Une moyenne de deux visites par jour et toujours le sentiment qu'il faut continuer pour ne pas oublier. Je ne peux toujours fucking pas poster de photos pour une raison inconnue, et cela me fout bien les glandes parce que j'aurais vraiment aimé vous montrer Lisbonne, les abeilles dans la lavande, le perroquet qui a débarqué sur notre terrasse un soir et la soirée médiévale costumée à fond les ballons.
Il faut se contenter d'écrire, sans photos, sans temps et sans histoires. Y a une époque où j'écrivais sur tout, aujourd'hui j'applique une auto-censure à l'effet boomerang : moins je m'autorise à partager, moins je fais de prose. Par peur du jugement, celui des autres et celui de moi dans le futur. Avant je n'avais honte de rien, j'écrivais sur la moindre joie, j'écrivais sur la moindre peine, j'extériorisais mes amours sans fard ou entre les lignes, je gueulais sur qui je voulais sans crainte des représailles, je rentrais dans le lard de mes potes de collège qui parlaient de cul à longueur de journée sans savoir ce qu'était le désir, j'inventais un dialogue entre plusieurs moi qui tentaient d'organiser un suicide collectif, j'apprenais à aimer mon corps grâce aux autoportraits, j'exposais toutes les facettes de ma personnalité, j'écrivais sur mon nom de famille, j'écrivais sur mes tempêtes intérieures, j'écrivais pour passer des messages à certains, je fermais mon blog parce que mes propres amis ne supportaient pas ce que j'écrivais. C'était vital. J'existais par les mots et je combattais le silence-petite-mort en programmant des publications automatiques pour mes vacances. Jamais je n'ai changé de nom, d'adresse, de plateforme, à peine de design : j'ai construit une identité virtuelle. Je suis Lise, je suis Citron-ciboulette, des mots qu'on ne prononce jamais à l'oral et quand j'ai rencontré l'un ou l'autre blogueur, c'était complètement irréel d'entendre des noms qui n'existent normalement qu'à l'écrit. Exister à l'écrit, exister par la frappe sur le clavier. Encore et toujours, pour les quelques uns du tout début qui sont encore là, pour ceux qu'on n'a pas oubliés. Malgré la censure, la peur du jugement, la prise de distance qui ne sont rien d'autre que des comportements d'adulte raisonnable. Nous qui avons commencé à bloguer il y a 8 ans, nous avons traversé l'adolescence en écrivant, avant Facebook, avant que les autoportraits pris à la main ne s'appellent des selfies. A 14 ans, je trouvais déjà ridicules les filles qui se photographiaient en plongée pour amincir leur visage, qu'on ne vienne pas faire comme si c'était un phénomène nouveau, qu'on arrête de le nommer quand on fait ce geste qui n'a pas attendu d'avoir un nom anglais pour être exécuté.
Mais qu'est-ce que je raconte ?
On dirait mon père, ce côté moi, j'ai eu une adolescence plus digne que les ados d'aujourd'hui. Mon frère est un courant d'air qui s'en fout de tout. Et moi je vais faire mon mémoire sur des collégiens, mais pourquoi ?!
Un jour dans quelques mois, je serai orthophoniste, et je tiendrai toujours ce blog, monument au souvenir de mon adolescence, de la construction de mon identité, mosaïque assemblée pièce par pièce pour former ce que je suis.
Il faut se contenter d'écrire, sans photos, sans temps et sans histoires. Y a une époque où j'écrivais sur tout, aujourd'hui j'applique une auto-censure à l'effet boomerang : moins je m'autorise à partager, moins je fais de prose. Par peur du jugement, celui des autres et celui de moi dans le futur. Avant je n'avais honte de rien, j'écrivais sur la moindre joie, j'écrivais sur la moindre peine, j'extériorisais mes amours sans fard ou entre les lignes, je gueulais sur qui je voulais sans crainte des représailles, je rentrais dans le lard de mes potes de collège qui parlaient de cul à longueur de journée sans savoir ce qu'était le désir, j'inventais un dialogue entre plusieurs moi qui tentaient d'organiser un suicide collectif, j'apprenais à aimer mon corps grâce aux autoportraits, j'exposais toutes les facettes de ma personnalité, j'écrivais sur mon nom de famille, j'écrivais sur mes tempêtes intérieures, j'écrivais pour passer des messages à certains, je fermais mon blog parce que mes propres amis ne supportaient pas ce que j'écrivais. C'était vital. J'existais par les mots et je combattais le silence-petite-mort en programmant des publications automatiques pour mes vacances. Jamais je n'ai changé de nom, d'adresse, de plateforme, à peine de design : j'ai construit une identité virtuelle. Je suis Lise, je suis Citron-ciboulette, des mots qu'on ne prononce jamais à l'oral et quand j'ai rencontré l'un ou l'autre blogueur, c'était complètement irréel d'entendre des noms qui n'existent normalement qu'à l'écrit. Exister à l'écrit, exister par la frappe sur le clavier. Encore et toujours, pour les quelques uns du tout début qui sont encore là, pour ceux qu'on n'a pas oubliés. Malgré la censure, la peur du jugement, la prise de distance qui ne sont rien d'autre que des comportements d'adulte raisonnable. Nous qui avons commencé à bloguer il y a 8 ans, nous avons traversé l'adolescence en écrivant, avant Facebook, avant que les autoportraits pris à la main ne s'appellent des selfies. A 14 ans, je trouvais déjà ridicules les filles qui se photographiaient en plongée pour amincir leur visage, qu'on ne vienne pas faire comme si c'était un phénomène nouveau, qu'on arrête de le nommer quand on fait ce geste qui n'a pas attendu d'avoir un nom anglais pour être exécuté.
Mais qu'est-ce que je raconte ?
On dirait mon père, ce côté moi, j'ai eu une adolescence plus digne que les ados d'aujourd'hui. Mon frère est un courant d'air qui s'en fout de tout. Et moi je vais faire mon mémoire sur des collégiens, mais pourquoi ?!
Un jour dans quelques mois, je serai orthophoniste, et je tiendrai toujours ce blog, monument au souvenir de mon adolescence, de la construction de mon identité, mosaïque assemblée pièce par pièce pour former ce que je suis.