J'avais toujours rêvé de brûler les papiers qui devaient disparaître, disparaître pour de bon, sans risquer d'être ramassés par les parents dans le carton du vieux papier à recycler. Aujourd'hui, seule à la maison, j'ai pu le faire, allumer mon petit feu de joie dans le poêle, et y cramer une vieille peur recopiée dans un livre jaune. Revanche sur cette saloperie de livre jaune qui remettait en cause ma normalité. Mais maintenant tout va bien. C'est même scientifiquement prouvé. Et Jas, c'est assez merveilleux. Je vais bien, tout va bien. Des amis, un chéri, à part que ça fait maintenant deux ans qu'elle est partie et que j'assiste à un nouveau départ de jour en jour. Dans le programme d'aujourd'hui, j'avais aussi décidé de commencer à lui écrire, à ma Lucie. Je m'y mettrais ce soir. Je crois bien qu'elle est heureuse, et ça, ça vaut bien tout l'or du monde. Des amis heureux, un chéri et des théâtreux. J'avais oublié d'écrire. Le jeu qui commence lors de la dictée de Diane, "quand le soleil s'étire entre les bras de la pluie...", les rires que provoquent le jeu de Basile et Titouan, ou celui d'A2 lors de sa première scène, le trac et l'ombre de Bastien qui se découpe sur le mur, en face de moi, me permettant de suivre ses regards quand il m'accuse, "C'était vous madame !", l'émotion communiquée par Erika, je voyais sa main trembler, par Astrid, elle n'a pas ri, ou par Justine, je ne la vois pas, j'agite les bras sous le draps mais quand elle s'exclame "Et un jour, j'ai su écrire !" plus fort que les accords parfaits de Mike, rien que d'y penser, j'en ai parfois des frissons. Et quand Chloé joue la scène de la chorale, je me rend compte que j'ai la bouche ouverte et que je halète, paniquée, au même rythme que son personnage. Je ressens la haine qu'éprouve Mathilde quand elle transperce le polystyrène. Bon, en même temps, je plains A2 qui se fait trucider derrière le drap. Je ne les citerai pas tous, mais pourtant ils sont tous aussi importants dans le spectacle. Et mes spectateurs. Ju', Ade, les Pauline, Elodie, et mes chéris de ma classe, mon amour, Charline, Magali et même Antoine (bon je retire le "mes chéris"). Faut qu'j'arrête. Ca fait trois article que je radote la même chose. Excusez-moi mais c'était tellement bien.