Mercredi 13 février 2013 à 17:15

Je suis en vacances. Les partiels sont passés, et tranquillement. Je n'ai même pas mal vécu la semaine de révisions. Evidemment, qui dit semaine de révisions dit cookies, alors c'était déjà assuré que le plan gustatif tourne à merveille. Les disques ont tourné aussi, je suis restée dans mes petits plaisirs solitaires : musique, vidéo, livres. Mes prérequis au bonheur. Je dois d'ailleurs me retenir de ne pas faire une chronique sur chaque oeuvre empruntée à la médiathèque, chaque trente-trois tours découvert et chaque repas réussi. J'avais presque l'impression d'être en vacances, mais je ne le suis véritablement que depuis hier, et je m'en réjouis parce que je garderai une semaine rien que pour moi. Je vais avoir le temps de me servir de ma machine à coudre, enfin.  Bien sûr, toute pression n'a pas disparu, il reste les cinq rapports de stages et le dossier de dyscalculie sur un livre-pavé que je n'ai pas encore ouvert. Mais le 4 avril, quand tout aura été rendu, c'est la liberté qui nous reviendra. En attendant, je fais ce que je peux. Evidemment, j'y pense de temps à autre, plus que je ne devrais. Au final, c'est toujours moi la plus mal lotie dans l'histoire. J'avais eu du mal à m'endormir, je pensais à ma faute, à ma très grande faute et à ses conséquences, je songeais au mal entre mes mains, à la douleur causée, je savais que ce qui est inévitable n'en est pas moins triste. Je revoyais mes fantômes, les cauchemars, je prenais conscience de cette présence en moi qui m'avait suffisamment poursuivie. Quand je me suis réveillée, tout avait changé. Mon instinct de survie avait décidé que je n'irais pas m'incliner devant la torture, que je n'avais aucun compte à rendre et qu'il était temps d'arrêter de souffrir pour les autres. Ironiquement, les personnes concernées sont celles qui comprennent le moins. Mon rôle de salope arrange tout le monde. Tout ce que j'ai dit et surtout n'ai pas dit, la raison n'en sera jamais reconnue : le respect. Tu ne sauras pas, tu ne sauras jamais parce que tu ne mérites pas de savoir. Si les insultes ont eu raison de mes sentiments, elles ne feront jamais fléchir le respect que je garde pour la moindre parcelle d'humanité.

Dimanche 3 février 2013 à 22:05

Je suis assez contente de moi en ce moment. Je vis pour moi, de moi. Je me tape de sacrés petits plaisirs solitaires avec mes vinyles, j'ai exulté quand j'ai acheté un câble pour connecter tous mes appareils sono aux mêmes enceintes et j'ai débordé de gratitude quand Luc m'a dit : "Mais tu sais, y a plus simple. Tu vois, j'ai des hauts-parleurs Sony, et un ampli d'une autre marque. Mais à la base, j'avais un ensemble Sony. Et l'ampli Sony en parfait état est rangé dans un carton.". Je cuisine des tonnes de muffins salés, c'est beau et bon. Et pratique à manger devant un film. Je dévore les livres, les disques, et les épisodes de Breaking Bad aussi. J'élargis un peu mon cercle d'amies dans la promo, on commence timidement à se montrer qu'on s'aime bien ; j'adore cette phase des relations humaines. Nous sommes allées voir Django au cinéma, dans une grande salle avec du gros son. J'avais un sourire béat du début à la fin. C'était la première fois que je voyais un Tarantino en salle ; le matin même je m'étais mise la musique du concours de twist en tête en ouvrant les yeux sur mon poster de Mia Wallace me dévisageant. Et donc, j'ai adoré Django, et le lendemain j'ai mangé dans un resto américain pour la première fois de ma vie, j'ai terminé sur un milkshake à cinq dollars et j'ai revu Pulp Fiction pour la enième fois, en bonne compagnie. C'était donc un excellent weekend tarantinesque. C'est un peu pour ce genre de trucs que j'existe.

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Mercredi 23 janvier 2013 à 19:19

Le beau-père n'était pas bourré cette fois-ci. Il a ouvert la fenêtre, m'a regardée de ses yeux dégénérés, a souri - "Lise, c'est ça ? Je vous ouvre." - d'un air sympathique. J. n'a pas répondu quand j'ai toqué à la porte de sa chambre, c'est que les autres entrent habituellement sans attendre une réponse. Le vieux avait un oeil sur moi malgré sa sobriété. Combien de mauvais pères, combien de mauvais beaux-pères, pourquoi ? Chienne de vie. Je suis rentrée chez moi imprégnée de l'odeur de la chambre de J., un mélange de tabac froid, d'Air Wick automatique et de déodorant masculin. Quelle étrangeté de ramener chez soi l'odeur de chez les autres. Quelle absurdité de porter sur soi l'odeur d'une personne avec laquelle on a des relations strictement professionnelles.
Chaque fois que je m'éloigne du centre en bus, c'est la désolation. Je m'assois généralement au premier rang après la deuxième porte, à gauche, là où une espèce de ventilation crache de l'air chaud. Quand le bus est bondé, on se rend compte que la taille des sièges n'est pas tout à fait adaptée à l'accueil de deux personnes l'une à côté de l'autre. Il y a toujours des vieux qui refusent les places que leur proposent d'autres personnes, et des femmes entre deux âges, debout, qui foudroient du regard les plus jeunes assis. Il y a souvent des passagers qui crient dans vos oreilles en partant du principe qu'ils peuvent converser bruyamment puisque vous ne comprenez rien à leur langue (ça va de l'Alsacien au Turc en passant par l'Italien et le Serbe et qu'en sais-je)(c'est aussi valable dans le train d'après les expériences de Martin avec les Alsaciens), et puis les jours de malchance il y a une timbrée qui vient vous tenir la jambe (vous tenir le crachoir, vous taiIler une bavette...). Parmi les timbrées, il y a plusieurs choix, personnellement j'ai déjà eu droit à la rageuse qui rumine sur le fait que les enfants aient des places assises, "alors qu'un enfant, c'est souple, ça peut rester debout", et à l'épouvantail qui me fait un exposé de géo-esthétique ("dans le Nord ils sont grands, élancés et blonds aux yeux bleus, comme vous") en terminant par la présentation de ses canons de beauté (Victoria Silvtruc, là, et puis Johnny). Vingt minutes à contempler un surprenant assemblage de moustache et de rouge à lèvres. Dans le bus, j'ai parfois pitié de l'humanité. Et puis dans le bus, il y a ce paysage tristounet sur fond de ciel gris, qui fait que j'ai même pitié de moi-même pour me trouver là. Vous remarquerez que dans le bus, même les meilleurs d'entre nous ont cet air vague, morose, éteint.
Mais, - parce qu'il y a un mais - cette plongée hebdomadaire dans la désolation en vaut la peine. Pourquoi ? Parce que j'ai commencé un nouveau stage du genre trop bien. Hier, deuxième jour de stage, c'est moi qui ait supervisé tous les jeux et exercices des patients, sur consignes de l'orthophoniste. A 19h, j'ai regardé l'horloge et je n'en revenais pas. Le temps passe tellement plus vite quand on n'est pas en simple observation ! Ma maître de stage est géniale, son cabinet aussi, elle me sert le café et le thé avec du chocolat et des petits biscuits, me dépose sur son chemin en rentrant, que dire de plus ? Avant de se quitter, elle m'a demandé si je voulais prendre en charge un patient, c'est-à-dire préparer les séances à chaque fois et non exécuter simplement ce qu'elle me demande de faire. Trouver moi-même des outils adaptés à la rééducation du patient. Dire que je ne m'en sens pas capable serait un euphémisme. Mais c'est un sacré coup de pied dans le cul que d'envisager ça dès le début de la deuxième année. Plus tôt je m'y mettrai, plus tôt je me sentirai légitime, et mieux je serai armée pour la suite. Quitte à devoir penser rééducation, autant s'entraîner à le faire avant que ce ne soit obligatoire et noté. J'ai reçu ma première évaluation de stage aujourd'hui, ça raconte entre autres que je suis serviable et que mes capacités d'observation se mettent en place. Ha ha ha. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Donc conclusion : on s'immerge dans le travail, on remonte ses bretelles, et comme dirait Caroline de Nos Jours Heureux, on se sort les doigts du cul (franchement, c'est une de mes citations préférées).

Lundi 21 janvier 2013 à 22:17

Bon, je crois qu'on va se calmer. Quand je me suis réveillée dimanche, j'étais en paix et j'avais l'impression d'émerger d'une sacrée crise d'hystérie. Ni plus ni moins. C'est fou parfois comme je m'insupporte. Et le moment n'est pas venu de perdre du temps à se battre contre soi-même. On entre dans une période plutôt dangereuse où les journées de cours sont enfin complètes, les exams pointent leur nez, et on n'est plus si larges que ça pour rédiger nos rapports de stage. Les trois heures de TD de voix sont passées, plus une prise de conscience corporelle qu'autre chose, avec ça je suis plutôt dans la merde si je veux rééduquer la voix plus tard. Putain, en me plantant dans le sol j'ai senti ma scoliose ! Vraiment ! J'ai complètement ressenti le fait d'avoir une colonne vertébrale tordue et un bassin décalé sur son axe. J'ai compris que je n'avais aucun souffle, aucun équilibre, aucune maîtrise du geste, enfin bref, aucune des qualités nécessaires à un thérapeute de la voix, si ce n'est l'oreille. Donc je vais avoir un sacré boulot à faire, mais à vrai dire je m'en doutais depuis longtemps. Comme autres cours non magistraux, nous avons commencé la LSF, et c'est tout simplement fabuleux. Pour vous donner un exemple, aujourd'hui nous avons appris à dire lèche-cul en langue des signes, et bien vous connaissez cette expression qui dit "ça s'écrit comme ça se prononce", imaginez-vous qu'on la transpose sur la LSF : ça se signe comme ça se fait. Voilà. Je tenais simplement à vous dire ça, bonne soirée.

Mercredi 2 janvier 2013 à 1:08

2013. Je ne suis pas mécontente que 2012 soit terminée. Ca a commencé sans éclat, ça a fini tout pareil. Je ne crois pas que je parlerai plus tard de mes vingt ans, il va falloir faire mieux dans le genre souvenir de jeunesse. "Qui sait, on est peut-être heureux sans le savoir ?", disait le Twenty Show. Non, je crois que je le saurais. Je ne sentirais pas ce malaise quand on me demande comment ça va. La routine n'est certainement pas le bonheur. Je crois que je m'ennuie même si je n'ai pas beaucoup le temps de m'ennuyer. Vous savez, pas l'ennui de quand on ne sait pas quoi faire de quelques heures, mais l'ennui comme on dit d'un personnage dans les résumés de films, "qui s'ennuie dans sa vie".
Vous voyez ? J'ai cette inclination à commencer des articles qui virent au déprimant alors que là n'était pas mon intention. Cela suinte de moi avant même que j'aie le temps de m'en rendre compte. Tout ceci pour dire : inutile de faire le bilan de 2012, passons à autre chose et tentons d'injecter un peu plus de vie dans cette année 2013, bordel.
J'ai bien aimé Noël en famille. C'est passé assez vite, mine de rien. Les temps changent, mon petit frère est bientôt aussi grand que moi, l'humour familial change et on se retrouve à regarder le strip-tease de la mère Noël avec parents et grands-parents. Plutôt sympa. Au départ, les fêtes de fin d'année m'avaient inspiré un élan rédactionnel un peu plus important que ça, mais maintenant que j'ai enfin pris le temps (et le calme) de m'atteler au clavier, je ne vois vraiment plus ce que je voulais bien vous raconter. Je prévois d'être plus productive pour les temps à venir. Je ne fais jamais de résolutions de début d'année, mais à quoi pourraient bien servir les formulations, le désir d'aller de l'avant est suffisant. Words are meaningless and forgettable.

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Photo de fratrie, humour paternel au petit déj' et chat qui dort décidément n'importe comment.

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