Je viens de finir mon repas, pourtant cela fait un moment que je suis revenue du pont éclairé en bleu que j'aperçois depuis ma fenêtre. J'ai passé une fin de journée ahurissante. Le soleil a commencé à se coucher, j'ai ouvert plus grand les volets, puis j'ai allumé la lampe. Puis je me suis assise sur la dernière marche au pied de l'immeuble, dans le noir. C'est fou ce qu'on peut bâtir en un rien de temps à partir d'un bout de confiance. C'est dinguedinguedingue. Je suis en état d'éveil total. J'ai quasiment passé ma journée avec des fumeurs, alors il m'arrive encore de saisir brièvement des effluves de tabac froid. Je suis dans un état complètement nouveau, et je pensais initialement me contenter d'énumérer quelques Wow ! pour constituer cet article. Wow, carrément wow.
Lundi 27 septembre 2010 à 23:26
Vendredi 24 septembre 2010 à 19:16
Hier matin, en cours de phonétique, mes amis franc-comtois étaient bien largués avec les o et les é. Le Franc-Comtois est une espèce assez drôle, il ne fait pas de [velo], mais du [vεlɔ] (cherchez dans le dictionnaire si vous n'avez jamais fait de phonétique). Ils s'obstinaient assez avec leur [ε], et certains ne comprenaient pas non plus la différence entre le [ə] et le [œ]. Très franchement, je m'éclatais. La transcription phonétique, c'est presque mathématique. A force de relever les erreurs d'ouverture de l'accent franc-comtois, j'ai révélé ma non-appartenance à la région. "Vous venez d'où ?", m'a demandé le prof, qui soit-disant devait se forcer pour bien prononcer les phrases qu'il nous dictait, mais qui a quand même dit distinctement "Lui est Louis", au lieu de "Lui et Louis"... "D'Alsace", répondis-je bien entendu. Et c'est là que j'ai réalisé que l'accent alsacien a beau être très particulier, au moins il n'agit que sur la longueur des syllabes, et pas sur la prononciation même des voyelles. Certes, les vieux qui parlent l'alsacien couramment ont tendance à confondre les je et les che, les grand et les cran, les pain et les bain, et à manger du cratin de gourgette. Mais en même temps, à l'époque où il sont nés, on ne parlait même pas français en Alsace. Puis les Allemands ont débarqué pendant la WWII, et c'est seulement après que la langue française s'est imposée, alors on ne peut pas vraiment leur en vouloir. La conclusion de tout ça, c'est que l'accent alsacien n'est peut être pas subtil, ni élégant, et que j'ai sorti des yé et des yeu par inadvertance cette semaine, mais que le franc-comtois ne vaut absolument pas mieux.
Cela dit, à Besac, il a fait beau et chaud de lundi à jeudi, et je me suis promenée en robe comme en été. Ce matin, j'ouvre mes volets sentheimois, et c'est le gris. Il fait nuit dans la maison, il fait noir dans ma chambre même en retirant les rideaux, et il fait froid. Un pantalon, des chaussettes, un T-shirt à manches longues et un gilet par-dessus, il fait bon sous mes vêtements mais j'ai le nez gelé. A Besançon, au sixième étage de mon immeuble rue de la Mouillère, le soleil tape toute la journée sur la baie vitrée et je suis assaillie par la chaleur en rentrant le soir.
Je me suis dit aussi qu'il serait bien que je photographie un peu ce que je vois tous les jours, pour vous montrer, alors venez, je vous emmène sur le chemin de la fac.
Cela dit, à Besac, il a fait beau et chaud de lundi à jeudi, et je me suis promenée en robe comme en été. Ce matin, j'ouvre mes volets sentheimois, et c'est le gris. Il fait nuit dans la maison, il fait noir dans ma chambre même en retirant les rideaux, et il fait froid. Un pantalon, des chaussettes, un T-shirt à manches longues et un gilet par-dessus, il fait bon sous mes vêtements mais j'ai le nez gelé. A Besançon, au sixième étage de mon immeuble rue de la Mouillère, le soleil tape toute la journée sur la baie vitrée et je suis assaillie par la chaleur en rentrant le soir.
Je me suis dit aussi qu'il serait bien que je photographie un peu ce que je vois tous les jours, pour vous montrer, alors venez, je vous emmène sur le chemin de la fac.
Le pont de la République.
Vue depuis le pont, toujours le même parc qui s'étend jusqu'au pont de Brégille. J'habite de l'autre côté des arbres.
La Grande rue, d'un côté de la place du huit septembre.
La merveilleuse affiche qui habille tout le centre-ville et qui me manquera sacrément quand le festival sera terminé. A l'arrière, la basilique Saint Pierre, à moins que ce ne soit qu'une église, qui fait dire place Saint Pierre aux gens, alors que c'est la place du huit septembre -libération de Besançon.
Grande rue, de l'autre côté.
Et enfin, l'entrée de l'UFR SLHS de Besançon. La fac de Lettres, pour être plus simple.
Jeudi 23 septembre 2010 à 22:46
D'accord. Je suis à Sentheim. J'ai fini ma semaine ce matin à onze heures à Besançon et j'ai réussi à négocier pour passer l'après-midi chez Quentin, à Belfort. On s'est dit à jeudi prochain, ou non, à dimanche, parce qu'il est clair que mes incursions post- ou pré-trajet en train vont devenir une chouette habitude. Et c'est la belle vie comme ça. Semaine impeccable, weekend qui commence tout aussi bien. Clémence m'a invitée à manger chez elle hier soir, avec son voisin Robin, celui qui m'avait dit de rester avec eux pour jouer de la guitare sur les quais la première semaine, et Amélie qui était là aussi ce fameux jour. J'ai pleuré de rire à table, à force d'accumuler j'ai été prise d'un fou rire difficile à maîtriser, il suffisait que Robin ajoute un énième "C'est cool" pour que je reparte. Il faut dire qu'il a quand même réussi à me faire croire qu'il utilisait un dentifrice bio à base de terre, stocké dans un bocal consigné. Non je n'avais pas mangé mon bon sens, c'est juste que c'est un personnage tellement haut en couleur que le coup du dentifrice bio à la terre ne m'a plus étonnée que ça. Robin est un anarchiste qui y croit, qui récite des paroles de chansons engagées à tout bout de champ, dont celles écrites par son meilleur ami, et quand il a lancé : "J'ai douté des détails", j'ai rebondi sur "...jamais du don des nues. Noir Désir est mon groupe préféré." "C'est vrai ? Moi aussi !", et nous nous sommes ainsi retrouvés à écouter la musique du plus grand poète-meurtrier du monde. C'était COOL. Nous avons aussi eu un petit débat sur l'anarchie, puisque je lui ai dit que je ne croyais pas en la race humaine, enfin je dis débat, mais non je devrais plutôt dire discussion avec respect du point de vue de l'autre. Maintenant je sais que quand je le croiserai à l'avenir, je pourrais lui lancer du "Salut Pierre-Joseph" ou du "Entre les dérapages, entre les lignes d'orage", au lieu des sourires que nous échangions jusqu'à présent histoire de dire "je te reconnais, mais c'est tout" (je le croisais vraiment partout, tout le temps). Et puis j'ai revu Tarik, aussi, Tarik qui assume de me raconter des conneries pendant deux heures de cours, juste sous le nez de la prof, parce qu'il n'a pas choisi de s'asseoir au premier rang. Et j'ai encore fait connaissance avec une fille de ma classe ce matin, une fille que je trouve très vraie, qui me plaît donc assez au premier abord. Je deviens un être social, je suis ébahie. Ah et j'ai renoncé à acheter un (autre) tee-shirt Jim Morrison. En fait, je n'avais pas pensé, avant de l'essayer, que la tronche d'un beau mec, une fois moulée sur le buste d'une femme, ne ressemble plus à rien. C'est vrai quoi, mes seins -pourtant pas d'un grand modèle- ont causé des déformations irrémédiables à la bonne gueule de Jim, alors je me suis retenue de rire, j'ai rendu le tee-shirt, et je suis partie. Ca me permet de dire que j'ai acheté une robe parce que je n'ai pas acheté Jim. C'est fou d'ailleurs comme le monde change quand tu portes une robe, c'est pas la veille, quand je me trimballais avec mon pantalon à bretelles, que je récoltais des "Bonita" et des "Bonsoir mesdames, vous êtes belles"... J'ai pris des photos, non pas pour faire joli mais seulement pour voir à quoi je ressemblais de la tête au pied puisque je n'ai qu'un petit miroir là-bas. Je vous laisse avec l'une d'elle histoire de vous montrer comment je me suis bien déguisée en bonne petite fac-de-lettreuse.
Pour la vue d'ensemble c'est plutôt raté, mais les autres sont floues, ou sombres, ou mal cadrées, ou tout ça à la fois, mais si ça vous intéresse de savoir que j'ai poussé le vice jusqu'à m'acheter une broche-fleur -ouiouiouijel'aifaitc'estmal-, il y a toujours celle-là à titre indicatif.
Mardi 21 septembre 2010 à 22:02
Nous avons commencé à manger nos pâtes à vingt heures, vingt minutes avant le départ de mon train. "Tu viens avec moi à la gare ?" "Bien sûr !". Départ de chez Quentin un peu plus tard que prévu, je devais encore acheter mon ticket, Quentin regarde le code de ma carte bancaire et se précipite dans les escaliers. "Mais il est où mon train ?" "En face !". Je composte, je le suis, je n'ai absolument pas regardé ma voie sur les panneaux, me disant qu'il a l'air de savoir où il va. Quentin fonce au bas des escaliers, "Eh, je te rappelle que c'est moi qui prends le train et que j'ai une valise !", alors il remonte, me prend la valise des mains et nous courrons ensemble jusque sur le quai. "Tu vois, tu l'as pas loupé !", bref au revoir, il s'en retourne aussi vite qu'il était venu, merci pour les pâtes.
Arrivée à Besac dans un roulement de valises, je vous avoue ressentir une sorte de cohésion avec tous ces gens qui traînent leurs bagages sur les mêmes passages piétons que moi, dans le froid de la nuit. Lundi, huit heures de cours, une vraie journée bien remplie, une rencontre avec une vraie personne intéressante, Tarik, lors du cours d'Histoire des idées dans la littérature, matière qui me fera faire un peu de commentaires de textes, c'est bien. Et j'écris actuellement de... chez moi ! Ca y est, j'ai internet dans mon appartement. Il a fallu moult péripéties pour que le technicien arrive enfin chez moi, et j'ai finalement loupé une heure de cours, mais ça marche, et ça marche bien. Je n'ai pas faim, je me suis enfilée six tartines de Nutella pour le goûter... à 18:30, le temps de sortir de cours et d'attendre que les baguettes terminent de cuire à la boulangerie. J'ai pensé à ce vieux cliché du français avec la baguette sous le bras et j'ai ri intérieurement, parce que je portais mon pantalon à bretelles avec ma chemise blanche, et qu'à chaque fois je repense à Quentin me disant : "Allez viens, Gavroche".
Arrivée à Besac dans un roulement de valises, je vous avoue ressentir une sorte de cohésion avec tous ces gens qui traînent leurs bagages sur les mêmes passages piétons que moi, dans le froid de la nuit. Lundi, huit heures de cours, une vraie journée bien remplie, une rencontre avec une vraie personne intéressante, Tarik, lors du cours d'Histoire des idées dans la littérature, matière qui me fera faire un peu de commentaires de textes, c'est bien. Et j'écris actuellement de... chez moi ! Ca y est, j'ai internet dans mon appartement. Il a fallu moult péripéties pour que le technicien arrive enfin chez moi, et j'ai finalement loupé une heure de cours, mais ça marche, et ça marche bien. Je n'ai pas faim, je me suis enfilée six tartines de Nutella pour le goûter... à 18:30, le temps de sortir de cours et d'attendre que les baguettes terminent de cuire à la boulangerie. J'ai pensé à ce vieux cliché du français avec la baguette sous le bras et j'ai ri intérieurement, parce que je portais mon pantalon à bretelles avec ma chemise blanche, et qu'à chaque fois je repense à Quentin me disant : "Allez viens, Gavroche".
Dans le parc en face de chez moi.
Dimanche 19 septembre 2010 à 17:29
Bon, admettons que dans le petit weekend inutile, il y avait tout de même un bon repas avec des amis de la famille que j'apprécie. Ca aide à se remettre en phase. Ferdinand de Saussure m'exaspère, non mais c'est vrai, il n'aurait pas pu publier ses Ecrits de linguistique générale de son vivant, ou au moins écrire lisiblement de manière à ce que les gens qui publièrent son manuscrit ne fussent pas obligés de couper sans arrêt le texte, rendant la compréhension encore plus impossible... Je vais vous donner un bel exemple, page 40 :
"Il faudrait tout reprendre, et on ne sait par quel côté commencer. Il faudrait, entre mille choses, demander ce qu'est un mot (dans le temps), s'il peut changer de forme et de signification, et dès lors ce que signifie l'affirmation seule qu[ ]
Mais bornons-nous à ressaisir le fil directeur au lieu d'essayer de débrouiller l'entassement d'erreurs et de termes mal définis qui [ ]"
Génial, hein ? Mais ce soir, ou plutôt dans juste une heure, je vais chez Quentin à Belfort, pour manger avec lui avant de prendre mon train de 20:20, et ça c'est carrément trop bien. Cela fait plus de trois semaines que je ne l'ai pas vu, ce qui n'est pas arrivé depuis l'été 2009, c'est dire si je n'ai pas l'habitude et s'il me manque.
"Il faudrait tout reprendre, et on ne sait par quel côté commencer. Il faudrait, entre mille choses, demander ce qu'est un mot (dans le temps), s'il peut changer de forme et de signification, et dès lors ce que signifie l'affirmation seule qu[ ]
Mais bornons-nous à ressaisir le fil directeur au lieu d'essayer de débrouiller l'entassement d'erreurs et de termes mal définis qui [ ]"
Génial, hein ? Mais ce soir, ou plutôt dans juste une heure, je vais chez Quentin à Belfort, pour manger avec lui avant de prendre mon train de 20:20, et ça c'est carrément trop bien. Cela fait plus de trois semaines que je ne l'ai pas vu, ce qui n'est pas arrivé depuis l'été 2009, c'est dire si je n'ai pas l'habitude et s'il me manque.
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