Tout est terminé. Les examens les plus longs de la vie sont passés, et plutôt bien. Un doute subsiste, qui m'empêchera de programmer quoi que ce soit aux dates des éventuels rattrapages, mais je suis sereine au moins jusqu'à la fin du mois. Les projets se portent bien, eux aussi. Après avoir attendu des semaines pour des réponses négatives à la mais-j'aurais-pas-de-temps-à-vous-consacrer-entre-mon-boulot-et-mes-gosses, j'ai eu la délicieuse surprise d'ouvrir un jour un mail qui me disait : "J'accepte avec plaisir de diriger votre mémoire". Grands dieux ! Avec plaisir ? Et sans hésitation ? J'ai fait le tour de mon appart à pieds joints en poussant des cris suraigus, légèrement incrédule. Depuis ce jour béni, je me sens légère. Le futur est en marche, ma dernière année a trouvé sa raison d'être ou plutôt son moyen de subsistance, et je vais pouvoir tenter de répondre à la problématique qui me taraude depuis plus d'un an. Waouh.
Soudain on se sent grands. Cette troisième année dernière moi, je remonte le temps et je me souviens de comment je me sentais au départ, et surtout de comment on s'adapte à tout. L'année des concours, je considérais les orthophonistes (jamais rencontrées de ma vie) comme des déesses et les étudiantes en orthophonie comme des demi-déesses. Puis j'ai rejoins leurs rangs et j'ai rapidement trouvé ça normal. "J'étais faite pour ça, je ne pouvais que réussir." Des conneries qu'on me racontait pour m'encourager au concours et dont je ne croyais pas un traître mot. Ce n'est pas parce que c'est moi que je vais y arriver. Et puis un jour, il faut bien accepter d'être 14ème sur 1100 et que non non, ce n'est pas une erreur. Alors on s'habitue vite à avoir réussi et à l'idée que c'était inévitable. Parallèlement est venue la désidéalisation de mes camarades étudiants en orthophonie, qui sont des gens comme moi ou presque, pas plus divins que ce que je croyais être à l'époque où je n'avais aucune confiance en mon avenir. Par contre, depuis ma première année gentiment théorique et encore peu orthophonique, j'observais les troisième année grandes et belles et déjà presque professionnelles, ne parlons même pas des quatrième année.
Et voilà que j'y suis. Que je ne suis pas plus grande qu'en première année, mais sûrement un peu plus belle, et surtout beaucoup plus instruite et expérimentée dans mon domaine. Nous voilà à jouer aux vieux cons qui ne s'intéressent plus aux événements de notre amicale, à râler quand on veut nous prendre en photo pour un trombinoscope, parce qu'on a du boulot, parce qu'on a nos amis et qu'on n'a plus envie de rencontrer d'autres étudiants ortho pour parler encore et toujours d'orthophonie, bouffer ortho toute la journée.
Et nous voilà à la place des grands, bientôt doyens de l'école, à passer des examens, les tout derniers examens, qui donnent enfin l'impression de nous préparer à un vrai métier. Et nous commençons à nous sentir responsables, à savoir que nous SAVONS, que nous serons bientôt prêts à nous lancer dans la vie active, alors que c'était à peine envisageable il y a deux ans. Je ne me croyais pas capable de réussir le concours. Je ne me croyais pas capable de rédiger mes rapports de stage. Je ne me croyais pas capable de m'intéresser à un sujet particulier pour en faire un mémoire, mener des recherches, une expérimentation et une soutenance. Et pourtant, tout arrive. C'est toujours normal, cela survient toujours au bon moment, et on finit par oublier que ça a été difficile, que ça a généré beaucoup de stress, parce que l'étape suivante est toujours d'un niveau de difficulté supérieur, et qu'on finit toujours par s'en sortir.
C'est peut-être pour cela que je dois continuer d'écrire. Pour conserver les instants de rage, de désespoir et d'angoisse, pour ne pas oublier les efforts, pour se rappeler qu'on n'a pas tout obtenu juste en claquant des doigts.
Ma survie dans ces moments-là, je la dois à ma petite bande qui s'est formée mine de rien ces derniers mois, qui a été un soutient dans le stress, des effusions de joie dans les bonnes nouvelles, et surtout une distraction parfaite pour oublier les problèmes des autres que je trimballe avec moi.
Merci les amis.
Soudain on se sent grands. Cette troisième année dernière moi, je remonte le temps et je me souviens de comment je me sentais au départ, et surtout de comment on s'adapte à tout. L'année des concours, je considérais les orthophonistes (jamais rencontrées de ma vie) comme des déesses et les étudiantes en orthophonie comme des demi-déesses. Puis j'ai rejoins leurs rangs et j'ai rapidement trouvé ça normal. "J'étais faite pour ça, je ne pouvais que réussir." Des conneries qu'on me racontait pour m'encourager au concours et dont je ne croyais pas un traître mot. Ce n'est pas parce que c'est moi que je vais y arriver. Et puis un jour, il faut bien accepter d'être 14ème sur 1100 et que non non, ce n'est pas une erreur. Alors on s'habitue vite à avoir réussi et à l'idée que c'était inévitable. Parallèlement est venue la désidéalisation de mes camarades étudiants en orthophonie, qui sont des gens comme moi ou presque, pas plus divins que ce que je croyais être à l'époque où je n'avais aucune confiance en mon avenir. Par contre, depuis ma première année gentiment théorique et encore peu orthophonique, j'observais les troisième année grandes et belles et déjà presque professionnelles, ne parlons même pas des quatrième année.
Et voilà que j'y suis. Que je ne suis pas plus grande qu'en première année, mais sûrement un peu plus belle, et surtout beaucoup plus instruite et expérimentée dans mon domaine. Nous voilà à jouer aux vieux cons qui ne s'intéressent plus aux événements de notre amicale, à râler quand on veut nous prendre en photo pour un trombinoscope, parce qu'on a du boulot, parce qu'on a nos amis et qu'on n'a plus envie de rencontrer d'autres étudiants ortho pour parler encore et toujours d'orthophonie, bouffer ortho toute la journée.
Et nous voilà à la place des grands, bientôt doyens de l'école, à passer des examens, les tout derniers examens, qui donnent enfin l'impression de nous préparer à un vrai métier. Et nous commençons à nous sentir responsables, à savoir que nous SAVONS, que nous serons bientôt prêts à nous lancer dans la vie active, alors que c'était à peine envisageable il y a deux ans. Je ne me croyais pas capable de réussir le concours. Je ne me croyais pas capable de rédiger mes rapports de stage. Je ne me croyais pas capable de m'intéresser à un sujet particulier pour en faire un mémoire, mener des recherches, une expérimentation et une soutenance. Et pourtant, tout arrive. C'est toujours normal, cela survient toujours au bon moment, et on finit par oublier que ça a été difficile, que ça a généré beaucoup de stress, parce que l'étape suivante est toujours d'un niveau de difficulté supérieur, et qu'on finit toujours par s'en sortir.
C'est peut-être pour cela que je dois continuer d'écrire. Pour conserver les instants de rage, de désespoir et d'angoisse, pour ne pas oublier les efforts, pour se rappeler qu'on n'a pas tout obtenu juste en claquant des doigts.
Ma survie dans ces moments-là, je la dois à ma petite bande qui s'est formée mine de rien ces derniers mois, qui a été un soutient dans le stress, des effusions de joie dans les bonnes nouvelles, et surtout une distraction parfaite pour oublier les problèmes des autres que je trimballe avec moi.
Merci les amis.