Un nouveau dieu est entré dans mon Panthéon : Philippe Djian. Après l'heureuse découverte samedi dernier de l'existence de la suite de 37°2 le matin dans la bibliothèque familiale, je me suis empressée de finir Trente-sept-deux (comme on dit chez nous) et d'entamer Maudit manège. Chaque soir en rentrant du lycée, c'est la première chose que je faisais : je chopais mon bouquin. Je faisais tout en lisant et je me plantais dans le fauteuil jusqu'au dîner. Maudit manège est plus sombre, le narrateur y est plus sérieux, mais il s'exprime toujours de la même manière si savoureuse. Les pages que j'ai cornées dans Maudit manège renvoient plus à des vérités qu'à des passages particulièrement hilarants, comme c'était le cas quand je marquais les pages de Trente-sept-deux. Certains passages me rappellent moi-même, ou des situations avec les personnes qui m'entourent. Peut être que je les citerais de temps en temps. Je ne peux pas les laisser dans l'ombre.
"Comme par miracle, elles ont retrouvé un vieux paquet de gâteaux secs dans la boîte à gants, elles avaient les rouges et le sourire du Père Noël et que je te pousse des OH et des AH et que je t'écrase les petites galettes en mille miettes et que je t'en balance des poignées entières en plein ciel.
Je me suis assis dans la voiture en laissant la portière ouverte, les deux pieds dehors et je me suis fumé une cigarette sans âme pendant que les petits moineaux rappliquaient et atterrissaient dans la neige comme s'il en pleuvait.
Eddie avait rejoint les filles et je les regardais en train de rigoler et balancer des tonnes de nourriture sur le crâne des petits malheureux, j'imaginais que chaque miette représentait l'équivalent d'un steak saignant garni de frites et peut être qu'on pouvait les tuer en faisant un truc comme ça, il y en avait pour s'envoyer quinze ou vingt plats d'affilée et qui en redemandaient.
- Joyeux Noël, les gars... ! braillait Eddie. Allez, ramenez-vous mes petits potes... !!
Il y en a un qui s'est pointé bien après les autres, je l'ai vu arriver du fond du ciel et renverser la vapeur sans hésiter, les deux pattes en avant. Il s'est posé un peu à l'écart des autres, sans s'intéresser à ce que fabriquaient les copains et il s'est mis à regarder ailleurs pendant que les steaks continuaient à dégringoler dans son dos. J'ai pensé que c'était peut être une espèce d'idiot du village et qu'il lui faudrait un moment avant de comprendre ce qui se passait."
Je me suis assis dans la voiture en laissant la portière ouverte, les deux pieds dehors et je me suis fumé une cigarette sans âme pendant que les petits moineaux rappliquaient et atterrissaient dans la neige comme s'il en pleuvait.
Eddie avait rejoint les filles et je les regardais en train de rigoler et balancer des tonnes de nourriture sur le crâne des petits malheureux, j'imaginais que chaque miette représentait l'équivalent d'un steak saignant garni de frites et peut être qu'on pouvait les tuer en faisant un truc comme ça, il y en avait pour s'envoyer quinze ou vingt plats d'affilée et qui en redemandaient.
- Joyeux Noël, les gars... ! braillait Eddie. Allez, ramenez-vous mes petits potes... !!
Il y en a un qui s'est pointé bien après les autres, je l'ai vu arriver du fond du ciel et renverser la vapeur sans hésiter, les deux pattes en avant. Il s'est posé un peu à l'écart des autres, sans s'intéresser à ce que fabriquaient les copains et il s'est mis à regarder ailleurs pendant que les steaks continuaient à dégringoler dans son dos. J'ai pensé que c'était peut être une espèce d'idiot du village et qu'il lui faudrait un moment avant de comprendre ce qui se passait."