Jeudi 23 juillet 2009 à 16:59
J'ai beaucoup bougé ces derniers temps, ce qui explique pourquoi ce blog est à l'abandon. Même quand j'étais là, je n'avais pas d'inspiration pour l'écriture, pourtant, j'ai la tête pleine de couleurs et de sons. La liste des réjouissances a commencé samedi avec le bûcher de Bourbach, où j'ai découvert que les Bourbachois d'origine sont des gens très bien. J'ai dormi comme une bienheureuse avec Valentin, sans limites de temps, petit déjeuner qui traîne, piano, liberté totale. Je suis rentrée en vélo et vingt-quatre heures plus tard, il attendait avec Basile et le petit 4x4 décapotable que je m'habille et que je sorte le gâteau de son moule, pour aller faire la fête chez Titouan. Couchée vers deux heures, levée à onze heures et demi, j'ai passé l'aspirateur et suspendu le linge en un temps record avant de retourner à Bourbach pour un après-midi sympathique, dans le jardin aux merveilles rempli d'été. "On va au lac ce soir ?" "Et si on allait en boîte ?" Je ne me suis jamais autant agitée pendant des vacances d'été. C'est sûr que ça aide quand tous les copains ont leur permis. A propos de permis, je pourrais passer le mien à partir du 18 juillet 2010, alors que j'aurais 18 ans le 28 février. Hourra ! J'attends toujours les papiers de l'assurance pour pouvoir conduire en compagnie de mes parents, mais à ce rythme là je ne risque pas de rouler jusqu'à la plage la semaine prochaine. Les journées passent vite, avec tous nos projets, je sens que ces vacances vont être les plus rapides de toute ma vie !
Il m'a entraînée au piano, il a joué El tango de Roxane. J'ai tendance à oublier de garder les yeux ouverts pour voir ses mains, dans le noir je me laisse porter, la musique tourbillonne dans ma tête, il a enchaîné avec un morceau que je ne connaissais pas, c'était doux, comme une berceuse, et je n'avais presque plus de voix à la fin pour lui demander ce que c'était. "Impro". Et pour une fois, je ne me suis pas tournée vers lui, j'ai fixé les fougères droit devant, à travers la fenêtre, pour qu'il n'interprète pas mal les larmes d'émotion qui emplissaient mes yeux. Il m'a suffit de les fermer une seconde pour qu'une larme se détache et roule sur ma joue jusqu'au coin des lèvres. J'ai ouvert la bouche, et la larme s'est évanouie dans mon sourire.
Vendredi 10 juillet 2009 à 12:48
Les filles, c'est nul. J'étais partie de ce constat et je revenais toujours au même point. J'en étais là de mes réflexions quand je suis tombée sur ça :
J'ai souri, c'était une illustration parfaite. Et puis je l'ai lu. Si le titre est à chier (qu'est-ce qu'ils ont tous, ces journaleux, à focaliser sur la sexualité ? La moitié, bon d'accord, un gros tiers du spectacle ne parle pas du tout de sexe !), l'article n'est pour une fois pas trop mal. J'avais détesté tous les articles qui parlaient de nous, depuis l'année dernière. Celui-là est le premier qui ne contient rien de mensonger, si ce n'est cette insistance sur la sexualité, comme si notre pièce était basée sur ça, alors qu'il ne s'agit pas uniquement de sexualité, mais de tous les rapports entre les hommes et les femmes, au cours de la vie. Bref. En lisant l'article, je me suis étonnée, me demandant d'abord qui avait été interviewé et pourquoi cette personne avait dit exactement la même chose que ce que j'avais pensé, et j'ai vu que la citation se terminait par un ", confie Lise." Comment ça, confie ? Je ne me suis pas confiée du tout ! J'ai écrit ça sur le forum du site des Graines, à l'attention de ces dernières, et le monsieur est allé copier/coller mes paroles ! Là c'est le moment où vous cliquez sur l'article pour le voir en plus grand, le lire, et constater que voyons, je n'aurais donc pas fait d'aussi jolies phrases à l'oral.
Vendredi 29 mai 2009 à 21:31
Il paraît que j'ai l'air de souffrir lorsque je recrache ma lecture analytique. J'utilise pour la deuxième fois des formulations d'examinateur non autorisées au candidat qui me rendent impolie. Ca donne l'impression que je regarde mon examinateur de haut. Je suis bien droite, raide. Je place une distance entre nous avec un air assuré, alors que j'ai des plaques rouges sur la poitrine, les mains qui tremblent, les yeux qui valsent. On ne t'a jamais dit que tu es assez froide, presque hautaine ? Non. Ah si, ça c'est tout Lise ! Elle est insolente. Mais c'est comme ça qu'on l'aime. Je ne montre pas d'enthousiasme non plus, on voit que je suis là parce qu'il le faut. Je devrais y mettre plus d'amour. En fin de compte, je n'ai pas confiance en moi. Cette assurance que j'affiche cache en réalité une grande fragilité.
C'est moi, ça ? Elle m'a analysée, disséqué le crâne, passée aux rayons X. Ah, les oraux blancs devant une vingtaine de personnes ! "On aurait du lui demander si tous les profs font la psychanalyse le jour du bac." J'en suis ressortie complètement vidée (au sens propre du terme, au vu de mon tee-shirt...). Elle dit que je dois être comme au théâtre, quand je me lâche complètement, que je ne dois pas être coincée. Son speech sur ma personnalité multi-facettes a duré presque aussi longtemps que ma présentation. Et à la fin elle m'a dit "Je te mets un 16."
"Pardon ?!" "Ben quoi ? Bon, c'est parce que je te connais. Tu veux que je te donne la note que je t'aurais mise si je te connaissais pas ? Allez, 14 pour le côté coincé."
Pendez-moi, mon insolence me perdra.
Samedi 11 avril 2009 à 12:15
J'ai réussi à dégoter un piano, et j'ai rentré le morceau, enfin. La suite devient ardue pour mes pauvres petits doigts. Mais je vais continuer. Je commence à avoir quelques réflexes. J'ai passé l'après-midi d'hier un mouchoir scotché au nez. Enfin. Des centaines de mouchoirs, empilés dans les poches de la robe de Diane. Quelques heures à valser dans les bois en s'écorchant les pieds. Une bonne journée, en somme. Jusqu'à ce que la rancoeur des uns et des autres m'explose à la figure. Les gens, vous pensez des trucs terriblement faux à mon sujet. Vous vous contredisez les uns les autres et je ne sais plus où est la vérité dans tout ça. Et moi je suis très loin de la détenir. Mais voyez-vous, en cours de rédaction de cet article, j'ai retrouvé le sourire. Il y a au moins une personne qui rit de mes exploits. Un Grand Esprit qui m'épatera toujours.
Vendredi 3 avril 2009 à 20:12
Il y a eu l'exercice qui diffère, inattendu, à la place des habituelles répétitions. Seule sur ma chaise face à eux, dont deux revenants. Il y avait leur huit paires d'yeux vrillés sur moi, et le renfort, et plus que sept paires d'yeux. Jusqu'à ce qu'il n'y en ai plus que trois, que je me sente de plus en plus forte, de plus en plus assurée et puissante. Elles se serraient, c'était un feu d'artifice vampirique, avec les grands yeux bleus de Camille, les cheveux prunes d'Erika et son pull de la même couleur, les sombres yeux bruns d'Ade et ses cheveux foncés, pas de sourires, braquées sur moi. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus que Camille, que la tension entre elle et moi soit à son comble, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus soutenir mon regard. "Qu'est-ce que vous avez ressenti ?" Lise. Impressionante."Et je repartais avec un nouveau bagage d'assurance, du genre qui vous donne envie de vous tenir droite, de vous sentir belle et de marcher la tête haute. Il y a eu les coïncidences parfaites. Il y a eu une soirée au théâtre en tant que spectateurs ; il y avait un an, à la même heure, c'était nous sur la scène du Relais. Il y a eu aujourd'hui la rencontre du metteur en scène, à la maison, les questions préparées en cours et puis la suite. J'ai refusé d'accompagner Ade tant que je ne savais pas ce qu'on attendait de nous. Il y avait tous ces crétins dans la salle, et ce n'est déjà pas toujours évident d'improviser entre comédiens... Il s'agissait d'interpréter une des scènes vues hier soir, texte à l'appui. On devrait embaucher Benoît. Mais Lise, pourquoi tu n'y vas pas ? C'est bien vrai, après tout, pourquoi ? Ce ne serait pas normal que le regard des autres me retienne ici. Cette forme de courage... Alors j'ai attendu le regard de Quentin. Très bien, merci. Quelqu'un d'autre maintenant ? Nous avons souri. Oui ou non ? Allez c'est parti. Le metteur en scène choisissait la scène pour nous. Merde, y a du monde. Je les vois pas et je veux pas les voir. Quentin, je tremble. Et nous étions là, sur notre scène, Le Roi se meurt à la main. Et il a déployé tout son talent, et il a été parfait, et durant cinq minutes, le public n'existait plus.