Je vous ai abandonnés, un peu. J'ai eu pas mal de réponses à propos du futur nouvel habillage du blog, et je vous en remercie bien (je ne savais pas que vous étiez tous là, ça m'a fait tout drôle) mais je ne suis pas passée à la pratique car j'ai besoin d'un scanner d'abord. Je devais vous en mettre plein la vue avec mes photos de Corse, je sais. Mais l'été est passé à toute vitesse. J'ai glandé un peu, j'ai fondu sous les trois mille degrés caniculaires (c'est mon premier été complet en ville, je peux vous dire que ça me fait bien rire qu'on ne nomme officiellement qu'un jour ou deux "canicule" alors que le béton n'est pas passé sous la barre des 25°C la nuit pendant trois semaines). Et puis j'ai commencé à travailler, et j'ai presque déjà fini. Je termine ma troisième semaine d'aide à domicile chez des personnes âgées. J'en avais assez des centres aérés, j'ai voulu changer de système et de public - radicalement, me direz-vous.
Les vieux sont gentils. La plupart entretiennent d'ailleurs assez bien leur logement, ce qui fait que mon ménage chez eux reste plutôt soft. Oui, aide à domicile est un terme bien pompeux qui cache la véritable nature du job : le ménage. A la première réunion d'information, on nous a servi du : "L'aide à domicile, ce n'est pas seulement l'entretien du lieu de vie, c'est aussi de l'accompagnement. On pourra par exemple vous demander de lire son journal à une personne qui ne voit plus assez bien, ou de l'emmener se promener, etc." Mon cul. La promenade ne m'est arrivée qu'une fois, les courses très rarement aussi, et l'aide aux loisirs, jamais. Aspirateur, balai, serpillère. Chiottes à nettoyer avec des outils plus ou moins adaptés. Et pisse de chien tous les midis. Les premiers jours, cette histoire de chien m'a traumatisée. Je rentrai manger chez moi (en quatrième vitesse) avec l'odeur immonde imprimée dans le cortex olfactif. J'ai développé une aptitude très pointue à détecter l'urine de chien par l'odorat. Je n'avais jamais remarqué que la ville sentait à ce point la pisse ! Et puis on s'habitue à tout, ou du moins on se résigne, on prend son mal en patience et on en vient à préférer que le clébard chie dans la salle de bain plutôt que sur les trottoirs, car au moins la crotte est sèche au moment de la ramasser... Si je me suis résignée, c'est parce que je n'avais pas le choix, mais je reste assez révoltée sur le fond, et je n'échappe pas à l'odeur. J'avais signé pour travailler avec des gens, pas avec des chiens. Les gens, eux, sont sympathiques. Ils m'apprécient et je le leur rend bien. Et il y a tout de même des activités plus agréables que d'autres, par exemple le repassage. Ce que je préfère, c'est l'aide au repas - ça ne vous étonnera peut-être pas si vous avez déjà parcouru mes nombreux articles traitants de bouffe. Quand une mamie de 93 ans te dit : "Vous au moins, vous savez faire la cuisine !", tu peux être fière. Je suis plus que jamais bonne à marier.
Avec tout ça, c'est un job assez physique et très rythmé, ponctué de déplacements en vélo - toujours à fond - qui rajoutent de l'activité sportive. La première semaine, que dis-je, le premier jour, à la première heure, j'avais déjà le dos en compote ; puis j'ai surveillé mes mouvements, ralenti un peu la cadence, et il semble que mon corps ait pris le pli, puisque je me sens moins fourbue cette semaine. Heureusement, il ne s'agit que de trois semaines dans une vie.
Je suis satisfaite de ce travail. Je l'ai choisi pour le côté relationnel, presque pour m'entraîner au contact avec les personnes âgées. Tout bénéf' pour ma future vie professionnelle. J'ai découvert des personnalités intéressantes, des choses sur moi-même, des astuces ménagères (haha quand même), et tout ce qu'il ne faut pas faire en vieillissant. En plus des bonbons, des chocolats et du salaire double de celui de l'animation (il ne s'agit pourtant que du SMIC, c'est vous dire à quel point l'animation est une grosse arnaque), ce boulot m'aura beaucoup apporté.