Mercredi 25 août 2010 à 12:33

Troisième jour de prépa médecine pour mes trois Strasbourgeoises. A chaque fois que je fais un des gestes quotidiens à la maison, je m'imagine en train de le faire dans mon studio à Besançon. Et je pense à Chloé, Diane et Léa qui vivent en plein dedans depuis trois jours et qui ont commencé à se gaver de sciences. C'est bizarre, pour moi les sciences sont restées là où je les ai laissées ; au lycée. Ces mêmes sciences qui m'ont permis d'avoir une mention très bien au bac parce que j'ai eu 19 en physique-chimie et en SVT, je ne devrais normalement plus y toucher. Et c'est d'autant plus étrange que trois de mes cinq meilleur(e)s ami(e)s vont continuer à les pratiquer à haute dose, à un rythme bien plus soutenu que celui de la terminale S. Chaque jour, il y a des aléas de la cohabitation familiale qui me font penser : "Vivement que je me casse.". Et si les discussions de cinq minutes avec ma grand-mère sur l'existence de différentes sortes de biscottes me font bien marrer, j'aimerais bien qu'on me lâche la grappe un peu. Mon grand-père a dit : "Toutes façons tu verras bien par l'expérience, le jour où t'auras oublié d'acheter le pain et que t'auras pas de biscottes, tu sauras qu'il vaut mieux en acheter !", et je suis tellement tellement tellement d'accord avec lui. Laissez-moi tester, penser par moi-même et me planter pour mieux être avertie. Ca nous amuse et nous énerve à la maison, que ma grand-mère veuille penser à tout ("J'ai fait une liste : éponges, déodorant..."), comme si je n'avais pas déjà des parents qui savent de quoi on a besoin quand on déménage, et comme si je n'avais pas moi-même un cerveau pour penser à emmener mon nécessaire de survie (oui parce que c'est vrai que la brosse à chiottes ou le gobelet pour mettre la brosse à dent, j'y aurais peut être pas pensé tout de suite, mais après quand tu te ballades dans Babou tu vois plein de trucs qui te paraissent utiles, sauf que t'as pas de four alors tu peux oublier le moule à tarte). Mais le plus drôle, c'est que ma grand-mère a un frère (à vrai dire elle en a même trois mais il n'y en a qu'un qui est célibataire et qui nous donne souvent des sous), qui a décidé aussi de s'impliquer dans mon déménagement. Il nous a donc payé le frigo, et m'a filé des boîtes de conserves et des soupes en sachet, pour que j'aie quelque chose à manger. Non c'est vrai, s'il n'avait pas prévu le coup, je n'aurais jamais pensé à m'acheter de quoi manger. Quand je lui ai téléphoné pour le remercier, il m'a dit aussi de regarder s'il y a une boulangerie et un supermarché dans le coin. Je lui ai dit gentiment que comme j'habite au centre-ville, j'aurais l'embarras du choix. Non mais c'est sûr que je me serais pas doutée que je devrais faire les courses des fois. Et ma grand-mère, hilare, de me raconter qu'il lui a demandé si je savais cuisiner, qu'il lui a dit de m'apprendre à cuisiner, et aussi qu'il avait mis un sachet de soupe au format familial pour que ma mère la prépare, qu'on goûte ensemble et que je décide si ça me plaît. Ma grand-mère rit : "Je lui ai dit yo* Albert, arrête maintenant ! Ah, il est incroyable. Mais c'est mon frère, il a toujours été comme ça.". Je ris avec elle mais j'ai envie de lui dire qu'elle fait la même chose, à cela près qu'elle fait quand même assez confiance à mes parents pour me donner de quoi manger, et que je suis son unique petite fille, et non pas une des ses nombreuses petites nièces. Enfin, je dis tout ça. Ca nous énerve d'être pris pour des incapables, mais on est quand même sacrément contents d'être entourés de gens qui se soucient de notre bien-être. Sûr que j'ai eu du bol, entre les meubles et la vaisselle de récup', les grands-parents qui prennent en charge l'abonnement téléphonique et internet, le grand-oncle qui nous offre le frigo, et ce n'est pas moi qui paye le loyer de ma poche, ce qui n'est pas le cas de tout le monde.

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* yo : interjection alsacienne qui se glisse n'importe où et qui n'a rien à voir avec le yo genre wesh. En plus j'ai vu La Haine de Mathieu Kassovitz hier soir. On a rigolé quelques fois, et puis on est restés cloués sur le canapé à la fin. "C'est pas la chute qui est difficile, c'est l'atterrissage." Et en plus on avait regardé Slumdog Millionnaire juste avant, ça a pris mon père comme ça, de me proposer de regarder le film suivant. Ca c'est quand même cool.

Lundi 23 août 2010 à 13:57

J'ai fait le plus beau rêve de ma vie ce matin. Enfin, c'est le rêve dont je rêve éveillée, sauf que là il est venu se réaliser dans mon inconscient. Et ce qu'il avait d'encore plus beau que les autres, c'est qu'il était criant de réalisme. Le lieu n'était pas imaginaire et était même plutôt bien rendu, les personnages étaient réels également et pour une fois le rêve n'avait rien changé à leur corps, leur visage et leur voix. Encore mieux, ces derniers temps quand je me souviens de mes rêves, ils sont toujours frustrants. Je n'arrive jamais à y atteindre mon but, et tout le rêve consiste en ma frustration grandissante puisque je ne parviens pas à ce que je veux. Mais dans ce rêve-là, dans celui de ce matin, j'ai touché mon but, celui du rêve et celui de la vie, avant même d'y avoir songé. Et les sensations psychologiques et physiques que j'ai ressenties dans ce rêve, je les ai vraiment vécues, j'ai perçu jusqu'au moindre battement de coeur. Je n'aurais pu douter de la réalité de cet instant. Jamais je n'aurais pu imaginer que je rêvais. Jamais je n'aurais pu croire que j'allais me réveiller et que tout cela ne serait jamais arrivé. Mais je me suis pourtant réveillée, le désespoir dans l'âme. Plus seule que seule, à me battre avec mes draps. Et c'est parti pour me hanter jusqu'à demain. J'en ai marre de ces journées passées devant l'ordi à ne rien faire, parce que je ne sais plus rien faire d'autre. Hier, concert de la Music*lonie à Masevaux. Après avoir dit bonjour à dix mille personnes, nous avons pu entrer prendre place. Deux charmantes hôtesses distribuaient le programme du concert. Aussitôt le papier dans mes mains, j'ai cherché au verso la mention "Réalisation graphique : Quentin B.", et puis nous nous sommes rendues compte, avec Céline, que nous faisions la même chose. Et pour une fois, Quentin avait oublié de signer son travail. Une fois le spectacle commencé, chaque commentaire fait par l'une correspondait à ce que pensait l'autre. Quand nous riions en même temps, nous savions que nous avions remarqué la même chose parmi les différentes personnes sur scène. Au bout de cinq minutes, Céline a décrété : "Mais en fait ça sert à rien qu'on se parle.". C'était tellement jouissif. Retrouver l'osmose avec certaines personnes m'a fait un bien fou, que ce soit avec Céline hier ou avec mes trois belles vendredi soir. Il ne manque qu'un détail, un détail énorme, enfin pas bien gros mais surtout très grand, qui s'appelle Quentin et que je n'ai vu qu'en coup de vent.

Samedi 21 août 2010 à 15:34

Hier, Baldrik nous a emmenées aux champignons, Diane, Ade et moi. Il s'y connaît vachement en champignons, le tonton chevrette. Il nous a fait crapahuter dans la forêt, nous lui demandions son avis sur la comestibilité des champignons que nous trouvions, il en trouvait des bons et les gardait pour nous. Ade a développé une passion pour les petits champis rouges qui ne se mangent pas, et nous avons cueillis beaucoup de petits violets. C'était bien sympathique mais un peu casse-gueule ; "C'est fatiguant de marcher en pente. J'aimerais être un dahu.". L'itinéraire de Baldrik était plus que douteux, il nous faisait quitter les chemins et traverser des ravins perdus au beau milieu de nulle part, et nous avons soudain atterri sur une route goudronnée qui menait à Thann. Comme quoi, Baldrik est doté d'un sens de l'orientation indubitable. Nous avons fini chez lui, autour d'un verre de jus de fruit et de crêpes au Nutella. C'était un après-midi qui change et qui fait du bien.
L'après-midi air frais a précédé une soirée entre filles comme on n'en avait pas faites depuis longtemps. Repas à quatre sur la terrasse, des pâtes, une bouteille de vin - qui fait surtout l'aller-retour entre Diane et moi. Nous parlions de nos sous-vêtements, de nos vacances, poussions des cris des fois, tapions dans les mains à la réception d'une information capitale, demandions l'avis des autres, nous donnions des conseils. Les filles parlaient de leurs déboires amoureux, je ne disais rien, j'observais, mon verre à la main. Diane ne parlait pas non plus, nous nous sommes regardées pour activer la télépathie, elle a gentiment imité ma pose et j'ai dit : "J'crois que je vais boire encore un peu.". Elles flippaient toutes les trois pour leur entrée en fac de médecine, précédée de trois semaines de prépa qui commence... dans deux jours. J'écoutais leur peur, j'écoutais l'hystérie des unes et le silence des autres, et je n'ajoutais rien. Elles vont en crever, mais elles seront ensemble. Je suis contente pour elles, contente qu'elles ne soient pas seules et qu'elles puissent se soutenir mutuellement, même si elles auront moins de temps pour parler des choses de la vie. Même si elles auront moins de temps pour vivre les choses de la vie. La fin de la soirée est arrivée trop vite, nous débattions de mon cas personnel quand il a fallu partir. J'ai serré Chloé dans mes bras, première envie de pleurer, soudaine, impromptue, mais maîtrisée. Puis c'est moi suis partie. J'ai serré Diane fort, et je me suis rendue compte que je n'avais jamais songé à ce moment. Deuxième envie de pleurer, mes forces déjà diminuées par le premier épisode mais j'ai encore résisté. Et je l'ai serré encore, embrassée une dernière fois, c'était la scène finale de Thelma & Louise, sauf que nous nous séparions.

- Tu n'as pas trop peur, toi ?, m'a demandé Léa quand nous nous dirigions vers la voiture.
- Maintenant, si.

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Jeudi 19 août 2010 à 20:56

J'ai fait un peu de vélo, ce qui m'a bien rappelé que je n'ai pas fait de sport depuis qu'on a été notés en volley pour le bac. Le bac... c'est déjà loin. Presque pas de souffle et les cuisses douloureuses, donc. Mais c'était pour la bonne cause, je vais enfin pouvoir commencer un ravalement de façade, je suis enchantée. Au téléphone, je valse entre EDF et le plombier pour fixer des rendez-vous à l'appart', ceux de l'électricité sont de vrais chieurs : pas de rendez-vous le mercredi ni le samedi (seuls après-midis pendant lesquels mon père ne travaille pas), et en plus ils ne donnent pas d'horaire précis mais seulement des fourchettes. Pour vendredi prochain, j'ai eu droit à la fourchette 12:00-16:00. Vachement pratique, on va pas passer quatre heures à monter une étagère et à laver les assiettes non plus. Par chance, ceux de la plomberie sont hyper arrangeants et ont accepté le vendredi après-midi sans rechigner et sans proposer d'horaires impossibles, alleluia. Il reste encore les paperasses de la CAF et la souscription à un abonnement internet, ça ne s'arrête jamais.

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Et joyeux anniversaire, l'artiste.

Mardi 17 août 2010 à 22:13

Tiens, c'est marrant, j'avais justement bien envie de balancer cent euros par les fenêtres.

Alors alors. C'est pas que j'avais pas envie de vous raconter mon déménagement, au début j'étais plutôt partante, mais finalement j'ai été découragée par la liste de péripéties à réciter, puis quand l'envie m'a reprise d'écrire ici, internet avait disparu. Pendant plus de vingt-quatre heures je n'avais plus de connexion internet, et c'est malheureux à dire, mais je me sentais prisonnière. Heureusement que j'avais deux heures de conduite pour m'occuper ce matin, où j'ai roulé impeccablement, puis mon permis cet après-midi, que j'ai foiré avec brio. Doooonc, voilà. On oublie, parce que c'était vraiment pas drôle. Je veux plus voir de voitures pendant un moment, et quand on y réfléchit, de toutes façons maintenant je suis en vacances.
Pour ce qui est de mon déménagement, ça n'a pas été aussi simple que prévu. D'abord, le vendredi 13 s'est fait ressentir quand les flics nous ont arrêtés à 118 au lieu de 90 km/h (c'est mon père qui roulait, hein, pas moi). Quarante-cinq euros, deux points et un quart d'heure de perdus. Par chance, nous n'avions que neuf minutes de retard au rendez-vous devant l'immeuble. La demoiselle de l'agence immobilière me demande :
- Vous voulez visiter quel appartement ? [déjà, le mot "visiter" est louche]
- Le 39.
- En fait il y a un problème avec le 39, il est déjà loué...
- Ben oui, par nous.
- Aaah mais vous êtes les locataires ? Mais vous êtes venus pour quoi alors ?
- Pour récupérer les clés et...
- Ah mais vous êtes venus pour l'état des lieux ? Mais comment on va faire, moi je suis pas habilitée à faire l'état des lieux ! Mon supérieur est en congé et ma collègue qui s'occupe de l'état des lieux est déjà surbookée toute la journée ! Je crois qu'elle est libre à partir de dix-sept heures.
- Euh, on est venus avec cette camionnette, tous les meubles sont dedans, on est prêts à déménager, et on doit rendre la camionnette à dix-neuf heures à cent cinquante bornes d'ici.
- Venez, on va à l'agence.

Je vous passe les détails, nous avons passé deux heures à l'agence puisque la secrétaire s'est rendue compte que le bail n'avait pas été fait. En gros, nous avons attendu jusqu'à midi et demi que Françoise, de l'état des lieux, arrive au bureau pour taper le bail pendant sa pause et nous incruster dans son emploi du temps de l'après-midi. Nous sommes partis de l'agence après 13:30, avons mangé un sandwich, acheté un frigo, et sommes revenus devant l'immeuble pile à l'heure pour l'état des lieux, à 14:45. Avec toutes ces histoires, nous avons déchargé la camionnette assez tard, -et je vais pas vous conter l'histoire de l'ascenseur, parce que j'ai mal à l'épaule- et comme il n'y avait pas d'électricité, pas moyen de passer l'aspirateur. L'appartement n'est donc pas encore tout à fait vivable, mais il ne manque pas grand chose. Pour certaines raisons, j'ai quand même hâte d'être là-bas. Vivement le train, le vélo, la marche à pied et un peu de bus, et vivement la fuite de la maison familiale, vers mon chez-moi à moi, un monde qui ne tournera que pour moi, grâce à moi.

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