Vendredi 18 juin 2010 à 19:35

Quand j'ai allumé mon portable, j'ai vu la date : dix-huit juin. Très souvent, j'ai l'impression que la date sonne comme un événement particulier. J'ai vite saisi : l'appel du Général de Gaulle. (A la relecture, dit comme ça, on dirait que c'est De Gaulle qui m'appelle sur mon portable. Mais bon, vous avez compris). Dans le bus, j'ai entendu quelqu'un demander en quel année c'était, on lui a répondu "en quarante". Et j'ai eu l'illumination (je vous jure que je n'avais aucune source, comme à mon habitude au courant de rien, ne lisant pas le journal, ne regardant pas la télé et n'écoutant pas la radio), merde, c'est le soixante-dixième anniversaire de l'appel du dix-huit juin. Ils seraient capables de nous coller De Gaulle en épreuve courte. En arrivant au lycée, j'ai demandé aux gens s'ils étaient au courant que c'était le soixante-dixième anniversaire de l'appel de De Gaulle, évidemment tout le monde le savait.
- N'empêche que là, on part tous du principe qu'on aura une majeure en Histoire. Si on a une majeure en Géo, on s'fait baiser.
- Ouais !
, ils ont tous approuvé.
- Mais alors bien profond.
Le moment tant attendu est venu de recevoir les sujets retournés sur notre table. Par transparence, j'ai vu que la dernière feuille était un document. Pas de carte. Merde de merde ! Nous nous sommes tous regardé d'un air alarmé. "Vous pouvez retourner les sujets". Evidemment nous avions déjà compris la blague, mais au moment où tout le monde a tourné sa première page pour lire "Première partie, Géographie", il y a eu une vague de soupirs monumentale dans la salle, et je crois que si nous avions eu le droit de parler, nous aurions crié. Entubés jusqu'au cou. Certes, mon prof ne s'était pas trompé au sujet de la Méditerranée, peut être en ensemble documentaire ou en carte. Mais pour le reste, il n'avait fait que des pronostics pour une majeure d'Histoire, et les sujets me plaisaient particulièrement. Je savais pertinemment que c'était une erreur de partir du principe que l'Histoire serait en épreuve longue, mais quand même. Et c'est donc la Géo qui est tombée. Quand mon prof de la-dite matière est entré dans la salle avec un sourire niais, je l'ai fusillé du regard. Enfin, disons plutôt que je lui ai lancé un regard outragé et j'ai fait un signe de tête vers les sujets avec l'air de dire "Bah bravo !", et il m'a rendu mon regard, assez interloqué. Puis j'ai ri ironiquement et je suis retournée à mes réflexions. Peu après je me suis dit qu'il n'avait pas mérité mes foudres, après tout ce n'était pas sa faute si la Géo avait été tirée au sort, mais quand même, fallait pas nous donner autant de jolis pronostics en Histoire. Nous sommes des assistés naïfs.

Si je peux parler d'autre chose que du bac, je vous recommanderais chaudement de ne jamais essayer de griller du pain d'épice. C'est une abomination.

Jeudi 17 juin 2010 à 21:52

- On est dans les mêmes salles que pour le brevet blanc ?
- Le BAC blanc, Lise.
- Ah oui merde, désolée je viens de me faire un revival.

Je m'étais rendue compte hier soir qu'il y a trois ans, le weekend avant mon brevet, j'étais allée à Paris voir Muse en concert, alors que pour le bac, je révise tristement jusqu'au bout. Et ce matin à l'arrêt de bus j'ai entendu qu'une fille était allée à un concert de Muse récemment. Et comme je n'avais pas mon mp3 dans le bus, j'ai écouté la musique de mon portable, chose que je n'avais pas faite depuis longtemps, et l'aléatoire m'a fait tomber sur de vieilles chansons de Muse que je n'avais pas écoutées depuis un moment, précisément les deux plus puissantes du fameux concert du 23 juin 2007. Ca m'a envoyé des frissons partout et des sursauts miniatures sur tout le trajet. J'ai réalisé qu'il faisait le même temps qu'au brevet. Et je crois qu'à ce moment là, j'ai pris la mesure du temps qui s'est écoulé depuis et de tout ce qui s'est passé en trois ans. Je me suis dit qu'il fallait vraiment pas que je pleure avant même d'avoir commencé ma première épreuve du bac. Surtout que j'étais en pleine forme.
Nous avons débarqué avec nos sourires et sommes repartis de la même manière. Bah, la philo. C'est pas ce qu'il y a de plus déplaisant. Et j'étais vraiment, vraiment contente des sujets. Pas de dissertation sur la vérité, en voilà une bonne résolution ! J'ai choisi le bonheur. Ah, Epicure ! Qu'est-ce que je ne suis pas d'accord avec lui mais qu'est-ce qu'il est pratique, ce mec ! Vraiment facile d'utilisation, je ne sais pas dans combien de dissert' je m'en suis servie.  Mais les pronostics ne sont pas pour moi, quand on me demande "Alors ?", je réponds : "Ca allait, mais on verra.". Concernant l'histoire-géo, je prie pour une majeure en histoire, et je prie cent fois plus pour qu'il y ait une compo sur les grand modèles idéologiques pendant la Guerre Froide. Ce serait le pied. Mais faut pas en demander trop à l'histoire géo. Comme dirait mes parents, "Ca sert plus à rien de réviser la veille !". Oui, mais.

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Cette photo est la suite logique de celle de l'article précédent.

Mercredi 16 juin 2010 à 19:34

J'ai regardé deux épisodes de Twin Peaks l'autre soir, Blue Velvet m'avait donné une soif de Kyle-par-Lynch difficilement tarissable, il m'en fallait encore, même moins jeune et moins beau. Et je suis tombée pile sur les épisodes de révélation du meurtrier, vive l'agent Cooper. J'ai beaucoup rêvassé ces derniers jours, l'isolement ne m'arrange pas, je perds mes repères et je me vide. Alors je remplis ce vide avec des images entièrement fabriquées par mon cerveau, et à force je finis presque par y croire. J'aime pas trop ça. J'ai chanté Blue Velvet pendant deux jours, et maintenant j'écoute des chansons cachées de Muse qui s'enfoncent dans ma peau. Hum, à part ça je lis mon deuxième Irving, Une veuve de papier, qui me donne envie de me coller dans un fauteuil avec le bouquin sur les genoux à longueur de journée, mais je ne le fais pas parce que je suis raisonnable. Irving a du découvrir l'amour - c'est-à-dire la sexualité - avec une femme qui aurait pu être sa mère, c'est pas possible autrement, ça fait déjà deux personnages à qui ça arrive. Les thèmes récurrents dans les deux bouquins que j'ai lu de lui sont : le dépucelage d'un jeune garçon par une femme mûre, l'amour des femmes plus âgées qui va en découler, l'université d'Exeter, la romancière et ses romans racontés à l'intérieur du roman, l'enfant abandonné par un de ses parents, le récit de la vie du héros de l'enfance à l'âge adulte. Y a de quoi en tirer de sacrées conclusions. Après un test capillaire aux effets indésirables, j'ai donné une bonne raison à mon frère de m'appeler Mouton. C'est tout. Ah non, c'est vrai, j'ai ma première épreuve de bac demain.

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Lise révise sa philo.
Désolée pour cette vision d'horreur, je n'ai pas résisté à partager avec vous mon look de plouc spécial révisions. Et on a trop la même tête, quoi.

Lundi 14 juin 2010 à 16:47

Hier, je faisais défiler la liste des blogs à l'affiche pour voir si j'en faisais partie (c'était le cas), et l'aperçu d'un blog a accroché mon regard. En bannière, il y avait une photo issue d'un film - ça se voyait - avec un type désinvolte en train de passer le tuyau d'arrosage. J'ai cliqué pour voir ça en grand, et j'ai passé en revue tous les habillages du blog jusqu'à trouver le bon. Le type-au-tuyau-et-aux-lunettes-de-soleil ne me disait rien. J'ai quitté le blog.
Hier soir, nous avons enfin regardé Blue Velvet, depuis le temps que je voulais le voir. Et si je voulais le voir, c'était pour deux raisons : David Lynch, et puis Kyle, encore plus jeune que dans Twin Peaks. Quand j'ai vu sa tête, j'ai tout de suite eu envie de voir le film. Et donc je l'ai regardé hier soir. Et au tout tout tout début, il y avait un vieux en train d'arroser exactement le même jardin que celui que j'avais vu en photo le matin même sur un blog. J'ai tout de suite compris que le type de la bannière que je n'avais pas reconnu (honte à moi, vraiment), c'était Kyle. La fin du film m'a donnée raison. Et évidemment je me suis régalée tout du long. Dieu que cet homme était beau !
Tout ça pour dire que, des fois les coïncidences, c'est vraiment très fort. Et ça arrive très souvent, cf l'histoire de la procrastination.

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I wore blue velvet
Bluer than  velvet were my eyes.



Mardi 8 juin 2010 à 22:42

Si je résumais, je pourrais dire que mes TP-bacs ne se sont pas parfaitement bien passés, mais qu'au moins j'ai eu la chance de ne pas tomber sur les sujets que j'avais (par erreur) oublié de réviser, ni sur ceux que je n'avais pas compris/cherché à comprendre - rayer la mention inutile -, ni sur de la chimie qui aurait nécessité que je fasse la vaisselle avec un pansement au bout de mon pouce gauche ensanglanté. Je dirais aussi que l'épreuve s'est terminée à midi trente-cinq, du coup je n'ai quasiment pas eu de pause avec les autres, à part le temps de manger avec Céline et de discuter vite fait des TP avec Diane. Puis je me suis retrouvée seule. Et ça m'a tapé franchement sur le système de venir au lycée et de ne voir personne. J'ai planté ma tête dans mes bras jusqu'à ce que Benoît me propose d'aller faire un tour. J'ai sorti mes yeux explosés et tout barbouillés de noir, qui ont séché dans le vent. Je ne les ai pas essuyés, tant pis. Benoît m'a parlé du nouveau privilège qu'il venait d'acquérir en jouant de l'orgue à un mariage dans la collégiale de notre bon vieux Thann.

Finalement je ne vais pas résumer (mais ça je le savais depuis le début). Quand la question s'est posée de pousser la promenade plus loin ou non, Benoît a proposé :
- Si t'es d'accord, moi ça me dirait bien de...
- ... aller à la collégiale et jouer de l'orgue ? Super, on y va !

Et c'est comme ça que nous nous sommes mis en chemin pour une des merveilles de Thann, pays béni, en priant pour qu'il obtienne effectivement les clés. Ca ajoute tout de suite quelque chose au paysage de marcher vers la collégiale en sachant qu'on va y entrer et monter à la tribune. Il fallait d'abord passer par le presbytère pour récupérer les clés. Sauf que la gentille dame qui assurait la permanence (et qui n'avait pas de bras gauche, soit dit en passant) ne possédait pas les clés elle-même, elle n'était que concierge, et le curé n'était ni présent, ni joignable. Heureusement, elle avait encore une information qui pouvait nous être utile : "Au crédit Mutuel d'en face, il y a notre organiste habituel, Monsieur Machin, qui travaille. Vous pouvez toujours aller voir avec lui." Et voilà comment nous sommes partis à la recherche d'un organiste dans une banque en vue de récupérer une clé. Pendant tout ce temps je n'ai pensé qu'à William Burns. Le pompon, c'était le design du Crédit Mut. J'ai cru que je changeais de monde quand j'ai passé les portes (le grand hall donnait beaucoup plus l'impression d'être dans un centre commercial en ville que dans une vieille maison dans le quartier historique de Thann), et quand j'ai vu l'accueil, j'ai cru que j'avais atterri dans un vieux film de science fiction. Et je n'exagère pas, c'est vraiment l'effet que ça m'a fait. A-t-on idée de créer des bureaux de cette forme, surtout quand la madame qui est assise dedans a une tête toute ronde et un maquillage un peu trop prononcé ? Enfin, toujours est-il que quand Benoît lui a dit qu'il voulait parler à Monsieur Machin, et qu'en fait c'était à propos d'une clé pour l'orgue, la dame a dit "Oui" comme si c'était un des services habituels proposés par la boîte. Il a fallu patienter un peu et quand on s'est dit que ça ne valait peut être pas le coup de déranger Monsieur Machin dans son travail, la dame nous a dit que c'était bon, qu'on pouvait aller dans le deuxième hall, qu'il nous attendait probablement. C'était blanc, vert, en verre, et silencieux. Monsieur Machin a placé un "Oui" tous les trois mots de Benoît, et n'a pas posé la moindre question avant de détacher la clé de son trousseau et de la lui donner. Nous sommes sortis de là en bondissant tellement c'était difficile à croire. Benoît m'a conduite dans la collégiale et a ouvert une porte minuscule qui menait à un escalier en colimaçon encore plus minuscule, et j'étais comme une gamine dans un château de princesse. Nous sommes arrivés sous les combles de la collégiale (qui ressemblaient, à cet endroit-là, au grenier de Diane), puis, après ouverture d'une autre porte, nous nous sommes retrouvés à la tribune, au pied de l'orgue, en face d'un immense Jésus, à vingt-deux mètres au-dessus du sol. Benoît a enlevé le tissus rouge du clavier, je me suis installée sur une chaise placée derrière lui sur la gauche, et il a démarré avec la célèbre Toccata de Bach (je n'ai aucune idée de comment écrire correctement Johann Sebastien). Et à partir de là, il est inutile de dire que je suis restée scotchée sur ma chaise avec un sourire béat, les mains collées à la paroi pour sentir encore mieux les vibrations, les yeux grands ouverts passant du clavier à la neffe. Jouissance auditive, j'ai défini. Mais en fait on ne peut s'arrêter à la simple idée d'audition puisque les vibrations pénètrent tout le corps. Je lui ai demandé New Born. Lui ai vite fait une démonstration de la mélodie avec l'orgue en mode silencieux - si je puis dire -, puisque les bancs commençaient à accueillir quelques dames d'un certain âge. Puis il a envoyé New Born à cinq claviers résonner contre les murs de la collégiale, et ça, je peux vous le dire, c'était un moment vraiment extatique. Benoît a joué un dernier morceau, puis l'heure de partir est arrivée, et il commençait à y avoir vraiment beaucoup de monde en bas. Nous avons redescendu les escaliers en colimaçon de château fort, avons fermé la porte a clé derrière nous, en tournant le dos aux gens amassés dans l'église. Nous sommes sortis aussi vite qu'il l'était décemment possible, sans un regard vers l'intérieur. Sitôt de retour à l'air libre, nous avons détalé comme des lapins en riant.

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