordonnance lundi matin.
- Il faut être à jeûn ?
- Non non, pas la peine.
Secrétaire n°2 :
- Bonjour, il me faudrait les résultats pour demain.
- Vous êtes bien à jeûn ?
- Euh, non, on m'a dit que ce n'était pas la peine.
- Ah non, il faut impérativement être à jeûn ! Vous pouvez revenir demain à l'ouverture, à 7 heures ?
Voilà, vous situez le concept ? Vous faites bien comme on vous a dit, vous organisez votre programme, et sur place on vous propose : revenez demain. De préférence quand il fait encore nuit le matin et que vous n'avez pas le droit de vous nourrir pour vous réveiller et pédaler.
On peut corser le jeu en ajoutant une contrainte, ce serait un peu comme une carte chance au Monopoly, sauf qu'en l'occurrence on tomberait plutôt sur une malchance, à savoir : ne rien comprendre à ce que racontent les gens.
Illustration : je suis revenue demain, c'est à dire aujourd'hui, et j'ai pu ramener mon bilan sanguin au rendez-vous grâce à ma superformance du réveil avant 7 heures en un jour où je pouvais faire la grasse matinée.
- Gmjblm mjtnklb.
- Pardon ?
- Donnez-moi votre bilan. Mmgbmf symptômes ?
- Euuuuh...
- Vous venez pour quoi ?
Et là, c'est le moment de tirer une nouvelle carte chance, parce que sinon c'est pas drôle, la carte : les gens vous font vraiment chier.
- Vous êtes étudiante en quoi ?
- Orthophonie.
- Comment ?
- Orthophonie.
- C'est bien !
- Oui.
- Venez je vais prendre votre tension.
- C'est pas très serré...
- Alors comme ça vous êtes étudiante en orthophonie ?
Puisque je viens de te le dire il y a deux secondes !
- Je suis très sensible à ça parce que ma soeur a eu un AVC. C'est vraiment très dur. J'essaye de la faire parler [...]
D'ACCORD. Sauf que là, je ne bosse pas, et c'est MOI qui consulte. Passez dix minutes à l'écouter vous raconter la vie de sa soeur et son ressenti, et apprenez qu'en fait la consultation est terminée. Ensuite, quittez cet endroit pour la suite de votre programme et recommencez une nouvelle partie avec les mêmes cartes !
- Bonjour, je cherche la bibliothèque.
- Elle est fermée pour travaux ! Mais vous pouvez aller à l'U2U3.
- [regard interrogatif]
- C'est parce que c'est blindé ?
- Euh, comment ça ?
- Y a déjà trop de monde à U2U3 ?
- Non en fait je ne suis pas d'ici, je viens de la fac de médecine, je ne connais pas du tout.
- Vous pouvez leur demander des livres de notre bibliothèque, mais vous les aurez seulement demain, vous prenez la porte là, il y a une procédure affichée.
Euh, une procédure pour trouver mon chemin ?
- Bonjour, je voudrais emprunter des livres de la bibliothèque du Portique.
- Vous avez fait une demande ?
- Non, on m'a envoyé ici.
- Voici la procédure de demande. [...] Mais je crois qu'on a aussi quelques livres sur ce sujet au deuxième étage.
- D'accord, alors je ferai une demande mais je vais quand même jeter un oeil ici. C'est à quelle section ?
- Au deuxième étage.
D'ACCORD, C'EST VRAI QUE JE N'AVAIS PAS COMPRIS LA 1ère FOIS QUE TU L'AS DIT, JE VAIS SÛREMENT FOUILLER TOUS LE 2ème ETAGE SOUS LE REGARD INQUISITEUR DES ETUDIANTS EN SCIENCES HUMAINES.
J'ai essayé, j'ai essayé de fouiller tout l'étage, sentant les yeux des étudiants braqués sur moi comme des torches, je n'ai pas trouvé une once de piste et j'ai abandonné. Je reviendrai demain.
Secrétaire n° 1 :
- Il faudra que fassiez une prise de sang lundi pour le rendez-vous de mardi.
- Un jour de délai pour les résultats, ça suffira ?
- Oui oui, y aura pas de soucis si vous cherchez l'ordonnance lundi matin.
- Il faut être à jeûn ?
- Non non, pas la peine.
Secrétaire n°2 :
- Bonjour, il me faudrait les résultats pour demain.
- Vous êtes bien à jeûn ?
- Euh, non, on m'a dit que ce n'était pas la peine.
- Ah non, il faut impérativement être à jeûn ! Vous pouvez revenir demain à l'ouverture, à 7 heures ?
Voilà, vous situez le concept ? Vous faites bien comme on vous a dit, vous organisez votre programme, et sur place on vous propose : revenez demain. De préférence quand il fait encore nuit le matin et que vous n'avez pas le droit de vous nourrir pour vous réveiller et pédaler.
On peut corser le jeu en ajoutant une contrainte, ce serait un peu comme une carte chance au Monopoly, sauf qu'en l'occurrence on tomberait plutôt sur une malchance, à savoir : ne rien comprendre à ce que racontent les gens.
Illustration : je suis revenue demain, c'est à dire aujourd'hui, et j'ai pu ramener mon bilan sanguin au rendez-vous grâce à ma superformance du réveil avant 7 heures en un jour où je pouvais faire la grasse matinée.
- Gmjblm mjtnklb.
- Pardon ?
- Donnez-moi votre bilan. Mmgbmf symptômes ?
- Euuuuh...
- Vous venez pour quoi ?
Et là, c'est le moment de tirer une nouvelle carte chance, parce que sinon c'est pas drôle, la carte : les gens vous font vraiment chier.
- Vous êtes étudiante en quoi ?
- Orthophonie.
- Comment ?
- Orthophonie.
- C'est bien !
- Oui.
- Venez je vais prendre votre tension.
- C'est pas très serré...
- Alors comme ça vous êtes étudiante en orthophonie ?
Puisque je viens de te le dire il y a deux secondes !
- Je suis très sensible à ça parce que ma soeur a eu un AVC. C'est vraiment très dur. J'essaye de la faire parler [...]
D'ACCORD. Sauf que là, je ne bosse pas, et c'est MOI qui consulte. Passez dix minutes à l'écouter vous raconter la vie de sa soeur et son ressenti, et apprenez qu'en fait la consultation est terminée. Ensuite, quittez cet endroit pour la suite de votre programme et recommencez une nouvelle partie avec les mêmes cartes !
- Bonjour, je cherche la bibliothèque.
- Elle est fermée pour travaux ! Mais vous pouvez aller à l'U2U3.
- [regard interrogatif]
- C'est parce que c'est blindé ?
- Euh, comment ça ?
- Y a déjà trop de monde à U2U3 ?
- Non en fait je ne suis pas d'ici, je viens de la fac de médecine, je ne connais pas du tout.
- Vous pouvez leur demander des livres de notre bibliothèque, mais vous les aurez seulement demain, vous prenez la porte là, il y a une procédure affichée.
Euh, une procédure pour trouver mon chemin ?
- Bonjour, je voudrais emprunter des livres de la bibliothèque du Portique.
- Vous avez fait une demande ?
- Non, on m'a envoyé ici.
- Voici la procédure de demande. [...] Mais je crois qu'on a aussi quelques livres sur ce sujet au deuxième étage.
- D'accord, alors je ferai une demande mais je vais quand même jeter un oeil ici. C'est à quelle section ?
- Au deuxième étage.
D'ACCORD, C'EST VRAI QUE JE N'AVAIS PAS COMPRIS LA 1ère FOIS QUE TU L'AS DIT, JE VAIS SÛREMENT FOUILLER TOUS LE 2ème ETAGE SOUS LE REGARD INQUISITEUR DES ETUDIANTS EN SCIENCES HUMAINES.
J'ai essayé, j'ai essayé de fouiller tout l'étage, sentant les yeux des étudiants braqués sur moi comme des torches, je n'ai pas trouvé une once de piste et j'ai abandonné. Je reviendrai demain.
Vendredi 10 octobre 2014 à 12:04
- Ma copine a la musique de la Comté comme réveil... Moi si je veux me réveiller j'écoute de la musique bien vénèr !
- Je fais ça aussi.
- Ouais, mais moi tu vois j'écoute Meshuggah, je pense que si t'entends ça tes oreilles saignent.
- Ouais, sûrement.
J'avais hésité à mettre mon pantalon en plastoc ce soir-là mais je m'étais dit que le similicuir rouge en veste ET en fute, ça ferait un peu too much. J'aurais dû lui dire, avec mes longs cheveux sages et mon petit chemisier fleuri, j'aurais dû dire à ses bagouses têtes-de-mort, à son gilet à pentagrammes enflammés, à ses colliers celtiques et à sa crinière décolorée, que quand j'écoute un album de Metallica au réveil, ça doit certainement faire saigner d'autres oreilles parmi le commun des orthos.
- Je fais ça aussi.
- Ouais, mais moi tu vois j'écoute Meshuggah, je pense que si t'entends ça tes oreilles saignent.
- Ouais, sûrement.
J'avais hésité à mettre mon pantalon en plastoc ce soir-là mais je m'étais dit que le similicuir rouge en veste ET en fute, ça ferait un peu too much. J'aurais dû lui dire, avec mes longs cheveux sages et mon petit chemisier fleuri, j'aurais dû dire à ses bagouses têtes-de-mort, à son gilet à pentagrammes enflammés, à ses colliers celtiques et à sa crinière décolorée, que quand j'écoute un album de Metallica au réveil, ça doit certainement faire saigner d'autres oreilles parmi le commun des orthos.
Jeudi 9 octobre 2014 à 14:11
Ce rythme de vie me saoule déjà profondément. Je dors trop, alors je rêve. Je ne fais rien de mes journées, alors mon inconscient fait un tas de trucs pendant la nuit. Je me réveille avec les souvenirs de mille vies passées dans le sommeil et de l'émotion plein la gorge. Souvent des cauchemars d'apocalypse, toujours des rêves de culpabilité que je pensais avoir oubliée, et bien sûr des rêves plein d'obstacles. Même mes rêves érotiques sont des rêves d'envies frustrées et non de passages à l'action.
Je me réveille avec toutes les sensations causées par des événements irréels et je passe ma journée seule devant l'écran ou le papier. Ma réalité a moins de consistance que les produits nocturnes de mon cerveau. Alors je déteste encore plus ces journées et je déteste sortir du lit à midi, quand Eric s'en va parce que c'est déjà beaucoup qu'il ait pu rester aussi tard, et commencer ma journée avec une grosse longueur de retard, des nuages gris par la fenêtre, la poubelle à sortir mais alors il faudra s'habiller, les pâles fantômes de ma nuit et un sentiment d'abandon.
Je me réveille avec toutes les sensations causées par des événements irréels et je passe ma journée seule devant l'écran ou le papier. Ma réalité a moins de consistance que les produits nocturnes de mon cerveau. Alors je déteste encore plus ces journées et je déteste sortir du lit à midi, quand Eric s'en va parce que c'est déjà beaucoup qu'il ait pu rester aussi tard, et commencer ma journée avec une grosse longueur de retard, des nuages gris par la fenêtre, la poubelle à sortir mais alors il faudra s'habiller, les pâles fantômes de ma nuit et un sentiment d'abandon.
Lundi 6 octobre 2014 à 11:07
Le cycle de la solitude a commencé. Depuis la semaine dernière déjà, chacun fait sa quatrième année dans son coin et bien sûr, je m'ennuie un peu les jours où je ne sors pas de chez moi. J'ai emprunté des bouquins, ça y est, qui ne me serviront peut-être à rien. Ce sera probablement ça le pire, bouffer des pages et des pages que je ne retiendrai pas pour ma partie théorique. Heureusement, il y a eu un peu de mouvement au bout de cette première semaine sans cours, mais je doute que ce soit représentatif du reste de l'année. Nous avons fêté un diplôme pour la première fois, ça fait tout drôle. Je dors beaucoup, plus je dors plus je suis fatiguée, j'ai des cernes et je bâille, et mon cerveau me sert des films toute la nuit. Toutes les nuits je fais plusieurs rêves sans queue ni tête, tiens d'ailleurs maintenant que j'y pense, j'ai un flash de cette nuit qui me revient alors que je ne m'en souvenais plus au réveil, j'ai rêvé que j'avais mis l'adresse de mon blog sur une fiche de renseignements personnels à destination d'une des profs les plus tarées de l'école. What the fuck ? Et donc, la prof lisait l'adresse à voix haute, je lui demandais de ne pas divulguer à mes camarades, et après je réalisais que je ne pourrais plus jamais écrire sur mes études. Quand je disais que ces rêves n'avaient aucun sens... Remarque, ça ne ferait peut-être pas de mal que je parle moins de mes études ici, non ?
Je pose ce point d'interrogation et je ne sais comment continuer. J'attends qu'il y ait un peu plus de feuilles d'automne sur les arbres pour aller faire des photos mais c'est toujours la même histoire, quand j'emmène mon appareil je ne trouve jamais la bonne lumière. La bonne lumière me tombe dessus en voiture, en vélo, quand je ne suis pas chez moi, quand je ne peux pas la capturer, alors je l'observe intensément, j'essaye de l'absorber avec les yeux pour l'emmagasiner dans un coin de ma tête.
Je pose ce point d'interrogation et je ne sais comment continuer. J'attends qu'il y ait un peu plus de feuilles d'automne sur les arbres pour aller faire des photos mais c'est toujours la même histoire, quand j'emmène mon appareil je ne trouve jamais la bonne lumière. La bonne lumière me tombe dessus en voiture, en vélo, quand je ne suis pas chez moi, quand je ne peux pas la capturer, alors je l'observe intensément, j'essaye de l'absorber avec les yeux pour l'emmagasiner dans un coin de ma tête.
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