Je suis tombée dessus par hasard en farfouillant - une fois n'est pas coutume - dans le rayon V des romans du CDI. Je m'ennuyais alors je n'avais rien trouvé de mieux à faire que de parcourir les étagères et j'ai eu l'idée de chercher L'Ecume des jours de Monsieur Vian. Arrivée dans les V, je me suis d'abord amusée à repérer tous les Van Quelque chose, et paf, le nom connu m'est apparu : Van Cauwelaert. Mon pote Didier Van. Je n'avais lu que deux de ses oeuvres mais je les avais adorées, je me suis donc dépêchée d'emprunter ma trouvaille sans même regarder le titre ni le résumé. Une fois en ma possession, je l'ai considéré d'un peu plus près : Vingt ans et des poussières, l'année du bac, une troupe de théâtre. J'ai souri ; c'était assez beau pour être vrai. J'ai cherché une date : édité en 1982. Son premier roman. Une fois ma lecture du moment achevée, je me suis empressée de l'entamer :
"On imagine les rapports entre un écrivain qui n'écrit rien et une comédienne qui ne tourne pas. Sandra a dix-huit ans et ses parents sont photographes. La seule figuration qu'elle ait faite, jusqu'à présent, c'est la lettre F du Petit Larousse. Le fromager est un arbre d'Afrique, géant, de la famille des malvacées. Sur la photo on la voit, toute petite près d'une racine, pour bien montrer la taille du fromager. Un jour, peut-être, elle crèvera l'écran. En attendant elle est interne, passe son bac dans un mois, et il faut une loupe pour la reconnaître.
Elle est belle, joyeuse, inactive, son insouciance lui tient lieu de talent, et elle déclare à tous les vents qu'elle ne fera jamais rien d'autre que du cinéma. On la plaint, on l'envie, on l'admire. On dit qu'au moins, elle a un but. Dans un monde d'inquiets besogneux, déguiser sa flemme en vocation est le seul moyen d'avoir la paix."
Et j'étais déjà morte de rire dans ma tête. Tout le bouquin est narré de cette manière. Ca ne ressemble pas au Van Cauwelaert que je connaissais, mais ça me plaît tout autant. C'est frais, c'est objectif et en même temps ça en dit tellement. Il y a même un personnage qui parle du potlatch ! Pour une liste de coïncidence, ç'en est une belle. Je crois que c'est un style qui peut ne faire rire que moi, comme les gros plans sur les moutons dans les films de SVT. Quand on regarde des films en SVT, j'ai beaucoup de mal à garder mon sérieux, tandis que toute la classe reste flasque. Il faut d'ailleurs que je parle d'un autre humour encore, dans un autre article. Mais fermons la parenthèse, revenons à l'encre, au papier et au génie de Didier Van.
"On est montés dans la Mustang, il a démarré, je lui ai expliqué les vitesses. On est rentrés dans un buisson, puis on a allumé les lumières et c'est allé mieux."
"On imagine les rapports entre un écrivain qui n'écrit rien et une comédienne qui ne tourne pas. Sandra a dix-huit ans et ses parents sont photographes. La seule figuration qu'elle ait faite, jusqu'à présent, c'est la lettre F du Petit Larousse. Le fromager est un arbre d'Afrique, géant, de la famille des malvacées. Sur la photo on la voit, toute petite près d'une racine, pour bien montrer la taille du fromager. Un jour, peut-être, elle crèvera l'écran. En attendant elle est interne, passe son bac dans un mois, et il faut une loupe pour la reconnaître.
Elle est belle, joyeuse, inactive, son insouciance lui tient lieu de talent, et elle déclare à tous les vents qu'elle ne fera jamais rien d'autre que du cinéma. On la plaint, on l'envie, on l'admire. On dit qu'au moins, elle a un but. Dans un monde d'inquiets besogneux, déguiser sa flemme en vocation est le seul moyen d'avoir la paix."
Et j'étais déjà morte de rire dans ma tête. Tout le bouquin est narré de cette manière. Ca ne ressemble pas au Van Cauwelaert que je connaissais, mais ça me plaît tout autant. C'est frais, c'est objectif et en même temps ça en dit tellement. Il y a même un personnage qui parle du potlatch ! Pour une liste de coïncidence, ç'en est une belle. Je crois que c'est un style qui peut ne faire rire que moi, comme les gros plans sur les moutons dans les films de SVT. Quand on regarde des films en SVT, j'ai beaucoup de mal à garder mon sérieux, tandis que toute la classe reste flasque. Il faut d'ailleurs que je parle d'un autre humour encore, dans un autre article. Mais fermons la parenthèse, revenons à l'encre, au papier et au génie de Didier Van.
"On est montés dans la Mustang, il a démarré, je lui ai expliqué les vitesses. On est rentrés dans un buisson, puis on a allumé les lumières et c'est allé mieux."