Vendredi 21 août 2009 à 17:25

Bien le bonjour les amis. J'ai oublié de vous laisser un post-it avant de partir, pour signaler que je m'en allais à Lussas en Ardèche, aux états généraux du film documentaire. Et bien voilà, je suis de retour. Pour la première fois de ma vie, non seulement j'ai campé mais je suis partie à l'aventure, avec Valentin. Qui a dit que l'autonomie était difficile ? Nous sommes partis de chez moi lundi à sept heures et demi, nos gros sacs sur le dos. Nous avons enchaîné les bus et les trains jusqu'à dix-huit heures à Lavilledieu, où une dame souriante nous attendait avec un minibus et un badge "accueil" autour du cou (pas autour du cou, le minibus)"Bonjour, vous allez à Lussas ?" Nous étions prévenus, quand Valentin s'était renseigné par téléphone, on lui avait dit "Il y a une navette pour chaque bus qui vient et qui va vers Montélimar, c'est gratuit, et le chauffeur dit bonjour." Dans la navette il y avait une dame et sa fille qui seraient nos voisines de campement, et cette femme que j'avais trouvé superbe quand elle fumait à la gare de Montélimar, appuyée contre un mur couvert de graffitis. La démonstration de beauté ne faisait que commencer. Je ne sais pas pourquoi, ni comment c'est possible, mais les femmes venues à Lussas pour le festival étaient magnifiques. J'aurais voulu toutes les prendre en photo, et racheter leur garde-robe aussi. Est-ce que c'est la culture qui rend beau ? Allez savoir, je n'avais jamais vu un tel étalage de beauté, de la beauté pure, sans strass ni paillettes.
A Lussas, les spectateurs tutoient les réalisateurs lors des débats qui suivent les projections, et il n'est pas nécessaire de s'y connaître en documentaire pour assister au festival. Regardez-moi. Je ne sais même pas si j'avais vu plus de deux films docu avant d'y aller. J'accompagnais mon Homme qui fait des études dans le domaine de l'audiovisuel, parce que c'était une occasion rêvée de partir en vacances avec lui, et parce que le programme s'annonçait bien sympathique, même pour quelqu'un qui n'y connaît rien. Effectivement, j'ai vu bien plus de choses intéressantes qu'ennuyeuses. Des films sérieux, des films drôles, des films esthétiques. Dans des fauteils confortables, sur des chaises en plastique sous un chapiteau, dans un cinéma ambulant, en plein air sous les étoiles. En Afrique, en Asie, en Islande, en Roumanie, musicaux, silencieux, traduits instantanément dans un casque par un mec avec un accent anglais à couper au couteau (Vive la Woumanie libwe !)... Une grande diversité. Les réalisateurs fréquentent les mêmes restaurants que les festivaliers, et le mieux, c'est que même avec mon inculture, pas un seul moment je ne me suis pas sentie à ma place. Nous avons été surnommés les estomacs sur pattes par la vendeuse de crêpes, au bout de notre troisième commande de la journée. Pour la peine, elle nous a filé une tomate cerise à chacun. Le lendemain, elle a dit "Ah salut les affamés !". Mais je vous arrête tout de suite, nous n'avons pas mangé que des crêpes pendant ces trois jours. La nourriture ne manquait pas, le festival était vraiment bien organisé. Et quelle ambiance ! Et quelle chaleur ! 
Heureusement qu'il y avait une piscine au camping. Et la rivière juste à côté, avec un petit bassin vert très frais. J'avais pleinement conscience de notre chance, et je savourais d'autant plus. Ma première expérience sous tente n'a pas été traumatisante, on peut même dire que j'ai très bien dormi si on met de côté le fait que j'étais réveillée tous les matins par deux coqs débiles qui donnaient un concert à l'aube. Mais ça fait partie du folklore. C'est drôle à raconter et même sur le moment, ça ne m'énervait pas trop ; prévoyante, j'avais les boules Quiès à portée de main (j'admire cet élan de lucidité qui m'a fait mettre les boules Quiès dans mes bagages). Je ne suis même pas fatiguée de ces trois nuits sur le sol. Et je crois que c'est encore mieux d'ouvrir la tente et de voir qu'il fait beau plutôt que d'ouvrir les volets chez soi en sortant du lit. Voir les feuilles du noyer au-dessus de la tente, comme si je pouvais les toucher.
Et évidemment, le paysage. Lussas, c'est en Ardèche. Le hasard a fait que j'ai parlé à mes parents de partir en vacances en Ardèche l'année prochaine, parce que j'en avais marre de Valras, et Valentin m'a proposé peu de temps après de l'accompagner là-bas. C'est très sec, et splendide. Certes, nous n'avions pas le canoë, et nous ne sommes pas sortis du village, mais la beauté de l'Ardèche était palpable, et il y avait cette fameuse rivière. Mais laissons parler les images.

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Vendredi 14 août 2009 à 13:15

J'en sais maintenant plus sur mon avenir : je mourrais en bagnole. Il ne me reste plus qu'à m'installer en ville et à utiliser les transports en commun, pour ne pas me foutre en l'air au volant. Certes, je n'aurais pas mon permis du premier coup, mais allez savoir si je l'aurais tout court. N'importe quel crétin sait conduire une voiture, pas moi, tant pis, le vélo c'était pas trop mal. Du moins c'était pas trop mal tant que je regardais devant moi, parce que j'ai encore des traces flagrantes de ma seule et unique gamelle, il y a un mois ou deux. Je dirais plutôt deux. Dans ce monde de frustration, je m'entendrais presque penser que j'attends la rentrée, ce qui est fondamentalement faux puisque ces enfoirés du vagin nous ont caché nos futures classes... autrement dit, c'est suspense jusqu'au bout. Je ne sais pas ce qui me rend de si mauvaise humeur, ou plutôt si, je sais : le ciel gris, la perspective de rester seule toute la journée, ne pas pouvoir aller au concert donné par mes amis, avoir conduit mon père à Masevaux, entre autres... Depuis que nous sommes rentrés de vacances, on ne s'entend plus à la maison. Ce qui me fait espérer la rentrée comme une imbécile. Ce qui me fait penser que la conduite accompagnée, c'est de la vraie daube. L'Homme est rentré de vacances, il m'a emmené voir Diane et Quentin dans la montagne, souffler dans leurs instruments. Pas une seconde je n'ai fermé les yeux, pour ne pas perdre une miette de leur image. C'est comme si on s'était à peine quittés. Les regarder, les écouter, rien de plus. Et je ne pourrais même pas assister au concert final. Foutue frustration.

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Et là je descends mettre la table, et sur la pile de courrier je vois une enveloppe à mon nom, avec pour adresse Quand on va vers Soppe, à gauche...
Je comprends immédiatement qui c'est, et j'éclate de rire. Ou l'inverse. Ou j'éclate de rire en même temps que je comprends. En fait ce n'est pas la rentrée qu'il faut attendre, mais tout simplement que les amis rentrent de vacances.

Lundi 10 août 2009 à 12:46

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Voilà dans quel état Luc a retrouvé son appartement jeudi soir, à la veille de ses 30 ans. Hier il avait décroché les serpentins, pour que l'on puisse circuler sans se baisser, mais il a laissé les ballons et les confettis en poudre de fée sur les meubles décoratifs. Après avoir nagé dans les photos de lui, je lui ai offert un album constitué uniquement de photos où il fait le cake. Et comme Luc fait toujours le cake devant l'appareil photo, il y avait de la matière. La collection pour les trente années à venir est même d'ailleurs déjà commencée. Bizarrement, je l'accompagne dans ses délires sur plusieurs photos. Que Luc soit mon oncle, mon frère ou mon cousin, je m'en fiche un peu, Luc c'est Luc, et je le connais comme si je l'avais fait. Le soir, à la fête champêtre du village familial, il m'a présenté comme sa nièce à mon premier blaireau bourré :
- C'est ma nièce.
- Bonsoir Agnès !
- Non, je suis sa nièce, mais je m'appelle pas Agnès...
- C'est pas grave, Agnès c'est très bien ! Et tu viens d'où Agnès ?
- Sentheim.
- Dommage. Et tu fais quoi dans la vie, Agnès de Saint-Am' ?
- Je vais passer en terminale S.
- Nen, c'est vrai ?
- Oui.
- Donc ça veut dire que t'es même pas majeure ?! C'est vrai ?!?
- Oui.
- Oh merde. [...] T'es très mignonne Agnès.
- [air blasé]

Je regardais Luc d'un air suppliant, dans le genre s'il-te-plaît dit quelque chose pour m'occuper et qu'il me foute la paix. C'est le genre de situation où je ne sais pas quoi faire d'autre que de feindre l'ignorance. Il n'y a que trois options : éconduire gentiment le buveur de bière, le genre de truc qui ne risque pas de marcher et auquel je ne m'abaisserais pas ; faire comme s'il n'existait pas et ne répondre que par un regard de mépris, ou alors le remballer sèchement. Le problème, c'est que je ne suis méchante qu'en rêve. Pourtant des occasions d'être méchante avec lui, il m'en a offert sur un plateau, je n'aurais même pas eu besoin de chercher la réplique, mais je n'ai pas eu assez de cran. Et je ne sais pas pourquoi. Est-ce que c'était pour ne pas avoir l'air prétentieuse ? Pour ne pas prendre d'airs supérieurs ? Ou pour éviter qu'il me renverse l'intégralité de sa bière sur ma robe ? Bonne question. Il faudra que je m'entraîne à être moins gentille.

Vendredi 7 août 2009 à 13:14

Luc a trente ans aujourd'hui. Nous sommes invités chez lui pour le dessert, dimanche. Pas de grande fête prévue, "c'est un jour comme un autre", a-t-il dit pour qu'on lui prouve le contraire. Luc travaille en déplacement et ne rentre que le weekend. Alors, comme il a une maman et une soeur géniale (et une nièce aussi, soit dit en passant même si ce n'est pas moi qui ai eu l'idée), nous nous sommes retrouvés en famille pour investir son appartement et le décorer en son absence. Dans l'idée, il devait rentrer ce soir, jour de son anniversaire. Mais quand nous sommes sortis de chez le coiffeur de Saint Amarin, ma mère, mon frère et moi, nous dirigeant vers l'appart' de Luc, sa voiture garée devant (mais c'est normal, il part travailler avec la camionnette de la boîte), au moment où nous nous apprêtions à traverser la route en direction de sa porte, vous l'aurez sûrement déjà deviné, elle s'est ouverte et Luc est sorti. Ma mère a refermé son sac de ballons, nous avons essayé de rester le plus naturel possible, au moins nous avions un alibi : Yann avait les cheveux fraîchement coupés. Mais comme si ça ne suffisait pas qu'on tombe sur lui alors qu'il était censé être sur la côte d'Azur, au moment où il s'est avancé vers nous, la voiture de mes grands-parents est arrivée. Oh mais quel hasard ! Toute la famille réunie devant chez lui ! Heureusement, il était pressé, il avait un rendez-vous. D'après le peu d'indications qu'il nous a donné, j'en ai déduit que nous avions le temps avant qu'il ne revienne chez lui. Peut être que j'ai trahi quelque chose quand je l'ai vu débarquer dans la rue et que je me suis figée, mais il ne nous a pas retardés bien longtemps. Une fois sa voiture disparue au loin, nous avons soufflé de soulagement. Vous rendez-vous compte ? Nous serions arrivés deux minutes plus tôt, que nous serions rentrés chez lui alors qu'il y était. Le hasard nous a sauvés. Nous guettions la route de peur qu'il ne revienne pendant que nous apportions l'escabeau jusque dans son appartement. La première chose que j'ai vue en entrant dans son salon était une nouveauté, un grand portrait de moi en noir et blanc, encadré à côté d'une photo de Yann dans un cadre un peu plus petit. L'opération gonfflage de ballons a enfin pu commencer. Une fois que les ballons étaient accrochés un peu partout, nous avons étendu les serpentins dans toutes les pièces, sur les lampes, sur le cerisier japonais en plastique, et des petits bouts de perpentins qui pendent verticalement des longs serpentins horizontaux. Une fois que je ne savais plus quoi faire des serpentins, je me suis occupée des confettis, je vous rassure nous sommes adorables, nous n'en avons pas mis par terre, uniquement sur les meubles, là où ils peuvent être enlevés facilement sans en mettre partout. J'ai fait des arabesques de confettis sur les tables basses, le plan de travail et la plaque de cuisson, et nous avons conclu par un 30 sur toute la table de la cuisine. Mon grand-père, qui avait confectionné des pièges dans les toilettes et dans l'entrée (ballons qui éclatent quand on ouvre la porte), a posé le balais sur la table à côté du 30, comme un rébus pour trente balais. Et comme nous avons réalisé avec horreur que nous n'avions pas d'appareil photo mais qu'il fallait absolument sauvegarder notre oeuvre, nous avons tout de même laissé un unique mot, lui demandant de ne pas oublier de faire des photos. Et nous sommes repartis comme des voleurs avec nos restes de confettis et notre escabeau.

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Luc, évidemment. Il a du bien se marrer en rentrant chez lui hier soir, avec un jour d'avance.

Jeudi 6 août 2009 à 12:53

Qu'il est bon de rentrer chez soi par beau temps, quand il reste encore un mois de vacances, avec des surprises dans les boîtes aux lettres et les appareils photo. Je suis fraîchement de retour d'un périple qui est passé par la Méditerranée, une ville fortifiée et les Alpes, pendant respectivement une semaine, deux jours et vingt-quatre heures (le genre de détails dont on se passe). C'est quand même drôle de devoir partir dans les Alpes pour que les parents fassent une connaissance plus aprofondie des parents de nos amis, et c'est déjà la deuxième fois que ça arrive en un mois. Et c'est assez déroutant de retrouver Diane à Chamonix le temps d'un dînner, juste après avoir quitté les cousines de Carcassonne, et de se dire que je repars le lendemain tandis qu'elle reste sur place. Enfin, là je ne parle que des dernières vingt-quatre heures alpines, mais j'ai passé l'essentiel de ces vacances à la mer, sous un soleil comme on n'en avait pas eu depuis longtemps. J'ai mangé des huîtres pour la première fois depuis plus de dix ans. Je suis partie en mission secrète. J'ai lu des livres tordants. J'ai guetté les cerfs-volants. J'ai fait la vaisselle du petit déjeuner. Et j'ai bronzé un peu, accumulant les couches de crème solaire au cours de la journée. Vient le moment où il faut choisir des photos pour illustrer cet article, cette fois je ne vous ferais pas de récit-images, du moins pas tout de suite, je choisis l'option simplicité qui consiste à écarter les photos de famille et à garder la mer et le ciel bleu, avec un soupçon d'originalité tout de même, enfin je crois.

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