Je m'ennuie à mourir. Je ne sais plus passer une journée seule à ne rien faire. Pour la première nuit depuis un mois, j'ai dormi plus de huit heures. Malgré la dette de sommeil à rattraper, je regrette déjà de glander. La journée passe comme si de rien n'était, et je n'ai rien fait, à part dépenser des sous pour fêter mon non-découvert du mois dernier. Je voulais sauvegarder des photos sur DVD, mais il fallait d'abord faire le tri. J'ai fait défiler ma vie de lycéenne, j'ai supprimé, j'ai corrigé un million d'yeux rouges, j'ai ri, j'ai admiré ma famille, j'ai été émue, j'ai jubilé en revoyant les vidéos des chants à Châtel et nos chapeaux de cowboys en cours de maths, quand nous mangions des Chocobits après le sport avec Chloé, Malher et Stéphane. J'ai ressenti une pointe de nostalgie en entendant la voix de Niko, j'ai regardé les gens avec lesquels j'ai coupé tous les ponts, avec parfois une vague tristesse ; c'est dommage, nous nous sommes pourtant aimés. Je n'ai pas pu venir à bout de la grande opération de tri. Trop de photos moches/inutiles/en double/obsolètes. Quand je vois que le dossier "Gens" nécessiterait quinze DVD à lui tout seul, je perds la foi. Qu'est-ce qui me dit que j'aurais envie de revoir toutes ces photos dans cinq ans, dans dix ans, dans trente ans ? Parfois je me demande si les souvenirs n'avaient pas plus de valeur sur papier glacé, en édition limitée. Alors j'essaye d'élaguer au maximum, pour tendre à ne conserver que le meilleur, que ce qui mérite d'être conservé, vu et revu avec toujours autant de plaisir, ce qui porte autant d'esthétisme que d'émotion. J'aimerais. Mais c'est trop dur de jeter, trop dur de choisir, trop long à chaque fois qu'une photo se présente en triple exemplaire de réfléchir à celui qu'il faut garder.
Il y avait ce mec en soirée qui voulait absolument me faire tâter son Nikon à objectif fixe, je lui disais que je ne pratiquais plus la photographie en soirée, surtout quand je ne connais pas les convives ; et il insistait pour que j'essaye. Il restait en retrait, ne participait à aucun jeu et nous shootait sans arrêt. Il venait me montrer régulièrement le résultat, tout fier, en assurant qu'avec ces réglages, il n'y avait "rien à jeter". D'accord, on pouvait trouver du charme à chacune de ces photos. Mais pour quoi faire ? Pourquoi garder des millions de photos de personnes inconnues à chaque soirée ? En me posant ces questions, je me suis rendue compte que ma position sur la photographie s'était encore radicalisée. Le plaisir de PRENDRE la photo, je le comprends. C'est sur ce qu'on en fait APRES que mon jugement est de plus en plus sévère. Pour moi aujourd'hui, seuls les clichés exceptionnels méritent d'être conservés. Une ambiance particulière retranscrite, la beauté d'un instant figée et immortalisée. Des instants rares.
Il y avait ce mec en soirée qui voulait absolument me faire tâter son Nikon à objectif fixe, je lui disais que je ne pratiquais plus la photographie en soirée, surtout quand je ne connais pas les convives ; et il insistait pour que j'essaye. Il restait en retrait, ne participait à aucun jeu et nous shootait sans arrêt. Il venait me montrer régulièrement le résultat, tout fier, en assurant qu'avec ces réglages, il n'y avait "rien à jeter". D'accord, on pouvait trouver du charme à chacune de ces photos. Mais pour quoi faire ? Pourquoi garder des millions de photos de personnes inconnues à chaque soirée ? En me posant ces questions, je me suis rendue compte que ma position sur la photographie s'était encore radicalisée. Le plaisir de PRENDRE la photo, je le comprends. C'est sur ce qu'on en fait APRES que mon jugement est de plus en plus sévère. Pour moi aujourd'hui, seuls les clichés exceptionnels méritent d'être conservés. Une ambiance particulière retranscrite, la beauté d'un instant figée et immortalisée. Des instants rares.
Corse of course