Dimanche 11 mai 2008 à 18:56

En deux jours j'ai réalisé deux rêves. Le premier, c'était mon fantasme photographique. Le p'tit arbre sur la route du lycée. Celui que je vois deux fois par jour, cinq fois par semaine, et qui m'a tapé dans l'oeil dès le début de l'année scolaire, triangulaire sur sa petite colline. Tout au long des saisons, j'ai vu son feuillage changer de couleur, puis tomber, puis ses branches se recouvrir de neige, et réssuciter. J'me disais "Quand j'aurais le permis, j'irai le prendre en photo par tous les temps." Je n'ai pas eu besoin d'attendre deux ans et demi. Luc m'a fourni l'opportunité. On a d'abord mangé comme des gros (tiramisu-thé-p'tits gâteaux) et je l'ai entraîné là-bas, dans les hautes herbes au coucher de soleil. On a fait l'aller-retour rien que pour avoir la lumière. Et je n'ai pas été déçue. Pause thé dans les prés. Faut-il vraiment un endroit pour siroter son thé ? L'idée était absurde, et c'est cela qui nous a plu.

Samedi 10 mai 2008 à 9:35

Passage éclair, juste pour remercier Luc de cette superbe séance photo d'hier, avant de passer à la suite du programme.

Les photos ratées ne sont pas toujours à jeter.

Dimanche 27 avril 2008 à 16:33

J'ai déjà vu un nombre impressionant des mêmes, ou presque, photos des escaliers de Montmartre. Qui plus est, en noir et blanc la plupart du temps. Moi, quand j'y étais, y avait des gens sur les escaliers, alors j'ai pas fait la photo traditionnelle. Comment ont-ils fait, les autres, pour cueillir Montmartre sans touristes ? Bonne question. Ben moi comme je suis en voyage à Embrun (vous l'aurez compris) je vous laisse un souvenir d'un autre voyage. Un voyage à Paris. Une photo de Montmartre. Mais au-dessus des escaliers. Mais vraiment juste un tout petit peu au-dessus. Et en couleurs.

Dimanche 27 avril 2008 à 16:20

18h30 Pour une fois, la famille givrée est en cambuse et en totalité. Vati :

- J'ai un truc pour te remonter le moral, Georgia...

Je décoche le zieutage à Mutti, qui le renvoie au père de famille mit remontrance intégrée et icelui poursuit de la sorte :

-          Bien que… que tu n'en aies pas besoin. Mais… j'ai une grande nouvelle ! Maisie s'est remise au tricot ! Et je crois que tu trouveras un joli présent plein d'attention dans ta chambre. En ce qui me concerne, je ne sais pas comment j'ai fait jusqu'ici pour vivre sans …

Vati exhibe alors ses nougats. Ce qui aurait du être ses nougats, en fait. Mais voilà qu'à la place, l'homme est pourvu d'une seule et même chaussette grand format à double contenance de peton. Un couvre-pied à usage de bassinoire taille géante dans des tons subtils de violet et de jaune. Mutti s'en sort mieux avec un étui à poudrier au point mousse. Du moins c'est ce que je me dégoise avant qu'elle ne me montre son débardeur au crochet. Icelle :

-          Je le trouve très… euh… Je crois que je le mettrais plus tard.

Mézigue :

-          Surtout pas.

Mutti se carapate à la cusine en s'esclaffant. Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi tout un chacun est en méga joyeuseté ? Je mettrais ma caboche à la tenaille que le couple est en état d'ébriété. A moins qu'il ne soit déjà gagné par la sénilité. Trop top. Pile poil au moment où j'aurais l'âge requis pour résider dans mon super appart à Notting Hill, Mutti et Vati commenceront à se faire raccompagner par la maréchaussée pour cause d'infraction à base de pique-nique en plein carrefour. Justifiée par leur désir de se faire écraser leur manger en purée par les autos. Noooooooooooooooon. Tais-toi cerveau. De toutes les manières, je ne me soucierai guère de mes vioques que je serai en vieillerie, vu que je me serai consacrée à Notre Seigneur et j'aurai voté domicile dans un monastère homosexualiste où je passerai mon temps à tripoter mes merles… euh, mes perles.

En chambre, Dix minutes après Trop le ravissant. J'en rêvais. Et tellement ad hoc pour la saison estivale caniculaire. Comment se fait-ce que la fiancée de mon Grand-Vati connaisse ma taille de caboche en vue de me tricoter un passe-montagne ?

Cinq minutes après La réponse est : elle n'en a pas idée. Par ailleurs, ôtez-moi d'un doute, le passe-montagne n'est-il point percé d'un orifice permettant à la figure d'apparaître au balcon ? Sinon, ce que la tricentenaire a tricoté n'est pas un passe-colline, mais une chaussette de citron. N'empêche, je ne laisserai nul quidam prétendre que je ne sais profiter des joies de la vie.

Une minute après Je descends cahin und caha au rez-de-rue mit ma chaussette de tête enfilée dans le but de montrer mon ravissant cadeau à mes géniteurs. Mutti :

-          C'est l'intention qui compte.

Mézigue :

-          Je suis au sent-bon. C'est pourquoi, je compte bigophoner aux autorités sur-le-pré. Tout individu cogitant telle Maisie devrait être mis aux arrêts de rigueur afin d'éviter l'estropiage de prochain.

Je retire mon passe-muraille bidon et découvre que Mutti a revêtu son débardeur au crochet. Par dessus son soutif ! Les trous dans la tricoture sont à ce point vastes que l'intégralité d'un nunga-nungas maternel pointe par une affranctuosité. C'est vous dégoiser la vastitude.

-          Connie, ma chérie, tu es irrésistible ! lance mon Vati en bondissant sur « son » pied dans le dessein de rejoindre sa conjointe sur le mode sautillement, avant de s'écraser sur icelle avec fracas. Le trop dégueu. En retournant dans l'entrée, j'avise Libby exhibant ses toutes nouvelles chaufferettes d'esgourdes tricotées paluche, portées sur les mirettes.

-          Bien chaud, bien chaud, roucoule l'enfant.

On sonne à la lourde. Mutti :

-          Gee, réponds s'il-te-plaît ! Ton père s'est à nouveau fait mal au dos.

Tu m'étonnes. Ouverture de porte. C'est oncle Eddie. On n'a pas fini de se poiler. Son crâne plus dégarni que la boule de billard manque m'éblouir au clair de lune et l'homme est habillé de peton en cap en similicuir. Le look idéal pour une tête d'œuf. Il me trifouille la perruque et me sort :

-          N'avale jamais rien de plus gros que ta tête !!!

Puis il court rejoindre les autres siphonnés au salon d'une guibole vacillante.

En cuisine. Intrusion de Mutti venue procéder au ravitaillement en vino tinto à destination des vioques en folie. Je vous ferai dégoiser que ma génitrice arbore toujours son débardeur au crochet. Je lui décoche illico le ts ts ts auquel elle me répond aussi sec par le poutou sur la joue. Allô ?

Une minute après Miracle d'entre les miracles miraculeux ! Il y a du manger ! Des macaronis au fromage. Miam, miam. Le givrage m'ouvre l'appétit. Je suis en train de me goinfrer à gogo quand j'esgourde de la « musique ». L'assemblée de siphonnés pur beurre est en pleine marrade et caquètements réunis dans le salon. Je connais par battant l'état d'esprit du moment. Dans moins de seize, vous allez voir que… Le positif, j'avais raison. Ils en sont déjà à Dancing Queen d'Abba. Quelqu'un peut m'expliquer la raison de cette allégresse effrénée ! Filez-leur un pochon en plastique multicolore et ils vous chouineront de bonheur. Et une supposition que je sois une progéniture adoptée ? Vu ma différence écrasante avec leurzigue. Hurlement vociférant de Vatti :

-          Gee, encas !

Erreur, je ne peux être adoptée. Mon Vati est bien trop le couleuvre pour remplir des paperasses. Je suis limite sur le point de regagner ma chambre quand le père de famille me sort :

-          Si tu nous apportes des encas, j'envisage de te filer deux trois biffetons.

Trois minutes après Même pas stupéfaite suis-je en entrant dans le salon de découvrir Mutti le séant posé sur les genoux de Vati, en débardeur de péripatéticienne au crochet (Mutti, pas Vati), et en présence d'oncle Eddie. Lequel, son verre posé sur le bidon, éructe ceci :

-          L'autre jour, j'étais au resto. Et la serveuse est venue me demander comment je trouvais mon plat. Elle avait ses flotteurs quasi posés sur mon épaule alors que je mangeais tranquillement.

Mézigue :

-          N'emploie pas « flotteurs » comme mot. C'est révoltant.

Tête d'œuf :

-          J'ai dit « flotteurs » par respect pour ta mère. D'habitude, je dis nichons.

Retour fissa dans ma chambre en total mal au battant.

En chambre, 20h30 Quelle sorte d'individus s'offre une soirée inopinée vicaires und péripatéticienne en milieu de semaine pour fêter la défaite de l'équipe de foot de Vati par seulement zéro but à dix ? Mes géniteurs, voilà la sorte. A propos de Vati, le voilà qui déboule dans ma chambre tel le givré violacé, en collant noir et collier de canidé ! […] Tout de suite derrière sézigue apparaît oncle Eddie, également en collant noir et T-shirt. Et Dégarni du Citron s'est dessiné une frange au crayon à mirette autour de son crâne en peau de fesse, style moine atteint de démence aggravée. Nom d'un melon transgénique ! Tête d'œuf :

-          J'ai une blague que tu vas adorer, Gee.

Mézigue :

-          Père, oncle Eddie, vous seriez trop chou de déguerpir une bonne fois pour toutes et d'aller exercer votre folie furieuse ailleurs. Persil.

Mais Pas Un Poil Sur Le Caillou persiste.

-          Bref, c'est l'histoire d'un type qui sonne chez quelqu'un en traînant une boîte derrière lui. Et il dit… et il dit…

Sur ces entre-fêtes, l'hilarité panachée de suffocation le gagne et je me vois à trois didis de lui pratiquer la célèbre manœuvre dite de Heimlich, pour laquelle je me sens particulièrement d'humeur. Attraper un quidam par-derrière et le secouer mit violence pourrait me libérer de mon trop-plein de spasme de nerf. Quelque dommage, oncle Eddie retrouve l'usage de la paroles et poursuit :

-          Bref, le type dit à la femme qui lui ouvre : « Vous êtes bien Mme Jones, la veuve ? » et la femme répond : « Effectivement, c'est moi, mais je ne suis pas veuve. » Et alors, le type lui fait : « Attendez de voir ce que j'ai dans ma boîte !!! »

Et là, Chauve Ier est obligé de s'asseoir, en proie à un rire de lycaon, mais vu l'exiguïté de ses collants, je doute qu'il puisse se relever.

22h30 La soirée vicaires und péripatéticienne se prolonge dans le jardin. L' « autorité parentale » a sorti les enceintes dans la nature et dans le but de faire profiter le voisinage de Stop Breaking my Heart de Tom Jones.

Cinq minutes après Retour de Vati dans le jardin mit gâteau surmonté d'un cierge feu d'artifice.

Une minute après Le père de famille est en plein discours factice de circonstance que, merci Notre Seigneur, je n'esgourde pas. Mais vu le tremblement spasmodique de son quintuple menton, j'en déduis que l'homme se trouve désopilant.

Une minute après Le voilà maintenant qui se penche pour allumer le cierge.

Une minute après Sonnez hautbois ! Résonnez musettes !!! Vati s'est embrasé la pilosité sub-labiale. Et la lumière fut ! Plus de problème d'endormissement pour mézigue, à présent. Je l'avoue, la vie est parfois le riante.

Jeudi 3 avril 2008 à 19:40

On se demandait si Basile allait arriver avec la voiture ou pas, qu'on ai pas besoin de trimballer notre magnifique chaise. Il est arrivé, et c'est avec joie qu'on a sorti nos affaires du coffre, sous l'objectif de Florent... "T'as oublié d'enlever le cache !" Passons par l'entrée des artistes, bienvenue au Relais, c'est grand, c'est rouge, c'est beau, c'est encore vide. C'est encore vide mais on a déjà l'impression d'être le centre du monde. On en finit pas de s'extasier devant le nombre de siège, devant la taille de la scène, les ombres nettes et sans défaut... et je ne vous parle même pas des nos loges ! On se serait crus dans un Taratata Bonus, miroirs le long des murs avec des spots et des rebords pour poser notre bordel à maquillage. Une pièce centrale avec une table qui disparaît sous la montagne de paniers-repas de la cantine, une salle de bains qui pue mais c'est pas grave, un petit salon avec le canapé qui a abrité les siestes de Jean. Grands rideaux, coulisses qui n'en finissent plus de profondeurs, et un tas de trucs indéfinissables, de câbles, et au milieu, un grand piano qui a gardé les empreintes de plusieurs paires de mains. Des scènes par-ci, des impros par-là, et Mike toujours derrière sa guitare, nous assurant une bande son qui collait toujours parfaitement à notre émotion. Un filage complet à partir de 11:00 (j'avais faim depuis 9:45) qui a duré jusqu'à 13:00, un pique-nique dans le parc, merci Baldrik pour le saucisson. Un peu d'air entre deux imprégnations de l'ambiance calfeutrée, si chaude, de la grande salle du Relais. Une répétition en conditions spectacles, quelques films et photos, des délires avec Florent, pour lequel j'ai opté pour le "tu". "Allez, ça va être super, vous verrez. Maintenant, on se repose, et on économise sa voix." Tu parles ! Au lieu de la méditation, on a choisi de danser et de crier comme des dingues. Et puis il se fait tard. On essaye le stroboscope, c'est hallucinant, et on va se préparer. Vestiaire commun "Ils sont où les gars ? Merde... c'est la même pièce. Je croyais qu'en changeant de porte j'allais changer de pièce.", maquillage, coiffage, et on parle de n'importe quoi. Ils sont pervers, ils sont scatofiles, et je les aime. "A 20:00, tout le monde est dans les coulisses, on bouge plus et on fait pas de bruit en attendant que le public s'installe." Il est 20:00. Y a une file d'attente énorme. On a déjà le coeur dans les chaussettes. Un coup d'oeil entre les deux scratchs du rideau, "Lise y a ton mec !", et ça se remplit, ça se remplit, ça se remplit, allez on se cache ou on va se faire repérer. Plus que dix minutes. On stresse tous en choeur, je sautille sur place. Les dix minutes se sont transformées en vingt sans qu'on s'en rende compte, Florent et Monsieur Delabasse n'en finisse pas de nous encourager, et ça y est. C'est l'heure. La musique monte, monte, monte, et ça commence. 

Justine et Erika s'échappent du rideau, ils sortent de partout, mes joyeux théâtreux, et ils se mettent à jouer, non pas à jouer la comédie, mais à jouer, comme des enfants, au ballon, aux Barbies, à l'élastique, à la marelle ou au loup. Je les laisse crier un peu. "Faites du bruit", c'est la consigne. Et je décide que le moment est venu. Doucement, lentement, j'entre sur scène, mon bonnet d'âne enfoncé sur les oreilles, les yeux rivés sur mes chaussures. Je serre mes mains d'enfant honteuse et le nez rentré dans mes épaules, je tourne la tête. Et le public s'étend, loin, loin, haut et on n'en voit même pas le fond. La salle est remplie. C'est pour nous. J'effectue ma traversée, et le spectacle est lancé pour de bon. De l'énergie, des couleurs, de la lumière, on est beaux et on assure. Les premières minutes sont déjà parfaites. On est déjà contents et Florent garde sa caméra rivée sur nos joies expressives. Le temps s'accélère, passe plus vite que jamais. C'est rapide, trop rapide, on savoure chaque réplique et on voit les scènes défiler. "Est-ce que nazi est là ?", mes claques font de nouveau du bruit, et je suis tellement fière d'avoir réussi que j'en oublie de sourire dès le début. On se délecte du jeu de nos partenaires, et sur scène, on prend un vrai plaisir à bondir et à crier. Les lumières là haut résonnent encore à ma rétine. "Que revienne l'arc-en-ciel", oui qu'il revienne, il a brillé si peu de temps. Mais éternellement. "Nous garderons de ces temps passés, l'ineffable nostalgie qui rattache toujours l'homme à la source perdue de son enfance." C'est fini, c'est fini, et on est heureux. Nous créons l'arc-en-ciel, on salue, les gens sont debout, ils applaudissent plus que jamais. On chante une dernière fois, et Monsieur fait son discours. Si je n'avais pas été sur scène, j'aurais laissé mes larmes couler sur mes joues. C'était merveilleux.

D'entendre vos voix, déjà je me sens mieux. De vous écouter encore, vous les théâtreux, les amis rêveurs, ça me fait rêver.

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