Mercredi 18 juillet 2012 à 19:46

Bon. Je n'avais pas parlé du projet de vendanges à ma famille, sachant très bien qu'il n'aboutirait pas. J'avais raison. Chacune s'étant enfin décidée, il est trop tard pour commencer les démarches. Je me contenterais donc de mon salaire d'accueil de loisirs pour apaiser un peu ma culpabilité d'étudiante-vacancière-aux-frais-de-ses-parents. De toutes façons, qu'est-ce que j'en fais, de cet argent ? Je le colle sur un compte épargne et je n'ose pas y toucher, sauf en cas d'extrême urgence (découvert irrattrapable) ou d'achat d'utilité première (il faudra bien que je me décide un jour à acheter une sacoche pour mon appareil photo). Travailler pendant les vacances n'a pas pour but premier de gagner de l'argent, mais de la crédibilité. Heureusement, malgré mon manque d'enthousiasme préalable, je me plais beaucoup dans ce job. Je préfère d'ailleurs être au travail qu'à la maison, mais j'accepte les journées de repos avec soulagement, histoire de puiser de l'énergie quelque part, puisque même si les journées de dix heures sont moins longues que dans mes souvenirs d'il y a deux ans, quand on en sort, on n'a plus qu'une envie : dormir. Les gosses de 3 à 5 ans sont certainement les plus beaux. J'en ai croisé certains d'il y a deux ans, qui ont bien grandi et ont tout perdu de leur majesté d'avant. Ceux qui étaient les plus petits la dernière fois sont aujourd'hui les plus grands, et c'est fou de voir à quel point l'être humain se métamorphose vite pendant la première période de la vie ; une petite fille que j'ai connu à trois ans, presque encore un bébé, timide et sachant à peine parler, est aujourd'hui une gamine malicieuse de cinq ans à la féminité déjà exacerbée. Il y a quelque chose dans cette féminité qui me gêne chez les petites filles et m'amène à préférer les garçons qui sont, à mon avis, moins "sexuels". Disons pour justifier ce terme qu'ils n'ont pas conscience de leur éventuelle beauté et ne jouent pas de leurs charmes, contrairement à de nombreux enfants de sexe féminin tout de rose vêtus. Le rose, voilà ma deuxième raison de moins aimer les petites filles. Pourquoi faut-il toujours qu'elles accordent tant de passion à cette couleur idiote, ainsi qu'au tripotage des cheveux ? C'est quand même pas ça, être une fille ! Même si être un garçon, ce n'est pas non plus jouer au foot et aux jeux de guerre... La différenciation des sexes est déjà sacrément marquée à trois ans, ça me laisse pantoise - et je crois qu'à chaque centre aéré, j'en parle ici. Mais sinon, je les aime bien, même quand ils sont pénibles, même quand ils n'écoutent rien, même quand ils ont l'air sournois, même quand il faut les changer après un accident. Comme je l'ai dit plus haut, entre trois et cinq ans, c'est là qu'ils sont les plus mignons.
J'ai déjà fait la moitié du boulot ; dans à peine plus d'une semaine, ce sera déjà fini. Et la moitié des vacances se sera déjà écoulée. Je n'aurai plus de travail après. On me demande ce que j'ai prévu, si je pars en vacances. A part la semaine en famille, non, rien n'est programmé. Depuis que j'ai vécu l'été dernier, j'ai compris que le hasard et l'improvisation donnaient ce qu'il y a de meilleur. Je ne prévois donc rien, seulement d'aller où le vent me portera, au fil des jours, des occasions et, je l'espère, des rencontres. Je laisse venir.

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Dimanche 8 juillet 2012 à 14:04

Cette fois ça y est, je crois que je peux le dire, même si je me le dis toutes les semaines et que, de ce fait, je croyais l'avoir déjà écrit de nombreuses fois. On s'aime. Pas à deux et pas d'amour, mais nous sommes quelques personnes ayant fait connaissance cette année à nous aimer d'amitié. Je sais, j'use et abuse un peu du verbe "aimer" en ce moment, mais après tout, l'amitié n'est rien d'autre que de l'amour sans désir, tout comme l'amour que l'on porte à sa famille. Ne dit-on pas souvent, en parlant de sa bande d'amis, que l'on s'est créé une deuxième famille ? Et bien voilà, nous formons à présent une petite famille, et même si c'est implicite, c'est là. Il y a ces sourires, la joie de se retrouver, l'absence de gêne, quand tu crains au début d'en faire trop mais que la personne en face de toi est ravie, "viens quand tu veux". Alors on va à la plage, je pars en vacances chez Nikita, et je me lamente de ne pas pouvoir passer le mois de juillet à Strasbourg.
Je profite de mes derniers jours libres avant le boulot pour habiter chez moi. Quel bonheur de remettre les pieds en ville ! En fin de compte, en été, Strasbourg est chaleureuse. J'ai mis un peu trop de temps à comprendre que l'hiver était passé. Mais maintenant, j'apprécie d'arpenter les rues sans souci de l'endroit où mes jambes me mènent, sans souci de l'heure et du retour ; en ville, si tu as marché trop loin, tu peux toujours rentrer en tram ou en bus. Te lever le matin, ouvrir les volets et les fenêtres en grand, tâter la température de l'air, enfiler une robe, des sandales et sortir sans plus t'encombrer, rentrer à minuit sans avoir froid, et sans avoir peur de marcher seule la nuit. Samedi soir, les rues sont peuplées. Nous avons attendu toute une année et la fin de nos partiels pour découvrir Strasbourg by night. C'était un jeudi, soir de la fête par excellence, et il nous a suffi de nous asseoir dehors, à l'arrache, pour que le monde vienne à nous, avec guitares et autres réjouissances. On n'avait vraiment rien compris avant ça. C'est ça que j'aimerais faire de mes vacances.
Il n'y a rien de meilleur qu'un lendemain de soirée qui se termine lui-même par une autre soirée. Je m'étais réveillée à midi, me rappelant des rencontres de la veille, le sourire au lèvres. Je m'étais levée en dansant, j'avais mis la musique de circonstance. J'avais quatre heures devant moi avant que Martin ne débarque pour les préparatifs de la soirée à venir, un pique-nique gentillet - avec une once de provocation dans un paquet de cigarettes -, mais tellement plein de joie, de regards et de sourires que j'en avais mal aux mâchoires. Et c'est là que je me disais, wouah, on s'aime.

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Photo empruntée à une camarade

Jeudi 5 juillet 2012 à 12:29

J'ai revu une personne que j'aimais, et je me suis souvenue de pourquoi je l'avais aimée. De ce simple constat est parti une multitude de réflexions sur les relations, l'amour, la vie. Il m'a rappelé involontairement ce qui est essentiel, m'a ouvert les yeux sur ce qui m'a manqué par après. L'ordre de mes priorités n'a pas changé, mais je suis mieux capable de cibler de quoi sont faites ces priorités maintenant. Ai-je été aussi heureuse qu'en seconde pendant ces dernières années ? Assurément non. Ai-je eu des relations faciles depuis trois ans ? Absolument pas. Celles qui n'ont jamais commencé, celles qui n'ont jamais abouti, celles dont l'attente et l'absence au quotidien étaient insupportables, il faudrait y voir du bonheur ? Le bonheur d'être dans les bras de quelqu'un, teinté déjà de la certitude du départ proche et de la séparation à venir, encore et encore, est décuplé par son caractère éphémère, et nous plonge d'autant plus dans le noir, par contraste, quand les kilomètres s'interposent. Maintenant que nous ne vivons plus chez nos parents, que nous avons des appartements où nous pouvons inviter qui nous voulons, quand nous le voulons, maintenant que nous sommes maîtres de notre temps, nous sommes seuls. Maintenant que nous pourrions nous voir quand bon nous semble, dormir ensemble dès que l'envie se présente, passer plusieurs jours sans se séparer si nous le désirions, maintenant que l'on pourrait s'épanouir à deux sans obstacles ni contraintes, c'est maintenant que nous sommes seuls.
Je m'estime toujours heureuse quand je ne suis pas amoureuse, mais à quelle fréquence cela se produit-il, quand puis-je dire que je ne me languis de personne ? Ca m'est arrivé une fois, à peu près entre le 24 mai et le 24 juin 2011. Un mois dans toute mon existence d'amour, disons un mois en cinq ans, un mois pendant lequel je me suis sentie libre. J'aspire en permanence à cette liberté. Même quand mon coeur est peuplé, je n'ai pas envie d'être en couple. Même actuellement, j'imagine mal une vie de couple s'ajouter à mes vies sociale et estudiantine. Et pourtant, la conclusion de ces réflexions, c'est que je n'ai pas envie de passer mes cinq ans d'études sans avoir goûté à l'amour étudiant. Pas des aventures, pas une relation sérieuse à distance, non ; il y a forcément des gens formidables à aimer à Strasbourg. Quelqu'un pour qui on n'a pas de train à prendre, pas de dates à fixer, juste le quotidien à vivre, à improvise
r. Qui serais-je pour oser prétendre que l'amour ne me manque pas ?

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Mardi 5 juin 2012 à 18:33

 Il serait temps d'aimer Strasbourg.

Mercredi 30 mai 2012 à 19:41

J'aime savoir mais pas apprendre.
Je dégueule les listes de symptômes, de causes, de conséquences, de traitements, de diagnostics différentiels, de troubles associés, d'"autres signes", d'épidémiologie, de chiffres, de définitions, de syndrome dans le syndrome dans le syndrome... Des listes, des listes, toujours des listes et encore des listes. Ca rentre par un oeil et ça ressort par l'autre. [Enfin, ça rentre par les deux yeux, ça chemine le longs des nerfs optiques, ça redistribue au chiasma et ça repart dans les radiations optiques jusqu'au cortex visuel primaire dans le lobe occipital, mais ça, c'est d'une simplicité presque enfantine.] Je déteste me bourrer le crâne, je déteste tellement que je n'y arrive pas, je ne retiens que les grandes lignes. Certains font des impasses en laissant quelques cours de côté, moi je fais des impasses sur les détails de tous les cours. A la trappe, direct. Il ne reste plus qu'un partiel, plus que deux petites heures, et tout mon corps se tend devant le niveau de dégueulasse du "support de cours" au format pdf (histoire qu'on ne puisse pas le rendre plus lisible et supprimer le quart inutile des 190 diapos... Ô rage...). Je n'en peux plus, j'explose. Il y a quelque chose en moi qui se tord, se débat, veut sortir mais ne sait pas par où. J'abandonne.

Cela ne me fait prendre conscience que d'une chose : je suis folle de bonheur de ne pas être allée en médecine, plus que jamais.

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