Vendredi 20 décembre 2013 à 22:55

"Avant que je part, j'ai une surprise.
- Ah bon, qu'est-ce que c'est ?
- Je peux pas le dire sinon c'est plus une surprise."

Pour la première fois, j'ai reçu un cadeau d'un patient. Quand je l'ai remercié, il s'est jeté dans mes bras et j'ai rougi de gratitude. On ne dirait pas comme ça, mais depuis ma simple place de stagiaire, je produit un effet sur les patients, les relations se tissent, le transfert existe. Je fais mes adieux avant de changer de maître de stage, on se dit plein de gentilles choses, je récolte de très bonnes évaluations de stage, j'offre du thé, je m'étonne encore et toujours d'être si sociable et appréciée. Je retrouve un peu de courage dans l'océan de mon inexpertise qui m'apparaît de plus en plus grand à mesure que je m'essaye à la véritable place d'orthophoniste. Symptôme plutôt rassurant, somme toute : j'apprends.
Décembre se termine en douceur, tous les cadeaux sont emballés (et certains déjà ouverts) ; les vacances arrivent.

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Le repas de la Saint Nicolas à ma sauce familiale - Les bredalas de Nikita qui devient une vraie alsacienne -
Un couple mignon prêt pour un repas de Noël.

Dimanche 10 novembre 2013 à 19:41

Enfin un weekend reposant. Depuis que nous avons cours le samedi matin jusqu'à 13 heures, les weekends sont quelques peu écourtés. Réunion de famille par-ci, anniversaires par-là, j'ai l'impression de ne pas m'être posée dans mon appartement depuis des siècles.
J'aurais pu vous parler de la rentrée, certes. Je ne manquais pas de choses à dire, mais de temps. Tout d'abord il y a eu les retrouvailles avec les amis, comme si les trois mois de séparation n'avaient pas existé. Ensuite, le discours de rentrée sur le projet de mémoire à rendre en mai, qui fout tout le monde mal à l'aise. C'était il y a déjà deux mois. Tout s'est enchaîné à une vitesse fulgurante, la plongée dans le rythme de la troisième année, les nouveaux stages qui ont commencé dès le début parce que je me suis bougée le cul pour en trouver rapidement, le nouveau job de soutien scolaire deux fois par semaine, les deux heures de vélo hebdomadaire, toutes les soirées où je ne rentre chez moi qu'à 19 heures, les va-et-vient entre chez moi et le nouvel appartement d'Eric, les heures de sommeil perdues, le stage en maison de retraite à la place des vacances. Maintenant que le plan est posé, développons.
Je suis donc en troisième année d'école d'orthophonie, sur un cursus de quatre ans (cette nuit encore, j'ai rêvé qu'on me demandait si c'était pour les pieds et si la formation durait plus d'un an, pour l'avoir trop entendu. Notre métier et nos études sont totalement méconnus et sous-estimés, mais je ne suis pas là pour me vanter de mon niveau.). Cette année scolaire compte 100 heures de cours de plus que l'année dernière, et l'impact n'a pas tardé à se faire sentir. Il y a du bon et du moins bon. C'est très instructif de passer à la partie rééducation, mais je me demande toujours comment on peut passer des examens sur ce genre de cours. Je ne suis pas mécontente que ce soit la dernière année de partiels. L'année prochaine, "plus que" le mémoire et les rapports de trois ans de stages. Je commence à être pressée d'avoir mon diplôme. Tous les jours, je me dis "dans deux ans...". Dans deux ans je n'aurai plus besoin d'exercer un petit boulot sur mon temps libre, dans deux ans je n'aurai plus de comptes à rendre à mes maîtres de stage, dans deux ans je ne serai plus obligée d'assister à des cours dispensés par des profs dénués de pédagogie ni de buter sur les fautes d'orthographe de leurs diaporamas, dans deux ans je gagnerai assez d'argent pour partir en vacances, pour manger correctement, pour m'acheter des chaussures avant qu'une paire ne soit trouée, pour acheter quelque chose parce que ça me plaît et non parce que c'est soldé, pour faire de chouettes cadeaux aux gens que j'aime ; dans deux ans j'aurai tout à inventer.

Vendredi 13 septembre 2013 à 18:41

A l'issue de notre petit périple à travers l'Alsace pendant les jours fériés de mai, Eric avait ébauché une proposition : "Tu sais, si tu as envie qu'on fasse quelque chose à la fin des vacances, en septembre...". L'idée de véritables vacances avec lui avait germé dans ma tête au même moment. Nous n'étions ensemble que depuis trois mois, mais septembre ne nous faisait pas peur. Pendant les quatre mois qui ont suivi, nous savions que nous prendrions une offre de dernière minute, le projet restait en suspens. Quand on me demandait si je partais en vacances, je répondais : "oui, mais je ne sais ni où ni quand". Les examens à rattraper, la date de rentrée ont restreint les possibilités. Finalement, nous avons choisi et réservé notre séjour trois jours avant le départ. J'avais un peu mauvaise conscience de partir sur la Costa del Sol, haut lieu de tourisme de masse avec urbanisation intensive du littoral, et de manger les légumes que je boycotte toute l'année dans une région rendue aride par les excès de l'agriculture et du pompage des nappes phréatiques. M'enfin, pour une semaine de détente à bas prix avec mon amoureux, au bord de la mer et sous le soleil, j'ai laissé sans regret mes principes de côté. Et j'ai eu bien raison, puisque ces vacances étaient formidables. Le voyage a commencé par une nuit blanche à Paris pour rejoindre l'aéroport d'Orly à quatre heures du matin ; nous avons atterri à Malaga un peu avant dix heures et avons été conduit à notre hôtel de Torremolinos. Agrémentée de sorties mi-culture, mi-aventure, la semaine est passée à une vitesse folle. Au final, nous n'avons même pas tant vu la mer puisque nous avions trop de choses à faire en ville, dans l'arrière-pays et dans les palais. Nous avons terminé par la visite de l'Alhambra, véritable ville dans la ville de Grenade, forteresse et merveille des mille et une nuits.

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Jeudi 29 août 2013 à 20:47

Je m'ennuie à mourir. Je ne sais plus passer une journée seule à ne rien faire. Pour la première nuit depuis un mois, j'ai dormi plus de huit heures. Malgré la dette de sommeil à rattraper, je regrette déjà de glander. La journée passe comme si de rien n'était, et je n'ai rien fait, à part dépenser des sous pour fêter mon non-découvert du mois dernier. Je voulais sauvegarder des photos sur DVD, mais il fallait d'abord faire le tri. J'ai fait défiler ma vie de lycéenne, j'ai supprimé, j'ai corrigé un million d'yeux rouges, j'ai ri, j'ai admiré ma famille, j'ai été émue, j'ai jubilé en revoyant les vidéos des chants à Châtel et nos chapeaux de cowboys en cours de maths, quand nous mangions des Chocobits après le sport avec Chloé, Malher et Stéphane. J'ai ressenti une pointe de nostalgie en entendant la voix de Niko, j'ai regardé les gens avec lesquels j'ai coupé tous les ponts, avec parfois une vague tristesse ; c'est dommage, nous nous sommes pourtant aimés. Je n'ai pas pu venir à bout de la grande opération de tri. Trop de photos moches/inutiles/en double/obsolètes. Quand je vois que le dossier "Gens" nécessiterait quinze DVD à lui tout seul, je perds la foi. Qu'est-ce qui me dit que j'aurais envie de revoir toutes ces photos dans cinq ans, dans dix ans, dans trente ans ? Parfois je me demande si les souvenirs n'avaient pas plus de valeur sur papier glacé, en édition limitée. Alors j'essaye d'élaguer au maximum, pour tendre à ne conserver que le meilleur, que ce qui mérite d'être conservé, vu et revu avec toujours autant de plaisir, ce qui porte autant d'esthétisme que d'émotion. J'aimerais. Mais c'est trop dur de jeter, trop dur de choisir, trop long à chaque fois qu'une photo se présente en triple exemplaire de réfléchir à celui qu'il faut garder.
Il y avait ce mec en soirée qui voulait absolument me faire tâter son Nikon à objectif fixe, je lui disais que je ne pratiquais plus la photographie en soirée, surtout quand je ne connais pas les convives ; et il insistait pour que j'essaye. Il restait en retrait, ne participait à aucun jeu et nous shootait sans arrêt. Il venait me montrer régulièrement le résultat, tout fier, en assurant qu'avec ces réglages, il n'y avait "rien à jeter". D'accord, on pouvait trouver du charme à chacune de ces photos. Mais pour quoi faire ? Pourquoi garder des millions de photos de personnes inconnues à chaque soirée ? En me posant ces questions, je me suis rendue compte que ma position sur la photographie s'était encore radicalisée. Le plaisir de PRENDRE la photo, je le comprends. C'est sur ce qu'on en fait APRES que mon jugement est de plus en plus sévère. Pour moi aujourd'hui, seuls les clichés exceptionnels méritent d'être conservés. Une ambiance particulière retranscrite, la beauté d'un instant figée et immortalisée. Des instants rares.

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Corse of course

Mercredi 14 août 2013 à 20:15

Je vous ai abandonnés, un peu. J'ai eu pas mal de réponses à propos du futur nouvel habillage du blog, et je vous en remercie bien (je ne savais pas que vous étiez tous là, ça m'a fait tout drôle) mais je ne suis pas passée à la pratique car j'ai besoin d'un scanner d'abord. Je devais vous en mettre plein la vue avec mes photos de Corse, je sais. Mais l'été est passé à toute vitesse. J'ai glandé un peu, j'ai fondu sous les trois mille degrés caniculaires (c'est mon premier été complet en ville, je peux vous dire que ça me fait bien rire qu'on ne nomme officiellement qu'un jour ou deux "canicule" alors que le béton n'est pas passé sous la barre des 25°C la nuit pendant trois semaines). Et puis j'ai commencé à travailler, et j'ai presque déjà fini. Je termine ma troisième semaine d'aide à domicile chez des personnes âgées. J'en avais assez des centres aérés, j'ai voulu changer de système et de public - radicalement, me direz-vous.
Les vieux sont gentils. La plupart entretiennent d'ailleurs assez bien leur logement, ce qui fait que mon ménage chez eux reste plutôt soft. Oui, aide à domicile est un terme bien pompeux qui cache la véritable nature du job : le ménage. A la première réunion d'information, on nous a servi du : "L'aide à domicile, ce n'est pas seulement l'entretien du lieu de vie, c'est aussi de l'accompagnement. On pourra par exemple vous demander de lire son journal à une personne qui ne voit plus assez bien, ou de l'emmener se promener, etc." Mon cul. La promenade ne m'est arrivée qu'une fois, les courses très rarement aussi, et l'aide aux loisirs, jamais. Aspirateur, balai, serpillère. Chiottes à nettoyer avec des outils plus ou moins adaptés. Et pisse de chien tous les midis. Les premiers jours, cette histoire de chien m'a traumatisée. Je rentrai manger chez moi (en quatrième vitesse) avec l'odeur immonde imprimée dans le cortex olfactif. J'ai développé une aptitude très pointue à détecter l'urine de chien par l'odorat. Je n'avais jamais remarqué que la ville sentait à ce point la pisse ! Et puis on s'habitue à tout, ou du moins on se résigne, on prend son mal en patience et on en vient à préférer que le clébard chie dans la salle de bain plutôt que sur les trottoirs, car au moins la crotte est sèche au moment de la ramasser... Si je me suis résignée, c'est parce que je n'avais pas le choix, mais je reste assez révoltée sur le fond, et je n'échappe pas à l'odeur. J'avais signé pour travailler avec des gens, pas avec des chiens. Les gens, eux, sont sympathiques. Ils m'apprécient et je le leur rend bien. Et il y a tout de même des activités plus agréables que d'autres, par exemple le repassage. Ce que je préfère, c'est l'aide au repas - ça ne vous étonnera peut-être pas si vous avez déjà parcouru mes nombreux articles traitants de bouffe. Quand une mamie de 93 ans te dit : "Vous au moins, vous savez faire la cuisine !", tu peux être fière. Je suis plus que jamais bonne à marier.

Avec tout ça, c'est un job assez physique et très rythmé, ponctué de déplacements en vélo - toujours à fond - qui rajoutent de l'activité sportive. La première semaine, que dis-je, le premier jour, à la première heure, j'avais déjà le dos en compote ; puis j'ai surveillé mes mouvements, ralenti un peu la cadence, et il semble que mon corps ait pris le pli, puisque je me sens moins fourbue cette semaine. Heureusement, il ne s'agit que de trois semaines dans une vie.
Je suis satisfaite de ce travail. Je l'ai choisi pour le côté relationnel, presque pour m'entraîner au contact avec les personnes âgées. Tout bénéf' pour ma future vie professionnelle. J'ai découvert des personnalités intéressantes, des choses sur moi-même, des astuces ménagères (haha quand même), et tout ce qu'il ne faut pas faire en vieillissant. En plus des bonbons, des chocolats et du salaire double de celui de l'animation (il ne s'agit pourtant que du SMIC, c'est vous dire à quel point l'animation est une grosse arnaque), ce boulot m'aura beaucoup apporté.

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